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Intervention de l’ambassadeur Cubain à l’UNESCO à Paris le 10 mai 2011

INTERVENTION DE L’AMBASSADEUR JUAN ANTONIO FERNANDEZ, REPRESENTANT DE CUBA AU 186ème CONSEIL EXECUTIF DE L’UNESCO. PARIS, LE 10 MAI 2011.

Madame la Présidente,

Madame la Directrice Générale,

Nous vivons dans un monde schizophrénique. C’est l’héritage du système capitaliste qui nous entraîne des crises aux guerres, et des guerres aux crises. C’est tout une spirale de violence qui se décharge toujours sur les travailleurs, les pauvres et les dépossédés du monde développé, mais aussi et surtout sur les populations du Tiers Monde.

L’orgie médiatique de ces derniers jours, depuis les frivolités de noces royales jusqu’à l’anéantissement extrajudiciaire de celui qui fut déclaré l’ennemi public numéro un dans la soi disant lutte contre le terrorisme, met en évidence dans toute sa cruauté la dictature médiatique que nous imposent les grandes corporations qui manipulent l’information et imposent le menu informatif que nous devons consommer. Elles décident ce que nous devons savoir, tout en taisant ou en tergiversant ce qu’on prétend dissimuler ou cacher.

Pendant ce temps, une coalition guerrière, avec des prétentions de gendarme mondial déclenche une guerre criminelle contre la Libye avec son corolaire de cibles sélectives et dégâts collatéraux. L’OTAN, qui viole la résolution 1973 imposée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, ne cherche que le changement de régime et le control des ressources pétrolifères de ce pays. Cuba exige qu’on mette fin à ces bombardements indiscriminés, qui touchent ses quartiers résidentiels et des installations civiles libyennes, la télévision étatique incluse. Cuba exige aussi l’arrêt immédiat de l’agression armée et la recherche urgente d’une solution pacifique tenant compte du respect total de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Libye.

L’UNESCO, qui a proclamé dans sa Charte Constitutive que « vue que les guerres naissent dans le cerveau des hommes, c’est dans le cerveau des hommes que doivent s’ériger les remparts de la paix » ne devrait pas rester silencieuse face à cette situation.

Madame la Présidente,

Madame la Directrice Générale,

Notre agenda de travail continue d’être excessivement volumineux et dispersé. Les presque deux mille pages de documents nous résultent indigestes. Trop de rapports, beaucoup d’entre eux avec un langage cryptique et auto complaisant qui distrait notre attention et nous cachent l’important du marginal.

Nous nous approchons à la conclusion de l’actuel période de deux ans, et ainsi à la moitié du mandat de notre Directrice Générale. Il faut reconnaître que la Directrice Générale a insufflé du dynamisme et du leadership dans sa gestion à la tête de l’Organisation dans sa volonté de revitaliser et dépasser la visibilité floue de l’UNESCO. Nous constatons certains succès importants : le renforcement de la priorité Afrique, des progrès dans l’égalité des genres, une certaine réduction des dépenses administratives, et une plus grande capacité de réaction face aux catastrophes comme celles de Haïti, du Pakistan, et plus récemment du Japon, un peuple avec lequel nous nous solidarisons.

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour mettre en place une profonde et nécessaire réforme qui ne peut pas se limiter seulement à des changements administratifs. Pour gagner en reconnaissance, pour rendre plus visible et crédible son action, l’UNESCO doit s’approcher plus des gens, et être reconnue au sein du territoire de son mandat pour sa contribution au développement. Nous n’avons pas besoin de continuer d’étudier la pauvreté et l’analphabétisme. Nous avons besoin d’en finir avec la pauvreté et de vaincre l’analphabétisme.

Les sujets cruciaux que ce Conseil doit examiner sont deux : la réforme, celle du dispositif hors du siège incluse, et le programme et le budget pour 2012-2013.

En ce qui concerne la réforme, nous continuerons d’insister qu’elle doit consister à déburocratiser le siège, et à renforcer les capacités et les programmes de l’UNESCO sur le terrain, ainsi que le caractère intergouvernemental de l’Organisation. Dans ce contexte, je souhaite reconnaître le travail positif réalisé para le Groupe de Travail Ad hoc de ce Conseil qui, sous la Présidence de Santa Lucia, nous présente une large proposition de réforme sur la base du rapport de l’Equipe Indépendante d’Evaluation Externe. Cuba se réjouit du caractère participatif de ce processus, et exprime son soutien au projet de décision proposé.

Au sujet du programme et du budget, nous observons une exécution globale acceptable, de l’ordre du 46%, à la fin 2010. Cependant, en détaillant les chiffres, nous constatons une inexplicable contradiction par secteur, ainsi que des dépenses toujours excessives et pas toujours justifiées en matière de personnel et de contractassions de consultants externes. Le projet du budget 2012-2013 doit prendre en compte ces insuffisances en priorisant les programmes et les activités, en diminuant encore plus les coûts administratifs, en recherchant plus d’efficacité, et aussi plus de contrôle et de transparence sur les ressources extrabudgétaires.

Madame la Présidente,

Madame la Directrice Générale,

Sans prétendre diminuer notre intérêt général pour tous les mandats de l’UNESCO, je souhaite me référer à une question essentielle.

La soi disant "priorité des priorités" , qu’est l’Education, s’affiche toujours plus dans "l’échec des échecs" . Les rapports que nous présente le secteur sont complètement divorcés de la réalité têtue de près de 800 millions d’analphabètes dans le monde dont les deux tiers sont des femmes.

Le rapport de l’auditeur externe à la Division pour la Promotion de l’Education de base (Doc 186 EX/30) confirme dans toute sa cruauté ce que Cuba ne cesse de dire de manière insistante, à savoir, que dans ce secteur les dépenses de personnel et les contrats de consultants croissent de manière exponentielle, tandis que les dépenses pour les activités diminuent d’un 36%. L’initiative LIFE adoptée en 2005, avec une crédibilité et une effectivité douteuses, se noie dans une ambigüité structurelle.

Pendant cette même période, Cuba, pauvre et soumise au blocus, avec sa méthode d’alphabétisation "Moi, oui je peux" a fait beaucoup plus que l’UNESCO à moindre coût en alphabétisant plus de 5 millions de personnes dans 28 pays d’Amérique latine, la Caraïbe, l’Afrique et l’Océanie.

Madame la Présidente,

Madame la Directrice Générale,

Il ya un an à peine nous nous sommes engagés à offrir une coopération substantielle pour la récupération et la reconstruction d’Haïti, suite au tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010. Dans son cadre de compétence, l’action de l’UNESCO fut opportune et immédiate. Maintenant que les caméras et les microphones ont abandonné Haïti, nous avons l’obligation morale de continuer et d’accroître notre coopération solidaire avec cette nation dévastée, la première à rompre avec le joug colonial et à abolir l’esclavage odieux des noirs dans l’hémisphère américain.

Engagée avec l’UNESCO et les valeurs qu’elle représente, Cuba confie dans son leadership pour le renforcement et la refondation de cette Organisation.

Merci beaucoup.

JUAN ANTONIO FERNANDEZ

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