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Guerre contre le terrorisme ou guerre contre la population yéménite mécontente ?

Interventions & Co (Counterpunch)

Comme si les interventions US en Irak et en Afghanistan n’étaient pas suffisantes pour étancher la soif de sang de l’Empire, les appels en faveur d’une guerre ouverte contre le Yémen se multiplient. La raison invoquée pour cette intervention est que l’homme qui a apparemment voulu faire exploser un avion de ligne le jour de Noël 2009 a séjourné un temps dans ce pays et qu’il aurait pu y recevoir des instructions.

Tout comme l’occupation de plus en plus sanglante de l’Afghanistan, Washington veut faire croire au monde que le fait d’attaquer un pays qui héberge des organisations déterminées à résister à la domination US fera en quelque sorte disparaître ces organisations et rendra le monde plus sûr. Ce raisonnement plutôt simpliste ignore quelques faits évidents.

Plus de huit ans de guerre et d’occupation en l’Afghanistan n’ont pas entamé la volonté des individus aux motivations politiques ou religieuses à faire sauter un avion de ligne ou d’autres structures dans leur guerre contre l’impérialisme culturel et économique des Etats-Unis. Pas plus qu’ils n’ont brisé les groupes en Afghanistan qui s’opposent aussi à l’intervention US dans leur pays. En fait, s’il faut en croire les rapports de différents services de renseignement US, ces groupes non seulement continuent d’exister mais ont opéré une mutation politique et sont au moins aussi puissants qu’avant l’invasion US en 2001.

Au cours des derniers mois, des zones du Yémen ont été attaquées par des forces soutenues par l’Arabie Saoudite alliée au gouvernement en place. Au cours des dernières semaines, les Saoudiens ont été soutenus par l’armée US. Il est certain qu’il y a plus en jeu derrière l’escalade de l’intervention militaire US au Yémen que la simple visite de l’aspirant kamikaze M. Abdulmutallab.

L’Arabie Saoudite et le Yémen du Nord se sont livrés une guerre en 1934 lorsqu’un prince allié à Ibn Saud a changé de camp pour prêter allégeance au prince yéménite Yahya. Bien que Riyad ait soutenu les prédécesseurs de la monarchie Zaydi (Zaydi Imams) face au rebelles Houthi lors de la révolution républicaine au Yémen du Nord, l’Arabie Saoudite soutient désormais les successeurs de ceux qu’elle combattait en 1962 (le régime Saleh).

Ce soutien est motivé par des aspects religieux et géographiques, parce que le gouvernement Saleh est principalement sunnite (avec un penchant wahhabite) et l’opposition est chiite. Le fait que le conflit se déroule principalement dans une province frontalière de l’Arabie Saoudite explique aussi les préoccupations de Riyad. La victoire des forces du Yémen du Nord s’est accopagnée d’une augmentation de la répression des opposants à Saleh. Les organisations de défense des droits de l’homme signalent des tortures, des déplacements forcés et des assassinats extra judiciaires. Depuis la défaite de Zaydi Imams en 1962 par les prédécesseurs de l’actuel gouvernement yéménite, la province de Sa’adah au nord-ouest a été ignorée par le régime yéménite et laissée dans un état d’abandon économique. Au cours des années, un sentiment de colère a naturellement germé. En 2004, une insurrection ouverte à Sa’adah a rappelé la province aux souvenirs de l’armée yéménite. Cette rébellion est connue comme l’insurrection Houthi, du nom de son dirigeant le religieux dissident Hussein Badreddin al-Houthi (qui, selon certaines rumeurs, aurait été tué lors de frappes aériennes US et Saoudiennes en novembre 2009).

Le Yémen du Sud était une colonie britannique jusqu’à son indépendance en 1967 après un combat mené par des révolutionnaires socialistes. Après la réunification du Yémen du Nord et du Yémen du Sud en 1990, Saleh a refusé d’accorder du pouvoir aux anciens membres de la République Démocratique du Sud Yémen en échange de leur soutien. Ceci, ainsi que la volonté des anciens dirigeants du Yémen du Sud pour une politique plus progressiste, déboucha sur une guerre civile en 1994. Le gouvernement de Saleh était militairement soutenu par l’Arabie Saoudite. En 2009, une nouvelle résistance au régime yéménite a vu le jour dans le sud, dirigée par des forces de gauche. L’armée yéménite a riposté à ce soulèvement populaire par une répression ouverte et souvent violente.

En plus de tout ceci, il faut ajouter un groupe qui se nomme Al Qaeda du Yémen (AQY). Il parait peu probable que ce groupe (s’il s’agit réellement d’un groupe terroriste et non d’une opération de manipulation psychologue) prenne ses ordres de Ben Laden ou d’un des dizaines de chefs présumés d’Al Qaeda, mais il semble raisonnable d’affirmer que ses membres sont inspirés par la philosophie et les actions de groupes connus sous le nom d’Al Qaeda. Cependant, pour les esprits à Washington et dans le reste de l’occident, et en ce qui concerne le régime yéménite, l’existence d’un tel groupe au Yémen est tout à fait utile. Après tout, si le Pentagone est prêt à escalader sa guerre de basse intensité vers une guerre ouverte au nom du combat contre le terrorisme, alors Saleh et son armée peuvent y trouver un intérêt dés lors qu’ils ont affaire à deux insurrections actuellement en cours contre le régime. En affirmant que les terroristes sont alliés d’une ou des deux insurrections, ou au moins qu’ils sont présents dans les territoires contrôlés par elles, le régime de Saleh peut orienter les frappes aériennes US vers ces zones là . Ce qui provoquera non seulement la désorganisation d’éventuelles cellules terroristes, mais aussi celle des insurrections. Si les frappes sont menées par les forces aériennes yéménites, ce sont bien des armes US qui seront bientôt employées. De plus, l’a probabilité d’attaques contre les insurrections augmentera si le gouvernement du Yémen réussit à convaincre les Etats-Unis de lui laisser la direction les opérations (sous une supervision des Etats-Unis). Naturellement, une intervention militaire à une telle échelle fera des victimes parmi la population civile, augmentant ainsi la probabilité d’alliances entre les deux insurrections et l’AQY, créant ainsi un lien bien commode entre les trois et garantissant la survie du régime de Saleh. Cette histoire me rappelle l’utilisation par Israël des armes et financements US pour écraser les Palestiniens et le marché conclu entre Washington et Musharraf du Pakistan au lendemain du 11 Septembre.

Comme l’Afghanistan, le Yémen est un pays pauvre. C’est aussi un pays politiquement instable, comme expliqué ci-dessus. Sa proximité avec l’Arabie Saoudite préoccupe Washington principalement à cause des idées que les insurrections pourraient inspirer aux masses déshéritées de l’Arabie Saoudite et déstabiliser le robinet de pétrole dont les Etats-Unis dépendent. Et comme pour l’Afghanistan, on peut dire que la meilleure chance de stabilité et de vie décente pour ses citoyens était sous le régime à tendance socialiste - un régime déstabilisé grâce à une aide considérable fournie par les Etats-Unis.

Ron Jacobs

article original http://counterpunch.org/jacobs12312009.html

Traduction le Grand Soir

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