RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Les salaires sont passés de 5 à 150 pesos par semaine, mais la protection sociale reste lacunaire dans les entreprises autogérées.

L’impératif actuel des syndicats et l’exemple d’autogestion à Bruckman

Bruckman est une des nombreuses entreprises autogérées existant aujourd’hui en Argentine. Ce mouvement de réappropriation débuté dans les années 90 à pris de l’ampleur avec la succession des crises économiques.

La défection des patrons sur-endettés a amené à la récupération, par les ouvriers, des moyens de production.

Cependant, la lutte pour obtenir l’autorisation légale de reprendre le travail sans patron est un combat quotidien dont l’issue est hautement incertaine.

En effet même si le gouvernement actuel qui est, selon Bruckman, en faveur de ces mouvements, la création d’îlots d’entreprises "anarcho-communistes" pourrait être vue comme une menace à l’orthodoxie capitaliste. Les ouvriers se sont retrouvés de nombreuses fois sous les attaques de la police voire de l’armée.

Dans un pays économiquement et socialement dévasté par les réformes menées par Menem sous la tutelle du Fmi, ces poches de résistances catalysent les luttes.
Car Bruckman comme toutes les autres entreprises récupérées (Zanon...) applique des règles de "management" qui sont à l’opposé du dogme actuel. Ici l’individu n’est pas compris comme faisant parti de la hiérarchie verticale et unilatérale (a quelque place que ce soit) mais comme un rouage indispensable d’une machine où aucun élément n’est plus important que l’autre. Ainsi personne ne choisit pour les autres, Tous travaillent ensemble afin de pouvoir vivre et travailler le plus librement possible.

Récupérée en 2001 cette factura tomada (entreprise récupérée) fonctionne de manière à ce que chacun participe à la production en fonction de ses compétences. Elle suit le principe zapatiste : "commander en obéissant" .

Ainsi chaque mois, les travailleurs se réunissent pour décider, à la majorité, du présent et de l’avenir de leur entreprise. Ces réunions sont souvent longues et très spécifiques mais sont la condition de l’égalité des travailleurs.

Néanmoins les différences de connaissances et d’engagement militant empêche d’avoir une égalité totale entre les voix, certaines personnes en influençant d’autres.

La non formation des travailleurs aux spécificités de l’entreprise ainsi qu’a la vision politique qu’elle implique sont à la base de ces différences. Toutes les sociétés "reprises" devrait donc donner une véritable éducation populaire et militante aux nouveaux arrivants. Lors de la récupération les travailleurs restés pour lutter ont du faire preuve de leur détermination à toute épreuve en enfreignant les lois, bravant la police et mettant leur vies en danger sans jamais être sûrs du résultat.

Mais cette lutte à permis, à ceux qui se sont investis, de prendre un recul considérable sur leur condition et d’acquérir un esprit militant, une raison de vivre.

Ainsi, qu’ils le veuillent ou non les travailleurs donnent leur vie à l’avancement d’une cause et d’une communauté, contrairement aux salariés du système capitaliste.

Mais cette lutte sur le long terme se heurte paradoxalement à une précarité accrue pour les salariés comme pour l’entreprise.

Tout d’abord l’entreprise (spécialisée dans la confection textile) doit faire face à la concurrence des entreprises capitalistes qui peuvent d’une part se permettre d’augmenter fortement la durée et l’intensité du travail et d’autre part de licencier plus facilement.

En outre, malgré l’augmentation des salaires après la reprise par les ouvriers (passés de 5 à 150 pesos par semaine), le manque voire l’absence dans certains cas d’une véritable protection sociale est un problème majeur pour les salariés des entreprises autogérées.

Ces nombreux problèmes se posent car Bruckman aspire à être garantie par l’Etat, seul à avoir les fonds nécessaires, puis gérée sous contrôle ouvrier.

Un autre exemple plus connu est celui de l’entreprise Zanon, dans le sud de l’Argentine, où les travailleurs, après des années de luttes contre l’Etat et la police, ont réussi à atteindre une production stable et à garantir des revenus pour tous les employés. Ils ont ensuite voté pour construire un hôpital et des infrastructures sociales et communautaires pour le quartier pauvre de la Nueva Espana.

Le rôle du patron étant devenu superficiel, (même dans le cas de l’innovation où ceux qui connaissent le mieux les machines sont finalement ceux qui les manient), son salaire ( en général le plus important quantitativement ) peut être redistribué entre les travailleurs.

Le contrôle ouvrier devrait être la première revendication des syndicats, révolutionnaires et réformistes.

Hadrien Basch

A voir :

Les documentaires de Fernando Solana
Naomi Klein The Take http://www.dailymotion.com/video/x3jtk9_the-take-1sur-5_news
The Women of Brukman, a documentary by Isaac Isitan
Article sur Wikipédia sur Zanon.
La mise à mort du travail par Jean-Robert Viallet

URL de cet article 12134
  

Même Thème
Déposséder les possédants - La grève générale aux « temps héroïques » du syndicalisme révolutionnaire (1895-1906)
Miguel CHUECA
Textes de Édouard Berth, Henri Girard, Jean Jaurès, Hubert Lagardelle, Paul Louis, Fernand Pelloutier, Émile Pouget, Georges Sorel et Henri Van Kol Réunis & présentés par Miguel Chueca La grève générale exprime, d’une manière infiniment claire, que le temps des révolutions de politiciens est fini. Elle ne sait rien des droits de l’homme, de la justice absolue, des constitutions politiques, des parlements ; elle nie le gouvernement de la bourgeoisie capitaliste. Les partisans de la grève générale (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Partout où l’antisémitisme n’existe pas, le sionisme le fabrique »

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.