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Le besoin d’un «  héros » politique

Si des l’enfance, les représentations sont tournées vers l’identification d’un héros symbolique, animé des plus belles qualités que l’on rêverait de s’approprier, elles restent constitutives du cheminement de l’adulte et du conditionnement de notre pensée ayant atteint l’âge mûr. En effet, s’identifier à des héros vivants, et bien encore plus quand ceux-ci meurent, c’est d’une part puiser des ressources dans une mémoire à travers laquelle on peut se repérer, se reconnaitre, mais c’est aussi un souvenir ou plutôt une projection du présent, voire de l’avenir, qui peut être surinvesti et servir de moyen ou de politique pour stériliser voire caricaturer les esprits.

Au regard de l’Histoire du monde telle qu’elle se décline et semble se répéter, on vit toujours à travers ce symbolisme fort de se démarquer de la cause du mal, l’ennemi contre l’absolu bien, incarné dans nos Etats par l’emblème d’un homme politique, libérateur, visant l’indépendance et le bien de son pays ainsi que de son peuple. On n’hésite pas alors à le comparer à une série de résistants, certes nobles et dont les noms méritent d’être connus et les combats étudiés.

Cependant, faire du concordisme entre les faits des uns et des autres et calquer un héros d’aujourd’hui sur ces libérateurs d’hier témoigne d’une modification de la réalité, d’une manipulation des vérités, celles notamment du peuple africain qui encore une fois, paient le prix de ce pseudo ralliement à un Homme commun, combat qui les rassemble sous une sorte d’unité nationale, ce que tentait pourtant de faire aux débuts des années de l’indépendance les partis pantins mis en place en sachant que cette unité avait pour but d’instrumentaliser, d’asservir et bien au contraire d’assoir sous le principe d’unité, celui de pouvoir Unique. C’est aujourd’hui les pro « héros », c’est-à -dire ceux qui se réclament aujourd’hui les défenseurs de ces symboles humains qui usent aussi de cette stratégie, en faisant de celle ci la seule sortie de crise possible de la misère nationale.

Prendre l’exemple du président élu par l’assemblée constituante de la côte d’Ivoire, à savoir Laurent Gbagbo ne semble pas trahir le fond de cette pensée. Il devient aujourd’hui pour de nombreux ivoiriens, africains et désireux de l’indépendance le symbole de la victoire, de la résistance la plus ardue, puisqu’on n’hésite pas à le comparer à Sankara, Lumumba, etc. … et le seul espoir pour sortir de la crise semblerait sa réintégration au pouvoir. Il ne s’agit aucunement de cautionner par ces propos, l’autre candidat, Ouattara, pantin corrompu de l’Occident, mais seulement de dire que trop souvent, c’est la politique de l’affectif qui laisse peu d’interrogations à ce qu’on a tout de même le droit de se demander. En effet, pourquoi, lors de l’invasion de la Force Licorne en 2004 sous le gouvernement de Chirac, lorsque l’armée française a fait son sale boulot d’éradication de la gente noire, ne nous interrogeons nous pas sur le rôle de notre héros Gbagbo à ce moment là et se demander où étaient ses forces pour protéger les victimes disparues, ne serait-ce que de tenter de sauver le peuple qu’il est censé défendre. Qu’on veuille de lui n’est pas ce qui est néfaste, mais ce qui l’est, c’est d’être obnubilé par le manque d’objectivité que nourrit la création d’un héros.

Ce qui se joue sans arrêt, c’est ce double rôle incessant d’accusation permanente de l’ennemi, en l’occurrence la France, responsable de ce massacre et de l’autre, l’idolâtrie constante d’un symbole humain, espoir de tous les maux. Cependant, quelle est le réel rôle politique de ces gouvernants africains vis-à -vis de cet impérialisme occidental, qui à l’heure du néocolonialisme ne sont pas comparables aux véritables indépendantistes. Ces derniers, trop souvent dépourvus de légalité, en ce qu’ils menaçaient réellement le pouvoir en place et qui ne pouvaient prétendre bien souvent qu’à une vie de maquisard, traqué et contraint à l’exil pour finir assassiné.

Peut on comparer ces symboles à ceux qui aujourd’hui, bien que pouvant être moins corrompus que d’autres, plus soucieux de leur peuple, sont soumis aux accords qui assurent leur légalité, adeptes de géométrie variable dans leurs décisions, de subtilité dans leurs actions qui bien que les rendant légalement plus autonomes, ne les asservissent que plus de manière bien subtilisée. Ils sont ainsi soucieux de se faire garant du respect des accords géostratégiques régissant le cours du monde sur lesquels ils n’ont prise que le prix de se faire tuer, et donc en cas de crise, n’hésitent pas à trouver des compromis ou à se retirer pour ne pas entraver ces liens, irréversibles, impénétrables, qu’ont pu néanmoins pénétrer les figures de vrais indépendantistes, allant jusqu’à mourir pour leur cause. Mais la mythification de ces personnalités ne doit pas devenir une manière de surinvestir ou travestir leur mission, car leur combat ne consistait pas en celle de la gloire, celle qui s’attache si bien à l’être humain. Leur détermination, leur volonté pour mener à bien leur cause dépassait bien souvent pour beaucoup leur propre mort. Alors qu’elle s’arrête pour nous à la pensée et la commémoration de ces morts. Croire en cette incarnation du bien dans un président que certes, l’on renverse illégalement, rejette de son droit de manière honteuse, c’est aussi bien souvent jouer sur les émotions du peuple africain, qui en quête d’unité, de paix, rallie tous ses espoirs en son héros déchu de ses pouvoirs. L’avenir de l’Afrique ne pourra pas se résoudre dans une telle logique de charisme politique et humain qui soucieux de préserver son unité, ne fait que la perdre dans l’approbation de ce processus. Il semblerait plus judicieux de s’affranchir de cet engrenage e et penser un présent commun, qui viendrait non d’un attentisme bien que de bonne foi, mais d’un idéal qui ne trouve aucun nom à calquer, à imiter, mais qui siège en chacune de toutes les bonnes consciences, résolus à vouloir le bien pour leurs nations, pour leur continent. L’Afrique doit évidemment puiser dans ses références pour s’élever, pour rendre hommage à sa mémoire, mais ne doit pas mémoriser les êtres, les immobiliser et les réduire à une image que l’on regarde et sur laquelle on se désole de la disparition. Elle doit prendre en compte leurs actes, leur détermination afin de s’en servir pour en faire preuve dans son quotidien et trouver dans chaque nouveau contexte, les solutions adéquates à sa situation. Certes, l’Histoire se répète mais le doit elle à la manière d’un disque qui tourne en boucle et finit par se rayer ou plutôt à celle d’une noble lecture qui bien qu’on la lise et la relise à maintes reprises, ne nous laisse jamais sur notre fin, nous apporte toujours une nouvelle donnée, utile à nous faire avancer.

Ce monde ne doit plus être en quête de héros, car les croyances et les religions se chargent pour ce qui est de l’au delà de ce message messianique, que toute âme a évidemment le droit de croire ou d’espérer. Mais, en ce qui concerne le monde terrestre, elle se doit de parcourir la terre et accomplir sa mission d’Homme, investis si elle le souhaite de son message messianique, mais dans le seul but de l’accepter, le transcender et en supporter le rôle soi même, comme un dépôt de responsabilité confié à sa personne et à qui incombe seule la charge de son accomplissement ou de sa déchéance.

Karoll
lectrice du grand soir

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