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Le comportement du grand démon Chávez

Un politicien québécois, Joseph Facal, entonne un air connu

Il est étrange de voir à quel point un pays relativement lointain comme le Venezuela, dérange. On dirait parfois que ce pays souverain qui se situe à des milliers de kilomètres de chez nous, est une de nos régions à l’intérieur même de nos frontières. On en parle comme si cette province (sic), ce département (sic), était une région "malade" dirigée par un "hérétique" ne respectant pas les préceptes de la religion du grand bien capitaliste. On fustige et condamne vertement ce président élu et soutenu par sa population comme si celui-ci causait une urticaire insoutenable aux bonnes gens vénérant le modèle consistant à exploiter l’Être Humain, les ressources de notre mère, la Terre, ainsi que notre environnement afin de maximiser le divin profit en mettant tout en oeuvre pour maintenir la sainte croissance si dévastatrice. Une croissance jamais assez grande, une croissance « illimitée » comme si les ressources étaient « inépuisables » et pouvaient se renouveler au même rythme.

Combien de fois a-t-on pu lire que le Président démocratique et socialiste du Venezuela est un grand démon ? Un démon dont il faudrait débarrasser le monde. Un démon néfaste qui donne un très mauvais exemple. Pensons à ce Zelaya du Honduras, un homme jadis (sic) "bon" (il s’est fait élire comme étant un "bon" libéral et même "néolibéral" et a virer soudainement comme atteint par la contamination de la démoniaque idéologie Chávez). On (les fidèles de l’idéologie capitaliste) a réussi à l’expulser de son pays avant que celui-ci ne puisse donner des outils démocratiques à la population du Honduras pour que celle-ci puisse enfin se prendre en main. On l’a chassé, manu militari, à la pointe des mitraillettes, dans sa tenue de nuit, hors de son pays. Un geste totalement anti-démocratique, totalement contraire à toutes les règles les plus élémentaires de la démocratie et de l’état de droit. Un Coup d’État militaire qui fut unanimement condamné par la communauté internationale, mais qui paradoxalement a été, de facto, accepté comme une bénédiction par l’oligarchie qui contrôle et exploite le monde et ses habitants.

Récemment, c’était au tour de Joseph Facal, notre illustre (sic) politicien, de baver sur ce gros verrat de Chávez qui prêche si méchamment par l’exemple [1]. Ce n’est pas d’hier qu’on bave sur la « bête noire de Washington ». On devrait dire la « bête noire des oligarques mondiaux ainsi que de leurs laquais asservis ». La « bête noire » de cette caste d’exploiteurs-prédateurs économiques qui contrôle le monde médiatique dominant, le musclé pouvoir militaire ainsi que l’écrasant pouvoir financier. Chávez sans l’appui de sa population ne serait qu’un microbe qui aurait été rapidement éliminé (pensons au Coup d’État manqué du 11 avril 2002). L’appui massif et salutaire de ses électeurs lui a littéralement sauvé la vie.

Monsieur Facal y va de son petit laïus maladif contre cet hérétique Chávez. Il dit :

« N’importe quel leader politique qui s’oppose aux États-Unis jouira automatiquement d’un important capital de sympathie dans certains milieux prétendument progressistes. »

Les « prétendument progressistes »… De toute évidence, Monsieur Facal ne fait pas partie de ces « prétendus progressistes ». Pour lui, le progrès consiste à maintenir les choses dans leur état déplorable actuel. Et pour le « capital de sympathie » de ceux qu’on pourrait décrire comme étant des « anti-américains primaires », c’est du cliché classique. Il faut peu de chose pour acquérir ce titre : « anti-américain primaire ». Il suffit simplement de décrire la réalité des choses [2].

On a beau défendre les politiques (encore théoriques) de Obama, un Américain hors de tout doute, on demeure « anti-américain primaire ». Comme si Obama était un de ces maudits latino-américains qui sèment l’hérésie dans cette Amérique du Sud.

Monsieur Facal poursuit en disant que la « dérive autoritaire est cependant de plus en plus alarmante. » Étrange que Monsieur Facal, en ce 19 août 2009, deux mois après le renversement par les armes du Président ÉLU du Honduras, ne parle pas de la « dérive autoritaire alarmante » du dictateur Micheletti.

Comment peut-on expliquer une telle aberration ?

Monsieur Facal nous peaufine l’idée du musèlement des médias au Venezuela pendant que la censure sévit outrageusement sous la nouvelle dictature de Micheletti au Honduras. Il nous frotte le lustre du préjugé concernant la censure vénézuélienne.

Pour bien "relativiser" les propos de ce fidèle Facal combattant l’hérétique Chávez, je vous invite à consulter les éditoriaux et les pages "opinions" (ainsi que le traitement de la simple nouvelle) dans les multiples publications vénézuéliennes. Vous pouvez accéder à des dizaines de journaux vénézuéliens, toujours très actifs et très présents dans les kiosques vénézuéliens. Vous avez leur répertoire à l’adresse suivante :

http://www.prensaescrita.com/america/venezuela.php

Je vous invite à voir

Globovision, http://globovision.com/channel.php?cha=1

RCTV, http://elobservador.rctv.net/

et à lire de nombreux journaux,

Tal Cual (de l’ineffable Teodoro Petkoff), http://www.talcualdigital.com/index.html

El Nacional, http://www.el-nacional.com/www/site/p_contenido.php?q=m/3/1002/nodo/1001/Columnistas#?q=m/3/1011/Zapatazo

El Universal, http://opinion.eluniversal.com/

Ultimas noticias, http://www.ultimasnoticias.com.ve

La Razón, http://www.larazon.net/

Ce ne sont que quelques-uns des médias libres et indépendants toujours bien vivants au Venezuela. Ces médias, bien souvent, abusent de leur pouvoir. Ils calomnient, mentent et désinforment de façon récurrente. La diffamation est constante. Jamais nous ne tolérions de tels manquements dans notre pays (pensons simplement à la fermeture de la station de Jeff Filion [3]).

Il faut lire, voir et entendre les médias vénézuéliens, ensuite vous pourrez parler de façon plus réaliste dudit contrôle médiatique au Venezuela. Monsieur Facal ne fait que reprendre le cliché éculé de la censure vénézuélienne sans parler des dérives de ce pouvoir de l’opposition. Les médias vénézuéliens incitent à la violence et au renversement du gouvernement par tous les moyens. Ils ont été les maîtres d’oeuvre du Coup d’État (heureusement manqué grâce à la force de la population) du 11 avril 2002. Des exemples de dérives bien pires que celles de Jeff Filion sont monnaie courante.

Le projet de loi vénézuélien vise à contrer ce terrorisme médiatique qui met en péril cette fragile démocratie. Le pouvoir médiatique est redoutable et peut facilement servir d’arme contre la démocratie. Les urnes électorales peuvent devenir caduques avec une campagne médiatique bien orchestrée. Pensons à l’Iran (qu’indiquaient donc les sondages avant l’élection et quels étaient réellement les résultats du vote ?), pensons au Honduras.

Le projet de loi vénézuélien vise expressément ceux qui pourraient « porter atteinte à la stabilité des institutions de l’État », troubler « la morale publique », ou générer « un sentiment d’impunité ou d’insécurité dans la population ».

Eh oui ! Ici, dans notre plusse beau pays du monde, nous avons exactement les mêmes critères. Les poursuites contre diffamation sont courantes. Les propos jugés haineux ou incitant à la violence sont sévèrement réprimandés et les nouvelles pouvant engendrer des réactions excessives d’une population à qui on inculquerait un sentiment intense d’insécurité sont rapidement dénoncées et corrigées.

Monsieur Facal, qui ne dit mot de la censure au Honduras nous décrit avec les sanglots entre les mots la situation terrible que « LE RÉGIME » impose aux médias vénézuéliens.

« Bref, les délits potentiels sont définis de façon si large et floue que n’importe quelle opinion pourra être jugée criminelle si elle déplaît au régime. Le projet de loi interdit même de « diffuser des nouvelles fausses ».

L’utilisation du « futur qui fait peur » est une constante dans le dénigrement : « n’importe quelle opinion POURRA être jugée criminelle ». Monsieur Facal devrait mettre de côté les présomptions alarmantes du futur et parler plutôt du présent. Que se passe-t-il au Honduras présentement ?

Et les fausses nouvelles. Peut-on diffuser des nouvelles fausses ? Qui donc peut décider que la nouvelle est fausse ? La réalité peut-être.

Qui donc peut dire qu’il y a eu diffamation ? Le plaignant avec preuve à l’appui peut-être.

Monsieur Facal préconise-t-il la diffusion de fausses nouvelles et l’acceptation de la diffamation ?

Monsieur Facal nous dresse un bilan maladif du gouvernement Chávez. Il n’est pas le seul à être atteint de cette maladie. Une sorte de syndrome qui rend aveugle, qui renie l’Histoire latino-américaine et qui enlève toute référence aux valeurs fondamentales de la démocratie. Une obsession contre les gouvernements progressistes qui fait considérer une dictature comme celle de Micheletti au Honduras plus "légitime", plus "démocratique" (sic) qu’un gouvernement ÉLU et soutenu par la majorité de la population.

Étrange de voir ce discours si viscéral contre un gouvernement si lointain qui dérange tant. Étrange de voir que Monsieur Facal considère que 60% de la population du Venezuela sont des abrutis qui se font "dicter" leur vote. Étrange les conclusions qu’on peut tirer d’un tel discours. Devrait-on renverser par les armes ce Chávez de malheur, monsieur Facal ?

Considérez-vous que les Vénézuéliens et les Vénézuéliennes sont des abrutis qui ne savent pas voter et qu’il faudrait les sauver de la dictature qu’ils ne voient pas ?

Pourquoi donc tant de barrios, favelas, bidonvilles dans tous ces riches pays de l’Amérique latine, monsieur Facal ? Cette indécente pauvreté endémique est-elle apparue avec les Chávez, Morales, Correa, Lula, Ortega, Funes, Lugo, Kirchner, Bachelet, Vázquez, Zelaya ? Voyons, Monsieur Facal.

La Constitution vénézuélienne a été modifiée par une assemblée constituante et approuvée par la population avec 71,78 % des voies lors d’un référendum, le 15 décembre 1999. Monsieur Facal à travers sa maladie démonisant Chávez dit que la constitution a été modifiée pour « lui permettre de placer ses hommes là où il le désire », ce qui est terriblement simpliste et réducteur.

« Placer "ses" hommes là où il le désire ! » Connaissez-vous ce qu’est la corruption ?

Savez-vous à quel point la corruption fait partie de la politique dans ces pays qui ont toujours été contrôlés par « les intérêts étrangers » ? Et comment la corruption a été un "outil" (et le demeure partout où l’on veut contrôler la politique interne) important dans l’oppression et l’exploitation des populations latino-américaines ? Il est tout à fait "normal" dans ces pays où les gouvernements et les fonctionnaires étaient corrompus à l’os qu’un gouvernement voulant travailler au mieux-être de sa population au lieu d’être au service des prédateurs économiques élimine peu à peu ces laquais (bien entretenus) de l’oligarchie.

Qui donc a renversé le Président ÉLU Zelaya au Honduras ? Ce sont exactement ces laquais corrompus qui sont au service d’une clique contrôlant et profitant des richesses du pays. Ce n’est pas la volonté populaire qui demandait le renversement du Président ÉLU. Les laquais corrompus du Honduras ont eu peur (une peur justifiée) de perdre le contrôle.

Pour rendre le Venezuela aux Vénézuéliens et aux Vénézuéliennes, Chávez a dû (il n’avait absolument pas le choix) remplacer les éléments corrompus par des personnes de confiance, sans quoi jamais rien n’aurait pu être changé dans ce RICHE pays de misère.

Partout, même aux États-Unis, lorsqu’un politicien décide de travailler pour les plus démunis ou pour une plus grande justice sociale, il doit remplacer les éléments corrompus. Si Obama veut changer les choses, il devra mettre "ses" hommes aux postes clefs sans quoi, jamais il ne pourra parvenir à mettre en place ses politiques « révolutionnaires ». Le retrait d’Irak, la fermeture de Guantanamo, la réforme de la santé, le rapprochement avec l’Amérique latine ainsi que toutes ces politiques contraires à cette longue histoire de domination impériale sur le monde sera toujours empêché par ces laquais au service des puissants qui dominent et contrôlent les gouvernements fantoches du monde entier. Obama ne pourra rien faire. Il a beau avoir de beaux discours, être porteur d’espoir, il a les mains liées. Sans "ses" hommes (et "ses" femmes) il ne pourra jamais réussir quoi que ce soit. On dira de lui qu’il est, tout simplement, un beau parleur et un puissant hypocrite qui endort le monde et ne fait rien.

Monsieur Facal reproche à Chávez de s’occuper de ces gens qui ont eu faim.

« Il [Chávez] augmente systématiquement le nombre d’électeurs qui dépendent de l’État pour survivre. Quand le ventre a faim, on est moins regardant sur les moeurs politiques du seul acteur qui a les moyens de vous nourrir. »

Avant, l’argent du pétrole engraissait les portefeuilles des Exxon-Mobil, aujourd’hui il sert à nourrir et à rendre la dignité à tous ces laissés pour compte.

Monsieur Facal dit : « En fournissant du pétrole bon marché à l’Équateur, à la Bolivie, au Nicaragua, au Salvador et à nombre d’îles des Caraïbes, Chavez s’est aussi constitué un réseau d’alliés régionaux. »

La solidarité, voilà une des valeurs de Chávez. On peut toujours lui attribuer toutes sortes d’intentions, dans les faits, Chávez aide les pays qui sont dans le besoin et participent ainsi au mieux-être des plus démunis. Tout comme il a fourni du pétrole bon marché pour chauffer les quartiers pauvres du Bronx ou de Boston ou de Chicago [4] ou encore pour réduire les tarifs du transport en commun des plus démunis de Londres [5].

Monsieur Facal, comme plusieurs, voit dans les gestes de Chávez une sorte de perfidie crasse, une perfidie que seul un Président de gauche peut avoir. Il considère que Chávez achète tout le monde pour régner et pour s’allier une clientèle qui boit à son auge bon marché :

« … Cela décuple son influence, et lui permet de soutenir qu’une attaque contre lui est une attaque contre l’Amérique latine. Quiconque s’en prend à lui est évidemment un valet de Washington : un air connu. »

Un « air connu ». Celui qui entonne un « air connu », c’est bien Monsieur Facal. Et quel air connu !

Au lieu d’entonner les airs connus et éculés contre le grand satan Chávez, Monsieur Facal devrait tout simplement parler de la réalité. La réalité c’est que des gens vivent dans le besoin, souvent le très grand besoin et que Chávez, peu importe les motifs (dans le fond on s’en fout), soulage cette indigence. Partout Chávez apporte son humble grain de sel pour soulager la misère des plus pauvres.

Parlez-en aux gens des barrios du Venezuela [6], parlez-en aux pauvres du Bronx ou à ceux qui pouvaient prendre l’autobus bon marché à Londres, pourquoi Chávez les aide, ils s’en foutent [7], cependant le fait demeure, Chávez rend leur vie un brin meilleure.

Monsieur Facal nous parle aussi de la gauche « modérée » d’Amérique latine. Une fausse réalité qu’on nous inculque. La gauche latino-américaine n’est pas plus ou moins modérée, elle est tout simplement différente. Chacun suit sa voie qui lui est propre et qui correspond aux attentes des différentes populations. Tous ces pays sont démocratiques et souverains. Ils agissent indépendamment comme bon leur semble. Cependant, une chose les unit tous, c’est la solidarité. Tous travaillent pour affranchir l’Amérique latine de son asservissement plus que légendaire aux « intérêts étrangers ». Ils parviennent tous de manière à la fois semblable et différente à faire bénéficier leurs populations des richesses de leurs pays.

Il est totalement inconcevable que des pays comme le Venezuela ou l’Équateur qui flottent sur le pétrole, ou la Bolivie qui pète le gaz, ou le Chili qui déborde de cuivre et de minerais ou le Brésil et l’Argentine qui ont des agricultures fantastiques soient des pays où 70% de la population vit dans le besoin.

Monsieur Facal dans sa chronique du 18 août 2009, nous a chanté un air plus que connu. Un dénigrement classique du grand démon Chávez et un vibrant éloge au désastreux modèle néolibéral américain.

Je ne crois pas que l’Amérique latine rate le XXIe siècle comme elle a raté le XXe. Je crois que c’est nous qui sommes en train de nous enliser dans un mode de vie qui nous mène à notre perte. Je crois que l’éveil que vit depuis 10 ans l’Amérique latine est un exemple éloquent de la voie à suivre.

Il serait infiniment dommage que les gens s’enferment dans ces préjugés et ces fausses réalités entretenus par des gens qui sont atteints de la phobie maladive du changement et du progrès social, rate l’enseignement que nous offrent les gouvernements progressistes socialistes et solidaires de l’Amérique latine.

Serge Charbonneau

Québec

P.S. : je vous invite sérieusement à mieux connaître ce grand satan de Chávez. Il existe plusieurs livres et articles. Voici quelques suggestions :

« Les 7 péchés d’Hugo Chávez » de Michel Collon
http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=80&id=2039&option=com_content&Itemid=26

A lire l’introduction des 7 péchés d’Hugo Chávez :
http://michelcollon.info/index.php?view=article&catid=80&id=1510&option=com_content&Itemid=26

A voir la conférence du journaliste Michel Collon, auteur des 7 péchés d’Hugo Chávez.
http://www.dailymotion.com/video/x9ee42_michel-collon-les-7-peches-de-chave_news

et « L’assassinat d’Hugo Chávez » de Greg Palast
http://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/04/venezuela-l%E2%80%99assassinat-d%E2%80%99hugo-chavez-par-greg-palast/

ainsi que son livre « Armed Madhouse » paru en juillet 2006
http://www.palastinvestigativefund.org/armed-madhouse-signed

Aussi Noam CHOMSKY
Voisinage dangereux (Venezuelanalysis)
http://www.legrandsoir.info/article3196.html

[1] La chronique de Joseph Facal, « Les gros bras » (Journal de Montréal)
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/josephfacal/archives/2009/08/20090819-101400.html

[2] Une autre planète de Gil Courtemanche
http://www.ledevoir.com/2009/08/15/262917.html

Sur cette chronique de Gil Courtemanche, Le Devoir a censuré mon commentaire, sans doute trop « anti-américain primaire ».

Au risque d’allonger votre lecture, je vous l’offre ici, en « primeur » :

« Le communiste à Courtemanche persiste et signe »

(Commentaire envoyé à trois reprises et censuré par le journal Le Devoir)

Simplement décrire la réalité fait de vous un antiaméricain primaire, Monsieur Courtemanche.

Les États-Unis sont pour certains une sorte d’idéal presque religieux. On ne peut même pas les décrire sans être taxé d’antiaméricain.

La chose paradoxale, c’est que lorsqu’on défend (ou disons qu’on est conciliant) les politiques d’un Américain tel Barack Obama, ou encore Jimmy Carter, on peut se faire traiter d’antiaméricain. Pourtant, c’est bien un Américain US qu’on défend. Tout comme en religion, les réactions sont, disons, émotives et irrationnelles.

Comme pour toutes les religions, les valeurs les plus fondamentales ne tiennent pas le haut du pavé face à l’adoration de ce pays qui croit en dieu (in God they trust, God bless you, God help me, etc.). Exactement comme il est interdit de critiquer la religion pour les adeptes des différentes croyances.

Les fervents catholiques vont toujours dire que leur pape est infaillible et qu’il n’est pas un con.

Les fervents islamistes vont toujours dire que leur ayatollah vomit la vérité et ils l’écoutent comme s’ils étaient des mahomets (qu’on interdit de caricaturer).

Ou ces juifs à couettes qui s’attriquent et vivent comme des clowns et pour qui il ne faut pas blasphémer yahvé, le grand manitou.

Même pour les adeptes de raël Vorilhon le grand, il ne faut pas rire de leur extra-terrestre.

Eh oui ! Il ne faut pas grand-chose pour être étiqueté d’antiaméricain « primaire ».

(primaire… à quoi donc ressemble un "secondaire" ou encore un "tertiaire" ?)

Il est plus facile, plus accepté et dans certains cas, il est même requis de dire du mal des autres puissances ou gouvernements trop autonomistes ou trop indépendantistes (je ne fais pas allusion ni à l’ADQ ni au PQ).

Monsieur Courtemanche tient un discours, disons, "hors norme" dans notre presse qui réagit à l’unisson pour tous les événements.

Pensons à l’Iran, pensons à la Chine, pensons à Poutine, pensons à la Russie, pensons à Chávez, pensons à Zelaya (désinformation à l’unisson en ce qui a trait à la raison de son renversement par les armes), pensons à Mugabe, pensons à Al-Béchir, pensons à la Géorgie, pensons à tous ces gouvernements progressistes d’Amérique latine, pensons à Castro (l’incontestable grand démon).

L’unisson médiatique…

C’est presqu’un blasphème de lire :

« L’Américain moyen connaît tout d’Oprah Winfrey ou des Sopranos, mais rien de la France ou du Canada. Il ne voyage pas, ne voit jamais un film étranger, ne lit pas et est profondément convaincu que le monde aspire à se transformer en États-Unis . »

« Les Américains lisent peu et ne se nourrissent que de clips de 30 secondes à la télé, ils acceptent facilement des affirmations ridicules. »

Calomnies, mensonges et désinformation, voilà les assauts que subissent les réformateurs US lorsqu’il y en a. Parce que, comme le souligne Monsieur Courtemanche, pour être en politique dans ce pays "démocratique", il faut beaucoup beaucoup beaucoup de sous. Et ceux qui donnent des sous s’attendent à en avoir pour leur argent.

Les médias font de la calomnie, du mensonge et de la désinformation, et ce, impunément.

Les médias sont une arme qui aiguille le "bon" peuple ignorant et crédule vers où on veut bien l’envoyer.

Les gouvernements progressistes d’Amérique latine font face à ces mêmes escadrons médiatiques qui calomnient, mentent et désinforment. C’est pourquoi la plupart d’entre eux utilisent la même arme (les médias) pour se défendre. Les dirigeants progressistes n’ont pas le choix que de s’expliquer personnellement avec transparence et avec de multiples preuves incontestables à l’appui pour défendre leurs politiques, leurs réalisations et l’honnêteté de leurs démarches.

Obama n’a pas d’autres choix que de s’adresser directement à la population pour répondre efficacement à ces escadrons médiatiques de la mort politique.

Monsieur Courtemanche dit avec justesse : « campagne de terreur ».

Au sud (oui encore l’Amérique latine) on parle de « terrorisme médiatique ». Le terrorisme médiatique est bel et bien réel. Terrorisme médiatique et acharnement médiatique vont de pair. L’efficacité de ces escadrons est redoutable.

Par contre, la réalité a tout de même la vie dure. Généralement, la réalité prend le dessus et finit par être gagnante.

Pensons à la déstabilisation de l’Iran. Nos soldats de l’information ont eu beau maquiller la réalité pour créer de toutes pièces une révolution "verte", l’Iran avec sa foi (antirationnel comme toutes les fois) et son Histoire, est un pays relativement stable depuis que la population a décidé de s’affranchir de l’ingérence étrangère. Il y a bien sûr une contestation normale du régime des dictateurs religieux, mais rien de vraiment à la hauteur de l’ampleur des reportages de nos (sic) soldats médiatiques qui luttent pour l’empire du grand bien.

La lutte pour le « grand bien ».

Concernant le Honduras [l’Iran en fait. correction a posteriori de l’auteur], Hilary Clinton a déclaré sur CNN [a] :

« Je pense que, rétrospectivement, nous nous en sommes bien sortis. Ceci dit, en coulisses, nous avons beaucoup fait. Comme vous le savez, la jeunesse…, un de nos jeunes du département d’État a été twitté « Continuez », malgré le fait qu’ils avaient planifié un arrêt technique. Ainsi, « nous avons fait beaucoup pour renforcer les protestataires sans nous afficher ». « Et nous continuons à parler avec et à soutenir l’opposition. »

On constate que nos soldats de l’information sont bien dirigés (consciemment ou inconsciemment, ce mystère demeure)

Ce fut un autre excellent texte de ce "communiste" de Courtemanche.

Serge Charbonneau

Québec

P.S. : Qu’est-ce qu’un communiste au XXIe siècle ? Tout simplement quelqu’un qui a le courage de bien décrire la réalité.

[a] http://www.voltairenet.org/article161572.html

[3] « Haine FM », Fermeture de CHOI
http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1&section=11&article=32164

[4] Chavez, le bon samaritain du Bronx
http://archives.24heures.ch/VQ/LA_COTE/monde/article-2007-12-1644/js-est-nans-une-hlm-du-bronx-ew-york

[5] Mettez un Chavez dans votre moteur : l’essence de Caracas pour les bus londoniens
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/spip.php?article681

[6] La parole au peuple
http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2006/11/vnzuela_la_paro.html

[7] J’avais écrit un article pour Cyberpresse : « Chavez révolutionnaire ou populiste ? Mais on s’en fout ! » (décembre 2006) en réaction à un article de Gwynne Dyer. Les archives de Gesca ont fait "disparaître" (momentanément dit-on) mon article.
http://www.cyberpresse.ca/article/20061201/CPSOLEIL/61201089/5287/CPOPINIONS

Par contre, il se retrouve dans une page de discussion sur le Venezuela. Un anonyme du nom de "Huile de Roche" a fait un "copier-coller" de mon texte.

Si vous désirez le consulter : http://forums.oleocene.org/viewtopic.php?f=2&t=95&start=585

C’est le sixième message à partir du haut de la page.

Voici un extrait :

« Certains, comme M. Dyer, s’en s’offusquent, laissant entendre que c’est du gaspillage ! Il ne faut pas vivre au Venezuela pour se demander ce qu’il peut bien faire de cet argent. Le Venezuela est dans un état lamentable, seul un fou peut penser pouvoir améliorer les conditions de vie de la population.

J’oserais dire que Chavez est fou. Seul un fou peut s’attaquer à la colossale tâche de redresser la situation de la pauvreté des barrios, l’incroyable corruption installée depuis des décennies. Heureusement, il dispose d’un outil prodigieux, l’or noir. A chaque coin de rue, on peut constater l’effort de redressement.

Notre « journaliste de Londres » le voudrait magicien en écrivant « après huit ans au pouvoir, Chavez n’a rien fait que l’on puisse qualifier de transformation révolutionnaire », mais s’il avait discuté avec les indigènes, les pauvres, les personnes âgées du Venezuela, il aurait vu un grand changement. Tous ces exclus ont retrouvé leur dignité humaine, devenant des citoyens à part entière. Ils ont maintenant des droits : droit de parole, droit de se faire soigner, droit d’avoir des médicaments, droit d’aller à l’école, droit de pouvoir manger à sa faim. »

On parle de contrôle médiatique et de censure au Venezuela, par contre, ici, certains textes disparaissent des archives de Gesca.

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