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Le crime était presque parfait

« Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. »

Antonio Machado

Pendant toutes ces années de guerre - celles contre le franquisme de 1936 à 1939, celles contre le nazisme de 1940 à 1945 -, François aurait pu s’identifier à l’adage ci-dessus, il avait toujours un chemin de réserve qui conduisait vers la liberté. Il eut maintes occasions, dans son réseau de résistants dont il était le chef, d’explorer toutes les possibilités pour en faciliter l’usage, et contourner ce qui pouvait se révéler dangereux, voire trop difficile, une mauvaise évaluation étant susceptible de provoquer des complications insurmontables.

« Puis j’ai été mobilisé, et suis rentré dans la résistance… Je suis parti d’une action qui a utilisé l’Espagne comme plate-forme des liaisons avec De Gaulle. J’étais chef de réseau de la ʺBase-Espagneʺ. »

Les manipulations de l’histoire

Le fait de ramener tout encore et toujours à la guerre d’Espagne, serait de la redondance et laisserait supposer qu’il n’y a eu jusqu’à présent aucune version qui fasse l’unanimité dans le camp des perdants. Mais quoi qu’il en soit , Il a manqué à l’Espagne en 1945 un tribunal de Nuremberg pour que soient jugés les crimes de guerre, et les crimes de l’humanité perpétrés par la guerre par les forces de l’axe Franquistes/nazies/fascistes. Au lieu de ça c’est dans l’impunité la plus criminelle que pendant les 30 années qui suivirent la dictature continué à parsemer sur son territoire des cimetières et des fosses communes sauvages.

Dans la série des manipulations de l’Histoire, c’est surtout de l’histoire de la mémoire qu’il est question mais le problème a besoin de plus de clarté et il nous reste encore à parler de la mémoire de l’histoire ( la mémoire historique)

La mémoire n’est pas un transfuge de l’histoire, ni un détail de celle-ci. Par contre, quand l’État influence le sens de l’histoire, la mémoire n’est plus qu’un bouchon de liège dans une mer démontée. La république espagnole et tous ceux qui ont subi les aphtes et les conséquences du drame, de l’exil, ou la prison ont par deux fois été trompés trahis par la France et l’Angleterre …Une première fois en instaurant la stratégie bidon de la « non intervention » [1] La deuxième fois , quand les armées de l’axe furent vaincus en 1945, la ( société des Nations) qui deviendra ( les Nations Unis ) ont donnés à l’Espagne franquiste des signes et des garanties de leurs soutien. Le drame, c’est quand l’histoire devient l’otage d’un mensonge au nom de la raison d’État. Alors cette histoire est amenée à déserter, protégée par des intérêts qui vont renforcer la légitimité du crime.

Je ne pense pas que l’on puisse comparer le travail de mémoire à l’histoire officielle, souvent décidée dans les arcanes des pouvoirs politiques. Il reste à faire la lumière sur les véritables motivations qui ont fait naître l’idée de la non intervention. [2] Un véritable artifice qui a largement contribué à la chute de la République, et au triomphe des forces de l’axe fascistes, qui ont bénéficié du subterfuge de la « non intervention » qui fut préjudiciable à la République Espagnole désarmée. 1945 il est alors évident pour les observateurs Européens qui apprécient les libertés retrouvées, avec la fin des deux régimes fascistes et Nazis que dirigeait deux aventuriers animés par un besoin compulsif de haine et de morts. l’Espagne franquiste n’a alors plus de raison d’être avec ça dictature de la vengeance et du garrot qu’elle est incompatible avec une Europe en devenir. Ce n’est pas malheureusement ce qu’il adviendra. Imaginer le choc de ces femmes de ces hommes qui ont tout donné pour voir un jour enfin la nuit noire, s’illuminer à nouveau, le fascisme hors d’état de nuire pour les accueillir au pays. Ont-ils été trompés. Ou plus prosaïquement que pouvait-ils attendre de plus les espagnols qui avaient déjà tout donnés compris dans les camps de la mort.

Les petits arrangements de la grande histoire :

La censure de l’histoire est une mémoire volontairement brouillée, et cachée pour se protéger et nuire à la vérité. Quand la censure détourne l’histoire, elle le fait pour protéger des notables véreux impliqués dans des affaires sordides. Collaboration, délation, discrimination, trahisons, crimes de guerre, crimes contre l’humanité … Les bourgeois bleu-blanc-rouge, ou « les tricolores nationalistes obsédés »,ainsi que les appelait François et ses copains à Oloron alors qu’ils n’avaient pas encore 20 ans. Ou encore Léon Bérard, collaborateur que l’histoire régionale a protégé en brouillant les pistes. Le Béarnais Léon Bérard ambassadeur de Pétain au saint siège à Rome collaborateur de la première et de la dernière heure. Antisémite de sur croix.

L’histoire Régionale l’a remercié en donnant son nom à un collège à St Palais, (Pyrénées-Atlantiques). A Pau à une splendide avenue, mais encore un médaillon en bronze, Place de la déportation ( sic ) exposé face au château sur la façade ouest du Parlement de Navarre, le texte gravé dans la pierre révèle au passant curieux « Léon Bérard Humaniste »( re- sic).Et comme pour parfaire cette situation paradoxale l’avenue qui porte son nom nous mène de la fac rejoindre la route de Bordeaux en traversant un rond point nommée « les droits de l’homme »( provocation ou ignorance des élus impliqués ? )

La mémoire historique

Excepté la France et le royaume unis qui ont en quelque sorte condamné le pari des gauches républicaines de gagner la guerre sur le front d’une guerre populaire « contre le fascisme » . C’est aussi pourquoi l’histoire officielle ne suffit plus pour cacher les responsabilités de la « société des nations » qui a anticipé sur l’avènement de cette guerre par le vote des Etats démocratiques Européens en faveur de la non intervention. Le choix de cette défaite était porté par la peur de voir surgir en Espagne un pouvoir ouvrier auquel il lui fut préféré le fascisme.

C’est ce travail qu’il nous reste a entreprendre la « mémoire de l’histoire » (la mémoire historique.)

Ce qui est surprenant c’est que le comité( des Etats ) pour la « non intervention » réunissaient. Les Etats démocratiques et les Etats fascistes et que les deuxièmes puissent aussi voter alors qu’ils sont juge et parti. C’est la démonstration des démocraties prêtent à convoler avec l’ennemi aux premiers bruits du canon. Ces Etats labellisés démocraties, dès que le vent souffle sont près à pactiser contre leur classe ouvrière en s’essuyant les pieds sur les libertés.

François a aimé l’Espagne comme il a aimé la vie, pourtant, avec ses camarades combattants de la liberté, engagé volontaire dans les Brigades internationales de 1936 à 1938 il a été à deux doigts de mourir pour elles. Puis il y a eu la défaite, la blessure sur le front de l’àˆbre et son rapatriement sanitaire à Oloron.(P A)

Les dix dernières années de sa vie furent celles des opportunités en nouvelles rencontres, rencontres dont il était fier. Il exultait à chaque nouvelle connaissance qui le précipitait vers de nouveaux savoirs. Sa vie, il la composait par petits chapitres. Éclectique, il a aimé la musique - avec une mention spéciale pour le jazz - les arts plastiques,le cinéma, le théâtre - ce qui l’a amené à rencontrer Vilar -, le cinéma. La guerre a-t-elle fait de lui un soldat ? Non ! Il l’affirme. Le ministère de la Guerre, où il a travaillé pendant une longue année, a fait de lui, grâce à ses temps libres, un autodidacte, un spécialiste, un inconditionnel des Arts. A Paris, François approche les Arts : les observe dans leurs moindres détails afin d’ en posséder la connaissance. Il démissionne de l’armée -huit années et deux guerres, ça suffit ! surtout que la guerre coloniale se profile en Indochine.

A suivre

Luis Lera

[1Léon Blum, cheville ouvrière du projet, ne craignait pas d’avancer, que son aboutissement se ferait par la pacification de la guerre.

Dans les années 80, son modeste appartement HLM, ressemble à s’y méprendre à un musée d’art moderne dont il aurait été le gardien. Tout était comme si les Arts avaient adopté François pour les représenter. Sur les murs tous les formats se côtoyaient : des moyens aux plus grands, il y avait là des peintres qu’il avait rencontrés dans les années où il promouvait de jeunes talents. A l’angle de la pièce, sur un pan de mur étroit, des lithographies de Giacomo de Pass survoltaient l’atmosphère d’un érotisme qui produisait son effet provocateur ; quelques sculptures ici et là , un masque japonais, des galets sculptés façon Arts premiers.

La photo, il l’utilisait pour capter les instantanéités de la vie, dans des situations toujours opportunes, ce qui donnait au sujet la temporalité d’une représentation instantanée. François était curieux de tout, il fêtait les petits matins et rêvait de « grands soirs », avec la sagesse de celui qui, attaché aux souvenirs, avait appris à attendre.

[2« la non intervention » c’est le refus de voir la réalité en face, une objection fantaisiste de la réalité, une ineptie absolue, ou encore un crime presque parfait .


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