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Nous devons partout "arracher la valeur d’usage avec les dents" !

FSE Istanbul 2010 : En France et en Europe.

En défense de l’économie non marchande et des services publics débarrassés des logiques marchandes.

Nicolas Sarkozy, homme volontariste, disait vouloir "arracher la croissance avec les dents". Une telle déclaration productiviste même avec un petit complément de compromis sur un volet social (augmentation relative des minimas sociaux et des salaires) ne fait plus totalement recette au sein du peuple-classe. Pour autant les thèses adverses sur la décroissance semblent trop souvent à la fois trop maximalistes et trop interclassistes et in fine misérabilistes. Elles risquent du coup de créer un obstacle à la nécessaire intervention citoyenne contre la crise climatique (1).

L’orientation a défendre doit donc relier les exigences écologiques et les exigences sociales des peuples-classe du sud et du nord. Les propositions contre les retards en matière de réformes de structure portant sur l’industrie énergétique (promotion des énergies renouvelables et du non nucléaire) et pour des véhicules à très faible production de CO2 ne sauraient s’attaquer au bouclier social (2) Un sens minimal de la justice sociale incline à exiger la sobriété (3) à ceux qui très manifestement sont ultra-possédants, discrets ou non. Le peuple-classe et notamment les couches sociales prolétariennes celles disposant d’un revenu inférieur à 3000 euros par mois en France en 2009 ne saurait se voir adresser, sous une forme ou une autre, la facture salée de la crise et de ses mécanismes de "relance" de l’économie, notamment ceux qui passent par un accroissement de la productivité (4) en lien avec la recomposition du capital défaillant.

I - Notre richesse n’est pas que matérielle et "leur richesse n’est pas la nôtre".

* D’une part parce qu’ils (les capitalistes) nous la volent et, en ce sens, leurs richesses est le produit de notre dépossession et exploitation . La richesse telle que conçue par les possédants et les économistes libéraux "à la solde" est directement assuré à une minorité par le système économico-social dominant. La richesse volée est le privilège non aboli par la Révolution de 1789.

* D’autre part parce que nous nous en faisons une autre conception. Nous n’avons pas la même obsession : Les grands possédants peuvent connaitre la valeur de l’amitié tout comme le peuple-classe mais s’ils pouvaient la vendre ils le feraient non par immoralité essentielle mais de par leur place dans les rapports sociaux. Arracher la croissance... c’est pour une part vouloir vendre ce qui ne l’est pas encore.

Ce n’est donc pas le thermomètre du PIB, qui est certes critiquable, ni les thèses de l’économie politique classique, également critiquables, qui sont en cause mais le mode capitaliste de production et de distribution de biens et services. Aller à la racine des choses c’est mettre en cause le système capitaliste et non le productivisme ou son thermomètre.

II - Quelques courtes mais essentielles distinctions critiques reprises de diverses contributions scientifiques beaucoup plus développées de Jean-Marie Harribey. Le dernier de ces textes, auquel nous renvoyons pour qui souhaite approfondir est "Quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt"

1 - Le PIB n’est qu’un thermomètre !

* Le produit intérieur brut est un indicateur qui additionne toutes les valeurs ajoutées monétaires dans un pays donné en une année. Deux gros défauts inversés sont à retenir .

Défaut 1 (en absence) : les activités non évaluées de façon monétaire n’y sont pas intégrées. Cela exclue le travail domestique, le travail bénévole ou associatif.

Défaut 2 (en trop) : les activités nuisibles, destructrices et celles polluantes y sont intégrées.

* Il est important de retenir néanmoins que le PIB contient le produit non marchand qui est offert par les administrations publiques et dont le paiement est socialisé grâce à l’impôt. C’est pourquoi le PIB est, malgré ses défauts, un indicateur toujours utilisé. Il est utilisé avec d’autres comme l’IDH - indice de développement humain - qui associe le PIB par habitant, l’espérance de vie et le niveau d’instruction.

2 - Valeur-travail et "valeur travail".

Le premier sens concerne une théorie économique, celle qui fait du travail la source de la valeur (et non le capital), alors que le second concerne une option philosophico-politique qui prête volontiers à l’intensification et à l’allongement de la durée du travail salarié alors que le principe anthropologique voudrait lui que "tout être humain puisse participer à la production de l’existence sociale" Tous mais sans souci de performance. Sur la productivité lire note 4.

3 - Les trois sortes de travail productif.

Tout d’abord, le travail productif n’a rien à voir avec la matérialité ou non de son résultat. Ensuite, il n’y a pas de travail productif en soi. Le travail productif se définit en regard du rapport social en vigueur :
productif de valeur pour le capital ou bien
productif de valeur monétaire non marchande ou bien
productif de simple valeur d’usage.

Quand un économiste parle d’improductivité c’est d’une improductivité de valeur pour le capital et non d’une improductivité de valeur d’usage. Et si l’on veut encore parler des activités parasitaires, alors il faut les voir plus du côté des pratiques financières et même des activités marchandes , celles menées sur les interstices rentables des activités des administrations publiques fortement productrices de valeur d’usage.

4 - Valeur d’usage, valeur d’échange.

L’amitié ne se vend pas (en principe) donc elle n’est pas une valeur d’échange sur un marché. Elle ne se vend pas, elle ne s’achète pas. Elle s’accepte (ou non) et se partage. Notons que c’est bien sa non valeur d’échange qui lui donne sa pleine valeur. Citons dans ce registre Jean-Marie Harribey qui signale que "Le lait bu par le nourrisson au sein de sa mère a une valeur d’usage mais n’a pas de valeur d’échange". De même, "la lumière du soleil n’a pas de valeur d’échange".

5 - Richesse marchande et non marchande.

La richesse marchande fait intervenir à la fois valeur d’usage et valeur d’échange. La valeur d’usage est une condition nécessaire mais non suffisante de la valeur d’échange. La valeur d’échange présuppose un marché avec un consommateur solvable face à un vendeur motivé par le profit. En l’absence de valeur d’échange nous somme en présence d’une valeur d’usage. Les services publics produisent de la valeur d’usage et une richesse non marchande monétaire et parfois non monétaire.

6 - Investissement et anticipation rapportés aux deux grands acteurs économiques.

L’entreprise privée décide de produire quand elle anticipe des débouchés pour leurs marchandises qui répondent à des besoins solvables. Elles réalisent alors des investissements et mettent en circulation des salaires. La vente sur le marché valide cette anticipation, la mévente la sanctionnerait.

Les administrations publiques, anticipant l’existence de besoins collectifs, réalisent des investissements publics et embauchent aussi. Dans ce second cas la validation est effectuée ex ante par une décision collective et se confond avec l’anticipation.

Cette distinction est la base d’une théorie plus complexe de fondation de l’économie non marchande qui fait place à l’impôt. Voir "La richesse au-delà de la valeur" de Jean-Marie Harribey ainsi que :

CONSTRUIRE UNE ECONOMIE POLITIQUE DE LA DEMARCHANDISATION

INTRODUCTION EN DEFENSE DU CARACTERE PRODUCTIF DU TRAVAIL DANS LES SERVICES NON MARCHANDS

Christian Delarue
Altermondialistes, nous devons partout " arracher la valeur d’usage avec les dents " !

1) Crise climatique : Non aux solutions néolibérales, oui aux réponses des peuples !

ou Urgence climatique, justice sociale

2) La gauche de miséricorde ne veut pas du bouclier social à 3000 euros par mois !

Contre le populisme montant.

3) Sobriété pour les très riches et les riches.

4) Productivité : de Jean-Marie HARRIBEY à Jean GADREY

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