Et ce régime, comme tout régime autoritaire qui se respecte, doit se voir affublé d’une cour servile, du pouvoir sur la justice, sur les médias, sur l’économie, et surtout sur son peuple. Avoir le pouvoir, cela signifie avoir le contrôle sur la masse des individus, une sorte de lien invisible qu’il conviendrait d’appeler « dépendance ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : à travers la paupérisation et le conditionnement (physique et psychologique) continus de la population, le gouvernement entraîne petit à petit ce dernier sur la voie de sa dépendance envers l’Etat, et ce par l’intermédiaire des moyens qui vont suivre.
Parmi les techniques employées par les têtes pensantes de notre belle monarchie, il y a bien sûr l’alliance sans cesse plus solide entre le public et le privé, c’est à dire entre l’Etat et les grands patrons. Cette alliance, appelée « partenariat économique », permet à l’Etat de se séparer tout doucement du contrôle des services publics à travers la privatisation de certaines entreprises, engrangeant ainsi monnaies sonnantes et trébuchantes, tout en gardant sur ces dernières une participation suffisante au maintien de son poids décisionnaire, et par cet intermédiaire également le contrôle et la surveillance des individus. En échange, les entreprises privées concernées par le rachat de ces services se mettent en situation quasi monopolistique, ou au moins oligopolistique. La concurrence faussée qui résulte de leur position dominante et aidés par une législation qui arrange aussi bien les intérêts de l’Etat que les ceux des autres actionnaires, cette alliance les satisfait tous deux pleinement.
Même avec les allocations familiales qui vont baisser, les remboursements de la sécurité sociale qui seront peu à peu remplacés par la hausse des assurances privées, l’allongement de la retraite qui va faire augmenter les tarifs des assurances-vie, la montée du chômage qui va faire baisser les indemnisations… l’Etat continuera de ficher, classer, radier, contraindre son peuple en l’obligeant à toujours plus de démarches administratives, toujours plus de justifications, toujours plus de surveillance.
De plus, par son action en faveur des puissants, le gouvernement entraîne peu à peu la population vers la misère, ce qui la pousse à rechercher le soutien et la protection de l’Etat, qui en retour en profitera pour étendre son pouvoir. L’idéal d’un régime autoritaire étant un peuple juste assez misérable pour être dépendant, et pas assez pour se révolter, il est fort probable que la crise actuelle ne soit que le moyen le plus sûr d’étendre la dépendance du peuple envers le pouvoir. Que ce soit par l’intermédiaire de la santé, des aides sociales ou des transports publics, le fait de devoir payer plus cher un service tout en devant se satisfaire d’un dégrèvement social (même faible) incitera donc les pauvres à s’appauvrir tout en réclament l’aide de l’Etat, et les riches à s’en passer.
Mais ce ne sont pas les riches qui font peur à l’Etat, car seuls les pauvres, mécontents de leur sort, sont susceptibles de se révolter. Par conséquent, ils ne doivent pas être libres. D’ailleurs, les exemples sont légion pour corroborer cette affirmation : alors que la loi Hadopi (aux dires mêmes de certains « hauts placés ») va « sensibiliser la population » au crime qu’elle est en train de commettre, les riches et les véritables délinquants ne paieront rien ou si peu. Alors que la justice est aussi lente pour défendre le peuple qu’à attaquer les « grands », les petits délinquants passent en comparution immédiate, et les grands payent des amendes moins grandes que les gains permis par leurs délits.
Et en parallèle on apprend que désormais, le préfet pourra garder enfermée une personne que les médecins considèrent guérie, et que les « français précaires » pourront perdre leur nationalité (et leurs droits !) si, par exemple, ils se battent contre la police lors des manifestations…
Les riches amis du roi achètent des journaux, l’AFP arrive sous contrôle de l’Etat, et le service public audiovisuel a déjà été purgé. La démonétisation permet le traçage de toutes les transactions, les lois permettent toutes les écoutes, la technologie la surveillance de tous les instants, en attendant la puce RFID…tout cela sans compter l’éducation qui refait l’histoire, la philosophie qui disparaît. Et pire encore, les OGM qui vont bientôt abolir l’agriculture traditionnelle, et internet qui deviendra notre seul lien vers l’extérieur, ouvert sur les seules images que voudront bien nous laisser voir nos dirigeants, réelles ou pas….
Nos enfants vont devenir des idiots incapables de réfléchir, de se nourrir sans semences transgéniques et de se loger, comme les gros chats domestiques que l’on voit aujourd’hui, incapables d’un quelconque retour à leur état sauvage. Dépendants. Comme aux produits qu’on nous vend pour dormir, maigrir, avoir l’air beau ou heureux. Et tout cela s’organise là -haut, presque en plein jour… sommes-nous déjà les esclaves que nous redoutons de devenir, pour que nous ne soyons pas capables de nous prendre en main ?
Mais si nous sommes trop lâches pour le faire pour notre propre bien, aurions-nous le droit de l’être aussi pour nos enfants ?
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr