RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Trilogie Israélienne : 3. De la «  Pax israelia » à la «  Paix des braves » !

Trilogie Israélienne : 3. De la « Pax israelia » à la « Paix des braves » !

De prime abord, je dois avouer que je ne prétends nullement à une objectivité totale, mais j’ai essayé, dans ce qui va suivre, de m’appuyer, autant que faire se peut, sur des éléments tangibles et objectifs.

En premier lieu, il convient de souligner que c’est bien Israël, en réalité, qui a créé le Hamas, « en pensant (comme l’assure Zeev Sternell, historien et Professeur à l’université hébraïque de Jérusalem) que c’était intelligent de jouer les islamistes contre l’OLP ».

En effet l’histoire du Hamas a commencé au début des années soixante-dix, quand Ahmed Yassine, de retour du Caire, fonde une association islamique de bienfaisance, et ce bien avant la création du Hamas lui-même, en 1987. Golda Meir, alors premier ministre, était la première à percevoir dans ce mouvement un contrepoids efficace au Fatah d’Arafat et aux autres organisations palestiniennes de gauche. D’ailleurs, l’hebdomadaire israélien, Koteret Rashit écrivait en octobre 1987 (cf., le quotidien le Monde du 18 novembre 1987) : « Le gouvernement militaire (en charge de l’administration de la Cisjordanie et de Gaza) était convaincu que ces activités ( i.e. les activités de ladite association : création d’orphelinats, de dispensaires, d’une Université Islamique à Gaza, en 1978, … mise en place d’un réseau scolaire, d’ateliers de confections pour l’emploi des femmes,…) affaibliraient l’OLP et les organisations de gauche à Gaza ». La première Intifada, qui a débuté en octobre 1987, a pris au dépourvu le mouvement islamiste d’Ahmed Yassine et a été l’un des éléments moteur qui a conduit ce mouvement à prendre le train « de la résistance » à Israël en marche, et ce en créant, le 14 décembre 1987, sans être inquiété par le gouvernement militaire, le Hamas (acronyme partiel de l’expression « Mouvement de la résistance islamique » en arabe).

Initialement, le Hamas a déclaré dans sa Charte que son but essentiel est la « Libération de la Palestine » historique (i.e. le territoire actuel composé de l’État d’Israël, la Cisjordanie et la Bande de Gaza). On peut, d’abord, considérer cette Déclaration comme étant un des principaux arguments qui ont servi le plus Israël pour s’opposer à tout traité de paix qui ne soit pas une « Pax israelia » et qui l’ont conduit à être tolérant envers le Hamas, tant qu’il ne l’abandonne pas.

Et c’est ainsi, grâce à la bénédiction d’Israël, que les islamistes ont pu tisser, calmement, leur toile, au prix d’une répression impitoyable frappant les militants du Fatah et de la gauche palestinienne. Se nourrissant des échecs successifs du processus de paix, échecs auxquels il a contribué , indirectement, de concert avec Israël (Israël qui multiplie les entraves à l’application des accords d’Oslo et qui refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU ou toute autre « feuille de route », et le Hamas qui continue à prôner la Libération de la Palestine historique), le Hamas a pu « prospérer » avant de prendre le pouvoir à Gaza en juin 2007.

On peut, aussi, considérer que c’est l’abandon de ladite Déclaration par le Hamas, en 2006, qui a conduit Israël, se trouvant dans la position de l’arroseur arrosé, à abandonner son allié implicite dans sa farouche opposition à la conclusion d’un Traité de Paix des Braves. En effet, Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas, a déclaré dans le Monde Diplomatique du 22 décembre 2008 : « Le Hamas et les forces palestiniennes ont offert une occasion en or d’apporter une solution raisonnable au conflit israélo-arabe. Malheureusement, personne ne s’en est saisi, ni l’administration américaine, ni l’Europe, ni le Quartet. Notre bonne volonté s’est heurtée au refus israélien que personne n’a la capacité ou la volonté de surmonter. Dans le document d’entente nationale de 2006 signé avec toutes les forces palestiniennes (à l’exception du Jihad islamique), nous affirmons notre acceptation d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem comme capitale ». En outre Khaled Mechaal a déclaré, en février 2006 à un journal russe : « Si Israël reconnait nos droits et s’engage à se retirer de tous les territoires occupés en 1967, le Hamas, et avec lui l’ensemble du peuple palestinien, décideront de mettre un terme à la résistance armée ». Enfin, en décembre 2008, quelques jours avant la meurtrière offensive israélienne « Plomb Durci » dans la Bande de Gaza, le même dirigeant du Hamas, Khaled Machaal, a déclaré : « Nous avons une position de réserve par rapport à la reconnaissance d’Israël. Mais, malgré cela, nous avons dit que nous ne serions pas un obstacle aux actions arabes pour la mise en oeuvre de l’initiative arabe de 2002 (celle-ci propose à Israël une reconnaissance globale en échange de la fin de l’occupation Israélienne de Jérusalem Est, de la Cisjordanie, du Golan et des fermes de Cheeba). Les Arabes ont multiplié les initiatives. Ils ont renouvelé leur proposition en 2007. Et, malgré cela, la direction israélienne refuse l’initiative de paix arabe, elle la découpe en parties, elle joue sur les mots, elle multiplie les manoeuvres ».

Aussi, continuer à proclamer, aujourd’hui, que le Hamas prône la destruction de l’Etat d’Israël relève de l’intox et de la désinformation dont le seul but est de justifier la farouche opposition de la direction israélienne actuelle à tout traité de paix qui ne soit pas une « Pax israelia ».

La Stratégie israélienne a connu un premier revers au Liban en 2006, un second à Gaza, en janvier 2009, et un troisième, tout récemment, suite au massacre subi, le 31 mai 2010, par la « Flottille de la Paix » de la part de la Marine Israélienne. Ce dernier revers sonne comme étant le début de la fin de l’impunité d’Israël, impunité qui a fait repousser toutes les opportunités de paix : Israël, étant au dessus des lois, n’était prêt qu’à signer une « Pax israelia », à sa pointure, que le peuple palestinien doit accepter sans conditions. En outre, à défaut d’acheminer sa cargaison à bon port, la « Flottille de la Paix », avec le massacre qu’elle a subi, a ouvert une importante brèche dans la stratégie israélienne, dans laquelle s’est glissée l’administration américaine, en conduisant la communauté internationale à dénoncer, rigoureusement et d’une seule voix, le blocus de Gaza, en vigueur depuis 2007, et ses tragédies humanitaires insupportables.

La question qui s’impose, devant le massacre subi par la « Flottille de la Paix » et devant les souffrances du peuple palestinien, qui perdurent depuis plus de six décennies, est de se demander comment se fait-il qu’un peuple qui a subi la barbarie nazie la plus atroce peut se montrer aussi cruel envers un autre peuple ? Je suis sûr que ce qui se passe, aujourd’hui, sur la Terre de Palestine doit indigner ces millions d’innocentes victimes de la Shoa qui nous regardent de là -haut ou de quelque part !

Dans ce cadre, le quotidien Haaretz (troisième quotidien d’Israël) n’a pas hésité, moins de deux semaines avant le drame de la Flottille de la Paix, à écrire, sous la plume de Bradley Burston, que certaines décisions du gouvernement israélien d’aujourd’hui sont dignes d’un état fasciste (HAARETZ.com 18.05.10).

Que tous ces événements puissent conduire tous ceux qui partagent la devise « Même quand Israël a tort, Israël a raison », et dont le cerveau bogue dès qu’il est question d’Israël, à se rendre compte qu’Israël ne peut plus continuer longtemps à rester sourd aux injonctions du Droit International, que le temps est compté, que le vent tourne, et qu’être raisonnable se conjugue, aussi, en hébreu et se trouve au centre de la Sagesse Talmudique.

Que ce qui s’est passé ce 31 mai puisse précipiter les pourparlers israélo-palestiniens, être les prémisses de la fondation d’un État palestinien, indépendant et prospère, de la conclusion d’une Paix des braves entre tous les belligérants de la région, de la transformation de Jérusalem la Sainte (El-QÅ« ds), après avoir été, de tous les temps, le terrain d’affrontement et de déchirement de toutes les croyances et de tous les empires, en un terrain de la concorde de toutes les spiritualités, avec, en premier, celles des descendants des enfants d’Abraham.

HORCHANI Salah

URL de cet article 11603
  

Même Thème
Israël/Palestine - Du refus d’être complice à l’engagement
Pierre STAMBUL
Entre Mer Méditerranée et Jourdain, Palestiniens et Israéliens sont en nombre sensiblement égal. Mais les Israéliens possèdent tout : les richesses, la terre, l’eau, les droits politiques. La Palestine est volontairement étranglée et sa société est détruite. L’inégalité est flagrante et institutionnelle. Il faut dire les mots pour décrire ce qui est à l’oeuvre : occupation, colonisation, apartheid, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, racisme. La majorité des Israéliens espèrent qu’à terme, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Moins vous êtes, plus vous avez... Ainsi, toutes les passions et toutes les activités sont englouties dans la cupidité.

Karl Marx

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.