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Auteur : Martine BULARD

Le « bling bling » humanitaire frappe (aussi) la Birmanie

Martine BULARD

Accusant la junte militaire birmane de « crimes contre l’humanité », M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, réclame une « intervention humanitaire » immédiate. Jamais en retard d’une opération médiatique, le ministre a sans doute, comme Bernard-Henri Lévy, cette « nostalgie du temps où la France inventait, et imposait au monde, le droit et le devoir d’ingérence » (bloc-notes du Point, n° 1861, 15 mai 2008). Heureux temps où M. Kouchner débarquait à Mogadiscio, en Somalie, sac de riz sur le dos, accompagné par les caméras de télévision, telle une star montant les marches du Festival de Cannes. C’était en décembre 1992. On connaît les conséquences dramatiques de ces opérations humanitaro-militaires à grand spectacle.

Il est vrai que le ministre connaît fort bien la Birmanie. Voici peu, il s'était transformé en enquêteur (rétribué) pour le groupe pétrolier Total, accusé d'accepter le « travail forcé » de prisonniers, voire d'enfants, pour la construction et le fonctionnement d'un gazoduc dont il assure l'exploitation. M. Kouchner n'a rien vu, sauf les bienfaits apportés par le pétrolier, largement détaillés dans son rapport, « Relation d'un voyage et de la découverte d'une industrie muette » (BK Conseil, 29 septembre 2003). Avec cette caution morale, Total a pu continuer ses affaires birmanes comme si de rien n'était. Que l'on soit ému par les rares images qui nous parviennent de Birmanie, c'est normal. Comme l'a écrit ici même Mira Kamdar, la junte militaire est à la fois paranoïaque et corrompue. Les généraux au pouvoir veulent à la fois limiter les coopérations étrangères qui perturbent leurs plans et s'approprier une partie de l'aide. Selon l'Organisation des Nations unies, le typhon a fait au moins 133 000 morts ; (...) Lire la suite »