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Auteur : Serge HALIMI

Pour Julian Assange

Serge HALIMI
Fier comme Artaban, souriant, entouré d’une cinquantaine de photographes et de cadreurs, Jim Acosta a opéré, le 16 novembre dernier, son retour en fanfare à la Maison Blanche. Quelques jours plus tôt, il avait perdu son accréditation de correspondant de Cable News Network (CNN), mais la justice américaine a obligé le président Donald Trump à annuler la sanction. « C’était un test, et nous l’avons passé avec succès, a fanfaronné Acosta. Les journalistes doivent savoir que, dans ce pays, la liberté de la presse est sacrée, et qu’ils sont protégés par la Constitution [pour] enquêter sur ce que font nos gouvernants et nos dirigeants. » Fondu enchaîné, musique, happy end… Réfugié depuis six ans à l’ambassade d’Équateur à Londres, M. Julian Assange n’a sans doute pas pu suivre en direct sur CNN un dénouement aussi émouvant. Car son existence à lui ressemble à celle d’un prisonnier. Interdiction de sortir, sous peine d’être arrêté par les autorités britanniques, puis, sans doute, extradé vers les États-Unis ; (...) Lire la suite »
Aides à la presse, un scandale qui dure

Le poids des euros, le choc des critères

Serge HALIMI

Fin 2013, les chiffres publiés par le ministère de la culture et de la communication ont signalé que le magazine Closer avait, l’année précédente, reçu une aide publique trois fois supérieure à celle du Monde diplomatique (1). La publication qui se consacre aux potins sur les célébrités se hissait ainsi au 91e rang des titres aidés par le contribuable, tandis que ce mensuel n’accédait alors qu’à la 178e place. L’injustice parut sans doute insoutenable puisque l’année suivante, tandis que Closer progressait de trois places… Le Monde diplomatique disparut du classement (2).

D’autres modifications étaient intervenues entre-temps. Avec 16,2 millions d’euros de subsides divers, Le Figaro raflait d’une très courte tête au Monde la médaille d’or des publications assistées par ce que, dans d’autres circonstances, les libéraux appellent la « mamma étatique ». Même lorsqu’ils sont détenus par des industriels et des financiers, les journaux et les magazines les plus gavés de publicité et les plus éloignés de toute mission d’information publique se taillent en effet la part du lion des aides publiques. Les quatre magazines de télévision Télé 7 Jours, Télé Star, Télé Loisirs et Télé Z se sont ainsi adjugé près de 20 millions d’euros en 2013. Moisson moins abondante pour Le Monde diplomatique et Manière de voir : 108 600 euros. Dans une question écrite adressée à Mme la ministre de la culture et de la communication et publiée au Journal officiel le 27 mai dernier, le député socialiste d’Ille-et-Vilaine Marcel Rougemont s’est étonné que Closer ait reçu « une aide publique en 2012 d’un montant de 558 (...) Lire la suite »
Appel aux lecteurs par le Monde Diplomatique

L’information gratuite n’existe pas

Serge HALIMI
Même si quelques internautes semblent encore l'ignorer, l'information gratuite n'existe pas. Pour certains journaux, sites, moteurs de recherche, qui se contentent de répercuter gratuitement les données et analyses que d'autres ont collectées, tout paraît magnifique. Surtout quand ils s'octroient la part du lion des recettes publicitaires ainsi obtenues. Mais le privilège extravagant qui leur est concédé n'aura qu'un temps. Google lui-même l'a bien compris, qui admet par la voix de son PDG Eric Schmidt avoir « désespérément besoin que les journaux, magazines et sociétés de presse réussissent, car il nous faut leur contenu ». Or, pour ces derniers, tout devient de plus en plus difficile. Lorsqu'ils ne sont pas adossés à des journaux papier, les sites d'information ne parviennent pas à financer leurs dépenses par le biais d'abonnements, de recettes publicitaires, ou d'un système associant l'un et l'autre. Afin de survivre, ils font donc régulièrement appel à de nouveaux investisseurs à qui ils ne (...) Lire la suite »

Penser l’impensable

Serge HALIMI

Ainsi donc tout était possible. Une intervention financière massive de l’Etat. L’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen. Une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance. La mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible car il fallait sauver les banques.

Pendant trente ans, la moindre idée d'une altération quelconque des fondements de l'ordre libéral afin, par exemple, d'améliorer les conditions d'existence de la majorité de la population s'était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque ; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n'accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la « réforme » s'est faite, mais dans l'autre sens. Celui d'une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash « créant de la valeur » pour l'actionnaire. Celui d'une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s'endetter pour préserver leur pouvoir d'achat, à « investir » (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, (...) Lire la suite »

Jacques Attali, magicien. Ségolène Royale le salue.

Serge HALIMI
[Quoi qu'il en soit, embarrassant certains de ses amis politiques, Mme Royal a apporté sa caution au rapport Attali, estimant que les membres de la commission constituaient « une équipe d'une grande intelligence » (ce qui est assez probable) et « d'une grande diversité » (ce qui est rigoureusement faux). « Donc c'est cadeau, a conclu l'ancienne candidate de gauche à l'élection présidentielle, C'est sur la table, c'est pour aider la France. »] Le Monde Diplomatique, vendredi 25 janvier 2008. « Tout ce que vous proposerez, je le ferai », avait promis M. Nicolas Sarkozy au moment de confier à M. Jacques Attali la responsabilité d'un rapport destiné à « libérer la croissance française ». Le président de la République a-t-il une fois de plus pris la mesure de son impulsivité " et de son imprudence ? En tout cas, deux des principales recommandations de la commission Attali " la suppression du département et l'abandon du « principe de précaution » dans le domaine de l'environnement " ont d'ores (...) Lire la suite »

L’oligarchie, le Parti socialiste et Bernard-Henri Lévy.

Serge HALIMI
Le Monde Diplomatique, novembre 2007. Restauration française Les mobilisations sociales en France, dans les transports et dans la fonction publique, vont-elles rééquilibrer un climat général caractérisé par une offensive des forces conservatrices ? Depuis l'élection, en mai dernier, de M. Nicolas Sarkozy, les décisions du gouvernement n'ont cessé de favoriser les plus privilégiés (fiscalité) et de déstabiliser les plus vulnérables (droit du travail, couverture médicale, immigration). Cet assaut a rencontré peu de résistances, en partie parce que certains syndicats et partis politiques paraissent avant tout désireux de négocier les conditions de leur défaite. La principale formation d'opposition, le parti socialiste (PS), qui a déjà fourni nombre de ministres et de membres de commissions officielles au nouveau pouvoir, envisage à présent de substituer à sa vieille stratégie d'union de la gauche celle de l'alliance au centre et de proclamer plus solennellement son soutien au marché, au libéralisme, à (...) Lire la suite »