Le dernier opus d’Erwin Wagenhofer, dans certaines salles obscures depuis le 21 octobre, ne porte pas sur la nouvelle entité qui chapeaute depuis le 2 octobre le géant de Mountain View (Californie) Google (1). Terminé début 2013, il décrypte « l’attitude qui définit l’éducation » à l’ère où les tenants du néo- ou de l’ultralibéralisme assènent leurs pseudo-« vérités » en ânonnant à cor et à cris l’antienne du « il n’y a pas d’alternative » !... Le long-métrage de cent huit minutes (sous-titre « Fear or love ») clôt la « trilogie de l’épuisement ». Ce vocable synthétise le mieux, selon le réalisateur autrichien, l’état de nos sociétés.
Je ne doute certes pas de la sincérité de toutes celles et ceux qui ont extériorisé, de quelque manière que ce soit, leur effroi, leur tristesse, leur désir de redéfinir le « vivre ensemble », face à la si lâche exécution de dix-sept personnes, les 7, 8 et 9 janvier. Mais je m’insurge contre l’écœurante récupération par de vils politiciens opportunistes qui surfent indécemment sur notre douleur et notre compassion, pour des desseins guère compatibles avec les « valeurs » dont ils se gargarisent.
Le titre original du long-métrage d’Alain Gsponer : « Akte Grüninger – Die Geschichte eines Grenzgängers », je le traduirais par « Dossier Grüninger – L’histoire d’un frontalier ». Les producteurs et distributeurs romands ont préféré « Paul Grüninger, le juste ». Lors de sa première, le jeudi 23 janvier 2014, en ouverture des 49èmes Journées cinématographiques de Soleure, le film déclencha un enthousiasme quasi généralisé. La figure centrale de cette fiction (dans les deux sens du terme), diffusée les 31 octobre, 2 et 7 novembre sur Arte, était-elle réellement d’une abnégation et d’une intégrité sans failles, comme le clame la cohorte des laudateurs ? Moi-même, j’ai longtemps attaché foi à la version officielle. Un minimum d’investigations et de recoupements contraint à quelque « révision »…
Je m’intéresse bien davantage à l’Europe, entité géographique, riche de ses diversités culturelles et paysagères, qu’au scrutin en vue de la composition du Parlement dont les prérogatives se situent nettement en deçà de celles dévolues généralement à ce type d’assemblée. Je ne commenterai pas en détails les résultats du dimanche 25 mai, mais note que la plupart des listes que les médias qualifient de « petites » s’alignèrent avec des handicaps rédhibitoires (candidat(-e)s non invité(-e)s sur les plateaux de télévision et de radio, faute d’argent, pas de profession de foi, ni de spot de campagne, bulletin de vote à imprimer depuis un site web…). Un déni de « démocratie authentique », symptomatique du fonctionnement opaque des institutions européennes.
J’ai déjà souligné à plusieurs reprises, ici et ailleurs, l’exceptionnelle vitalité du cinéma documentaire helvétique. Le cru 2012 ne dément pas cette réjouissante tendance. Deux longs-métrages ne déplacent pas uniquement les foules autochtones vers les salles obscures, mais rencontrent également un écho des plus flatteurs à l’étranger, y compris, sous nos latitudes.
Le lundi 10 décembre, autour de midi, sous les lambris de l’Hôtel de ville d’Oslo, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, le Belge Herman von Rompuy, celui du Conseil européen, et l’Allemand Martin Schulz, qui tient le perchoir au Parlement strasbourgeois (1), ont reçu en grandes pompes le Prix Nobel de la Paix 2012 au nom de l’Union des 27. On peut évidemment contester le choix arrêté, le 12 octobre, par le comité norvégien, voire considérer que cette attribution s’apparente à une « farce grotesque » (2). Je ne gloserai pas ici sur les orientations politiques, diplomatiques et économiques du conglomérat. Je préfère évoquer une autre cérémonie, qui s’est déroulée, vendredi dernier, dans l’enceinte du Riksdag, la chambre des députés à Stockholm, et que les médias ont superbement ignorée : la remise du Right Livelihood Award, généralement qualifié de « Nobel alternatif », à trois personnes et un mouvement oeuvrant réellement pour le bienfait de l’humanité.
La lecture indispensable du premier ouvrage de Hugues Stoeckel (1), d’une exceptionnelle densité informative (479 renvois de bas de page invitant à enrichir notre savoir), nécessite une concentration maximale et la mobilisation de l’ensemble des dendrites qui garnissent nos neurones. On en sort d’autant moins indemne que le professeur de mathématiques retraité réfute résolument le « devoir d’optimisme », cette « forme d’aveuglement » que beaucoup « d’écologistes » ( ?!?) instillent, par commodité, inconscience ou négation des réalités, dans leurs écrits.
Lundi soir, sur France 2, dans l’émission cornaquée par l’insupportable Yves Calvi, par ailleurs modérateur de « C dans l’air » (1), les dix candidat(-e)s à l’élection présidentielle ou leurs délégué(-e)s disposaient chacun(-e) d’environ douze minutes pour énoncer leur point de vue sur la dette, l’emploi, l’immigration et le nucléaire. Je me focaliserai sur la dernière thématique, très peu abordée dans les « débats » d’avant premier tour.
Pour ses trente ans, "Silence", la plus ancienne revue écologiste « généraliste » diffusée régulièrement (1) de nos jours, a consacré son numéro 400, richement illustré (192 photos, dessins, logos…), à « L’écologie en 600 dates » (2), de la naissance de l’agriculture biologique, il y a environ cent vingt siècles, à notre ère.