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Auteur : Loic RAMIREZ

Lichita – disparition forcée d’une adolescente dont la famille est membre de la guérilla, au Paraguay.

Loic RAMIREZ
Ni caméra, ni appareil photo. Pas même un téléphone portable. Juste du papier et un stylo. « Comme à la vieille école », me dit le contact. L’objectif est d’entrer dans le centre pénitentiaire pour femmes du Buen Pastor, à Asunción. Je dois m’y présenter en tant que visiteur afin de réaliser un entretien avec l’une des détenues. Le faire en tant que journaliste, officiellement, serait bien plus compliqué. « Quel est votre lien avec la prisonnière ? », demande la gardienne. « C’est une connaissance ». Fouille au corps, les poches vidées, chaussures retirées. « C’est bon, vous pouvez y aller ». Arrivé dans une grande cour dans laquelle se regroupe plus d’une centaine de femmes, une personne s’approche rapidement et demande :« Vous cherchez qui ? » ; « Carmen Villalba ». La détenue est connue. En réalité, c’est presque une célébrité. Ici, et au delà des murs. Carmen Villalba est une révolutionnaire paraguayenne, militante communiste, considérée comme l’une des fondatrice du groupe armé Ejército del Pueblo Paraguayo (...) Lire la suite »

L’art du possible - la position des communistes face à l’invasion russe de l’Ukraine.

Loic RAMIREZ
« Ce à quoi nous assistons depuis le 24 février est un retour à l'âge des impérialismes et des colonies » déclara le président français Emmanuel Macron, le mardi 20 septembre 2022, à l’Assemblée des Nations Unies. Dénonçant l’invasion du territoire ukrainien par l’armée russe, le dirigeant occidental singeait une posture antiimpérialiste qu’il savait probablement lui-même hypocrite. Les interventions en Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, pour ne citer que les plus récentes, étaient volontairement oubliées. La colonisation israélienne de la Palestine, effacée. Comme persuadée que l’amnésie sélective touchait toutes les nations du monde, la propagande de guerre occidentale se déversait à la tribune et la Russie devait éclipser toute l’histoire militaire récente des Etats-Unis et de ses alliés de l’OTAN. Mais le sujet de « l’impérialisme russe » s’est également invité dans la gauche européenne, y compris la plus radicale. Une discorde a même vu le Parti communiste de Grèce s’opposer à son homologue russe sur ce thème (...) Lire la suite »
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La Transnistrie ou l’Etat sans nation

Loic RAMIREZ
« Pridnestrovie ! » s’empresse de corriger Iulia avec un regard faussement sévère. Un sourire en guise d’excuse, Anton reste concentré sur la route, les mains sur le volant. Le jeune homme venait d’utiliser le mot « Transnistrie » pour désigner son pays, s’attirant les foudres de sa collègue. Les deux sont des employés du ministère de l’Information, chargés de remettre les visas aux journalistes qui viennent travailler sur place. « C’est quelque chose que l’on doit corriger nous-mêmes - explique Iulia - nous avons pris l’habitude de dire « Transnistrie » car c’est le mot utilisé dans les langues étrangères, comme l’anglais, mais notre pays c’est la Pridnestrovie » (près du Dniestr, en russe). Ou plus précisément, la République moldave du Dniestr, du nom du fleuve qui longe le territoire de l’entité étatique. Petite enclave qualifiée de « séparatiste », officiellement située à l’Est de la République de Moldavie, la Transnistrie est un Etat indépendant depuis 1990 mais non reconnu au niveau international. Zone (...) Lire la suite »

La guérilla au Paraguay

Loic RAMIREZ
Qu'est-ce que l'Ejercito del Pueblo Paraguayo ? Au début, on n’y prête pas attention. On ne les voit pas. Puis une fois que vous en avez remarqué un, vous les remarquez tous. Accrochés aux fenêtres, aux portes, aux poteaux et jusque sur les arbres. Partout, se distinguent des rubans blancs dans les rues ensoleillées de la ville de Concepción, située dans le nord du Paraguay. Ils symbolisent le soutien des habitants à l’égard d’Oscar Denis, ancien vice-président de la République, enlevé le 9 septembre 2020 par un groupe d’hommes armés dans le district de Yby Yau, dans le département limitrophe d’Amambay. « La solidarité a été forte dans tout le pays » affirme Beatriz Denis, fille du disparu. « Mais depuis plusieurs mois nous n’avons aucune nouvelle des ravisseurs, nous avons pourtant respecté toutes les exigences, réparti tous les vivres ». Revendiqué par l’Armée du peuple paraguayen (l’EPP, Ejército del Pueblo Paraguayo), l’enlèvement de cet ancien sénateur de 74 ans, natif de la région, s’est accompagné (...) Lire la suite »

Le Bélarus ou la dernière part du gâteau

Loic RAMIREZ
Le vote Jour d’élection ce 9 août 2020. Olga m’a invité à me rendre au bureau de vote avec elle. Ponctuelle, elle me retrouve à la station de métro Avtazavodskaya (Автозаводская). « Tu vas voir, il y a habituellement des stands sur lesquels tu peux acheter des produits alimentaires ou boire de l’alcool, il y a aussi de la musique ». Comme annoncé, une chanson aux accents pop nous accueille devant l’établissement scolaire situé au numéro 51 de la rue Narodnaïa ( улица Народная ), à Minsk. Des tables et des chaises ont été installées dans la cour intérieure et quelques personnes s’y sont assises afin de manger et boire quelques rafraîchissements. « C’est un moyen d’attirer du monde, de favoriser la participation » explique Olga sans cacher sa moue moqueuse. La jeune femme est une ancienne journaliste. Porteuse d’un regard attentif sur la vie politique de son pays, elle sait à quel point le scrutin est sous haute tension. « c’est un moment intéressant » dit-elle avec une sorte d’enthousiasme. Cinq candidats sont présents sur la (...) Lire la suite »

En Biélorussie, les jeunes urbains en première ligne

Loic RAMIREZ

Sommé par la rue de quitter le pouvoir, le président biélorusse s’est plié aux exigences de Moscou, qui demandait l’organisation d’une réforme constitutionnelle. Quelques semaines auparavant, les contestataires, éclairés par le précédent ukrainien, refusaient toute ingérence, espérant que leur seul nombre suffirait à déposer le dirigeant.

Mi-août 2020. À la télévision, les images de manifestations tournent en boucle. « Ça va bientôt se terminer », lâche M. Stas L.. sans même jeter un coup d’œil à l’écran. Le dos tourné aux nouvelles, assis dans un bar de Brahine, dans le sud de la Biélorussie, lui et ses amis, tous trentenaires, discutent autour d’une bouteille de vodka. Cela fait cinq jours qu’une vague de protestation d’une ampleur inédite balaie le pays. La suite des événements lui donnera tort : la contestation se poursuivait encore à la mi-septembre, notamment le week-end lors de marches rassemblant toujours des centaines de milliers de personnes, à Minsk et dans d’autres grandes villes du pays. La réélection de M. Alexandre Loukachenko, le 9 août 2020, et les protestations qui ont suivi ont placé la Biélorussie au centre de l’attention médiatique internationale. Le président entame son sixième mandat d’affilée depuis 1994, après avoir obtenu 80,23 % des voix lors d’un scrutin entaché de fraudes. Il battait ainsi sa principale rivale, Mme (...) Lire la suite »
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Le Bélarus sans masque (médiatique)

Loic RAMIREZ

Confrontée à la pandémie du COVID-19, la République du Bélarus est également la cible d’une campagne de dénigrement.

Grigory Ioffe est professeur de géographie à l’Université de Radford aux Etats-Unis. Né en Russie, il a écrit plusieurs articles sur les pays de l’espace post-soviétique et a publié deux livres sur la République du Bélarus. Russophone, il a interrogé à plusieurs reprises le président Alexandre Loukachenko au cours de ses séjours dans le pays. Lors d’un entretien avec ce dernier, en juillet 2011, il a abordé la question de « l’interdiction des applaudissements ». A cette époque, une série d’articles était parue relayant cette information : le régime bélarussien aurait menacé d’arrêter toute personne surprise en train d’applaudir durant la parade annuelle du 3 juillet (Fête nationale). La raison ? Face à la répression policière, l’acte serait devenu un symbole d’opposition au gouvernement de l’autoritaire Loukachenko. Partout cette information fut reprise, y compris sur la chaîne d’information continu Euronews. « Aurais-je dû dire à Euronews que cela était faux ? Que nous n’avions pas interdit d’applaudir ? » (...) Lire la suite »

République populaire de Donetsk : l’occasion manquée ?

Loic RAMIREZ
Le visage emmitouflé derrière son tour de cou, le bonnet sur la tête, Alexis monte la garde près de la voie ferrée qui se trouve derrière lui. Le fusil mitrailleur en bandoulière, il s’est mis à l’abri sous le porche d’une boutique afin d’échapper à la pluie froide. « J’ai encore des douleurs le matin, mais moins fortes » dit-il en montrant ses jambes. Alexis Castillo est un soldat de l’armée régulière de la République populaire de Donetsk. Militant communiste, citoyen espagnol d’origine colombienne, le jeune homme est l’un des volontaires venus combattre dans l’Est de l’Ukraine en 2014 aux côtés des sécessionnistes du Donbass. Rencontré en mars 2017 pour le média Le Grand Soir [50], il a depuis été sévèrement blessé sur le front. « Ça s’est passé le 10 août 2017, nous étions près de la ville de Gorlovka, au sein du territoire de la République de Donetsk où, selon nos informations, il y avait du mouvement ennemi » raconte le combattant. « Nous étions 4 et devions vérifier la zone. Nous avons commencé a regarder dans (...) Lire la suite »

Le Bélarus, l’Etat miraculé

Loic RAMIREZ
La route est en bon état. En très bon état même. Elle nous conduit de Minsk, la capitale, jusqu’au Sud du pays, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Ukraine. Je n’ai pas tout de suite réalisé qu’il n’y avait pas de péage. Ni sur celle-ci, ni sur aucune route du territoire d’ailleurs. Elles sont toutes publiques. Nous traversons plusieurs villages jusqu’à atteindre celui d’Axova (Ахова), à moins d’une heure de route de la grande ville de Pinsk. Combien d’habitants habitent ce hameau ? A en croire le nombre de datchas, peut-être une cinquantaine. A l’entrée de la bourgade, on distingue une école derrière une clôture et des arbres. Sur le sol, un dos d’âne incite les automobilistes à freiner et une peinture sur le bitume informe de la présence fréquente d’enfants au passage piéton suivant. En cette matinée de septembre, c’est jour de rentrée pour les écoliers. Chemises blanches et robes sont à l’honneur. Accompagnés par leurs parents, une trentaine d’enfants se regroupent devant l’entrée du bâtiment scolaire où (...) Lire la suite »

Guyane, retour sur une colère générale

Loic RAMIREZ

Reportage dans ce territoire français d’Amérique latine 1 an après le mouvement de blocages de 2017. Les militantes et militants de l’époque font le bilan et tirent les leçons d’une mobilisation « historique » qui n’a malheureusement presque « rien changé ». Retour sur une colère générale qui cherche encore son chemin vers la victoire.

Vu depuis l’avion, la Guyane ressemble à un immense brocoli, dit-on. Et c’est vrai. Recouvert à plus de 95% de forêt, le territoire offre sa chevelure verdoyante aux curieux qui le guettent à travers les hublots. Lundi 14 mai 2018, arrivée à l’aéroport Felix Eboué de Cayenne (du nom de l’enfant de Cayenne devenu administrateur colonial au Tchad, qui rallia en 1944 cette possession française à la France libre de De Gaulle). Seuls les taxis peuvent vous amener en ville. Pas de bus, aucun autre moyen de transport, rien. Sur la route goudronnée, nul éclairage, à peine quelques panneaux de signalisation. Seule la forêt tropicale encadre le chemin, à perte de vue. Un paysage brut et sauvage pour un département français de plus de 80 000 kilomètres carrés situé sur le Plateau des Guyanes, au nord-est du continent sud-américain. « Le seul pays non indépendant de la région, une sorte de verrue » formule Fabien Canavy, le secrétaire général du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (MDES), un parti (...) Lire la suite »
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