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Auteur : Emiliano Alessandroni

Losurdo : La paix : une longue histoire troublée entre idées et réalité

Emiliano Alessandroni

C'était en 2016. Ce livre inestimable de Domenico Losurdo venait de sortir, l'avant-dernier avant sa mort (survenue en 2018), qui retrace par étapes l'histoire philosophico-politique de l'idée de " paix " (mais aussi des guerres et des dangers de la guerre) de la fin du XVIIe siècle à nos jours. Voici l'entretien que j'ai réalisé avec lui dans un passé pas si lointain et qui pourtant peut peut-être nous faire comprendre bien des choses sur les conflits armés de notre présent. Je la reproduis ici dans son intégralité en espérant qu'au-delà de la diversité des opinions, elle pourra enrichir le débat actuel d'un contenu nouveau

Entretien avec Domenico Losurdo Alessandroni - Commençons par un lien immédiat : le thème central de votre nouveau livre (D. Losurdo, Un monde sans guerre. L'idée de paix des promesses du passé aux tragédies du présent, Carocci, Rome) ne peut qu'évoquer, pour les lecteurs qui ont un peu suivi votre parcours intellectuel, un autre thème auquel vous avez consacré de l'attention au cours de vos études : celui de la non-violence (cf. La non-violenza. Una storia fuori dal mito, Laterza, Roma-Bari 2010). Existe-t-il un fil conducteur entre ces thèmes et entre ces deux études ? Losurdo - Le livre sur la non-violence aboutit à un résultat très surprenant pour le lecteur ordinaire. Au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale, Gandhi s'est proposé comme "recruteur en chef" de troupes indiennes pour l'armée britannique et a lancé un appel à la mobilisation totale : l'Inde devait être prête à "offrir tous ses fils capables en sacrifice pour l'Empire en cette heure critique" ; "nous devons donner (...) Lire la suite »

Losurdo : un comparaison entre Lénine et Gandhi

Emiliano Alessandroni

Emiliano Alessandroni est un jeune philosophe italien, élève de Domenico Losurdo, et militant communiste du PCI. Il enseigne à l'université d'Urbino comme son maître. Alessandroni a repris les principales catégories de Losurdo (sur le libéralisme, la démocratie, l'impérialisme et la lutte des classes) et continue à les développer dans la lignée de Losurdo. Il est l'auteur d'ouvrages très intéressants sur Hegel, Lukacs et Gramsci.

Il y a aujourd'hui 150 ans que Lénine est né. Et comme d'habitude, toute la presse libérale se lance dans une campagne de diabolisation et de criminalisation du leader révolutionnaire. Une campagne qui prend facilement racine même à gauche, où le léninisme devient souvent synonyme de violence et de penchant autoritaire, à opposer à la pureté du pacifisme gandhien. Un schéma qui ne convainc toutefois pas Losurdo et qui, dans "La non-violenza. Una storia fuori dal mito" est largement remis en question. Nous ne reprendrons ici qu'un extrait de ce qui est dit dans ce volume et la grande comparaison faite entre "le parti de Lénine" et "le parti de Gandhi". Au début de la guerre, bien que partant de positions très différentes, Lénine rend hommage aux milieux du "pacifisme anglais" et en particulier à Edmund Dene Morel, un "bourgeois exceptionnellement honnête et courageux", membre de l'Association contre la conscription et auteur d'un essai démasquant l'idéologie "démocratique" de la guerre agitée par (...) Lire la suite »

Droite, gauche et régularisation des travailleurs migrants - Particularisme et universalisme

Emiliano Alessandroni

La bataille pour la régularisation des travailleurs migrants (dont ce que nous voyons ces jours-ci ne devrait être par nous-mêmes conçu que comme la première étape d’une longue série de revendications) constitue une bataille de civilisation. Mais aussi une lutte qui marque la lutte entre une culture de droite et une culture de gauche, c’est-à-dire entre particularisme et universalisme.

En effet, dans cette lutte est en jeu le principe selon lequel chaque individu en tant que tel, indépendamment de son appartenance à ce ou cet État, est titulaire de droits. Ceux qui refusent la régularisation des travailleurs migrants sont en fait en train de rejeter ce principe et de promouvoir des clauses d’exclusion sur la base de la race. Il défend en substance une conception non universelle mais partielle du droit. Et avec elle une conception non universelle mais partielle de l'homme. L’universalisme doit constituer le terrain conceptuel et de valeur minimum sur lequel peuvent naître ensuite des controverses, des affrontements et des discussions. Déjà ce terrain est à l’intérieur extrêmement problématique et en soi insuffisant pour empêcher le recours à la violence. Le terrain du particularisme, cependant, non seulement n’empêche pas l’avènement de la brutalité, mais constitue de fait le royaume de la cruauté perpétuelle, le règne de la violence devenue loi. Naturellement, l’universalisme (...) Lire la suite »