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Auteur : Nadine ROSA-ROSSO

Remember the sky : le ciel bleu du 11 septembre…

Luk VERVAET, Nadine ROSA-ROSSO

Nos pays ont érigé la victimisation en nouvelle culture occidentale. Après la conquête du monde pour le christianiser, puis pour lui apporter la civilisation et enfin la démocratie et les droits humains, par le massacre des populations et le vol de leurs richesses, voici venue l’heure de nous présenter comme victimes. Victimes du terrorisme barbare. Victimes des attentats horribles qui ont bouleversé et « changé la face du monde pour toujours », peut-on lire sur presque tous les médias, sans provoquer le moindre froncement de sourcils.

Si l’on veut s’attaquer au bilan du monde, ne serait-ce pas plutôt l’effondrement du camp socialiste en 1989, suivi immédiatement par les guerres sans fin contre les pays musulmans, à commencer par la première guerre du Golfe en 1991, qui sont le vrai tournant historique ? Le jour même des attentats du 11 septembre, nous avions lancé un appel « à empêcher le gouvernement américain et les gouvernements alliés d’utiliser ces attaques comme prétexte pour attaquer des pays qui n'ont rien à voir avec ce terrorisme, mais qui ont été en désaccord avec le gouvernement américain en raison de leurs politiques indépendantes, ou de renforcer les mesures anti-démocratiques aux États-Unis et ailleurs. Une telle réaction ne ferait qu'accroître les dangers de la guerre et du fascisme » . (1) Malgré les manifestations de masse contre la guerre qui se sont étendues au monde en entier, elle a bel et bien eu lieu et ne s’est jamais arrêtée. Depuis cette date-là, on décompte en effet « entre trente-cinq et cinquante conflits (...) Lire la suite »
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La visite du pape en Irak, ou la mémoire défaillante de François

Nadine ROSA-ROSSO

Le pape François, lors de sa visite en Irak, s’est employé à dénoncer la situation dans le pays et a fait appel à la cessation des violences et à l’unité des différentes confessions. Soit. Qui ne le souhaiterait pas ? Le problème est qu’il a réduit la question des violences et des intolérances à la question du terrorisme. La plupart des journalistes lui ont allègrement emboîté le pas.

Mais personne ne s’est souvenu des paroles d’un autre pape, pas spécialement connu pour son progressisme mais plutôt pour sa part active dans le combat anticommuniste, le pape polonais Jean-Paul II , qui déclarait à l’occasion de Noël, en 1990 : « Que les responsables en soient convaincus, la guerre est une aventure sans retour ! ». Jean-Paul II a dénoncé, lui, la guerre qui se préparait contre l’Irak, et alors que le premier déluge de bombes s’abattait sur Bagdad, le 17 janvier 1991, « dans son discours depuis le Vatican, Jean-Paul II dénonce avec force que « la loi des plus forts soit brutalement imposée aux plus faibles ». « Les vrais amis de la paix savent que l'heure est plus que jamais au dialogue, à la négociation, à la prééminence de la loi internationale. Oui, la paix est encore possible ; la guerre serait le déclin de l'humanité tout entière » plaide encore le Souverain pontife » . Je n’ai pas vraiment l’habitude de me référer à l’organe de presse du Vatican, mais il semble que l’actuel pape ne la (...) Lire la suite »

17 janvier 2021 : 60 ans après l’assassinat de Patrice Lumumba, 30 ans après la première guerre du Golfe

Nadine ROSA-ROSSO

Trente ans, soixante ans… Ces dates peuvent sembler lointaines, des événements du siècle passé. En particulier pour les jeunes générations, nées au vingt-et-unième siècle et confinées aujourd’hui pour la première fois de leur jeune existence. Et pourtant, ces événements marquent profondément notre présent.

17 janvier 1961 : assassinat de Patrice Lumumba L’assassinat de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961, et ceux, à la même époque, de nombreux autres dirigeants africains intègres qui luttaient pour l’indépendance et la reconstruction de leur nation, ont modifié fondamentalement les possibilités d’avenir de ce continent. Pas moins de vingt-deux présidents africains en poste ont été assassinés [1], sur ordre ou avec la complicité des métropoles européennes et américaines, pour non-servilité aux puissances coloniales. La liquidation de générations entières de dirigeants anticoloniaux n’a pas seulement eu des conséquences dramatiques pour l’Afrique, mais aussi sur la persistance des mentalités coloniales chez nous. Il est facile d’inculquer largement l’idée que l’Afrique n’a pas été capable de gérer son indépendance après avoir commandité et réalisé l’assassinat de toutes celles et tous ceux qui représentaient l’alternative anticoloniale pour tout un continent. Dans notre pays, l’assassinat de Patrice Lumumba n’a jamais (...) Lire la suite »

Rosa Luxemburg, femme révolutionnaire, debout contre la guerre et l’impérialisme, assassinée il y a juste cent ans

Nadine ROSA-ROSSO
Il y a exactement cent ans, le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg était assassinée, avec la complaisance des sociaux-démocrates allemands, qui l'avaient exclue du Parti social-démocrate en janvier 1917, avec tous les membres du parti opposés au vote des crédits de guerre. Son corps est jeté dans une rivière. Karl Liebknecht, premier député allemand qui a voté contre les crédits de guerre, contre les ordres de son parti, est assassiné le même jour qu'elle. Elle venait de passer plusieurs années en prison, condamnée pour "trahison" parce qu'elle s'est opposée à la boucherie inter-impérialiste à venir. Tout au long de sa vie, Rosa est restée une révolutionnaire intransigeante, dénonçant sans relâche la guerre à venir. Cela lui vaudra d'être inculpée d'" incitation publique à la désobéissance". Au lendemain de la guerre, elle soutient les mouvements révolutionnaires partout en Europe, et en Allemagne où elle a choisi de militer. Dans toute l'Europe, les ouvriers et paysans revenant du front, savent que des millions (...) Lire la suite »
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La lutte contre le racisme passe par la lutte contre la guerre : la plate-forme du 24 mars me laisse sur ma faim

Nadine ROSA-ROSSO
Le 24 mars 2018, nous serons sûrement nombreux dans les rues de Bruxelles à manifester contre le racisme. Quatre jours plus tôt, le 20 mars 2018, il y aura exactement quinze ans que les États-Unis lançaient leur seconde guerre contre l’Irak. Une guerre qu’ils n’ont à ce jour pas gagnée. Tout comme ils ont perdu la première guerre contre ce pays, lancée dix-sept ans plus tôt. Les États-Unis ont perdu la guerre contre la Corée en 1953, ils ont perdu la guerre contre le Vietnam en 1975 ; ils ont perdu la guerre contre l’Afghanistan, dans lequel ils sont toujours empêtrés depuis dix-sept ans. Mais pour ceux qui lancent toutes ces guerres, l’important n’est pas de gagner. L’important est qu’il y ait des guerres, des guerres ouvertes, des guerres rampantes, des guerres à l’extérieur, des guerres à l’intérieur. Des états de guerre permanente dans les ghettos noirs, où la police peut tirer à vue, où les gangs se mènent des batailles sanglantes. Un état de guerre permanent : seuls les pauvres paient Peu importe à (...) Lire la suite »

Le combat des mères de jeunes partis en Syrie

Nadine ROSA-ROSSO

C’était après les vacances de Pâques 2013. Une enseignante me téléphone, en larmes. Un de ses élèves, de 15 ans, n’est pas revenu à l’école. Il est parti en Syrie avec un autre camarade de l’école, d’un an son aîné. Les deux mamans sont effondrées. Elles cherchent désespérément de l’aide…

Depuis, quatre années ont passé. Pendant les deux premières, beaucoup de mamans ont vécu le même drame. Elles se sont rassemblées pour se soutenir, partager leur souffrance et tenter – souvent en vain – de sensibiliser les responsables politiques, policiers et médiatiques sur les départs de jeunes vers la Syrie. Leurs voix se sont perdues dans un silence assourdissant. Isolées, souvent même au sein de leur propre famille, de leur communauté religieuse ou d’origine, elles se sont battues comme elles le pouvaient, sans aucun moyen, pour empêcher d’autres enfants de partir. Puis vinrent les attentats de Paris, le 13 novembre 2015. Le dimanche suivant, nous avions prévu de nous réunir avec des mamans pour saluer l’arrivée du premier livre d’une maman « Le bonheur est parti avec toi », de Samira Laakel, la maman de Nora. Nous étions heureuses de ce premier résultat de notre atelier de parole et d’écriture. En même temps, nous ne savions pas très bien comment annoncer ce livre, après les attentats. Nous ne (...) Lire la suite »

Bruxelles : larmes de crocodile pour les victimes

Nadine ROSA-ROSSO
En ces jours de commémoration, certaines larmes pour les victimes ne peuvent que susciter la colère. Près d’un an après les attentats de Bruxelles, les victimes en étaient toujours réduites à mener leur combat pour recevoir le soutien financier, administratif et moral qu’elles sont en droit d’attendre. Un vrai parcours de combattants pour les ayant-droit, confrontés à des formulaires sans fin et des tracasseries administratives inimaginables. À l’approche de l’anniversaire du 22 mars, le gouvernement et les compagnies d’assurance se sont brusquement activés pour prendre en compte leurs revendications. Le représentant d’Assuralia, l'union professionnelle des entreprises d'assurance de Belgique, a cependant jugé nécessaire d’ajouter que « C’est bon pour une fois », comme s’adressant à des enfants qui auraient fait des bêtises. Il faut reconnaître que les bénéfices du secteur des assurances en Belgique a reculé les dernières années. Ainsi pour 2015, « le bénéfice net cumulé du secteur a dès lors reculé, à 1,172 (...) Lire la suite »

Racisme policier, racisme policé

Nadine ROSA-ROSSO

En Belgique, nous manifesterons le 15 mars contre la répression d’état, en France le 19 mars pour la justice et la dignité. Ici et là, le même désir de dénoncer les violences policières. Le cas de Théo, en France, a fait éclater une nouvelle fois au grand jour la virulence de la violence policière et son caractère intrinsèquement raciste. Si cette violence perdure, ce n’est pas faute d’avoir été dénoncée à de multiples reprises. Si la violence raciste au sein des forces policières racistes, c’est qu’elle est soutenue, voire encouragée par le racisme « policé », civilisé, bien éduqué, des élites politiques et intellectuelles de la société.

Le refus d’entendre la jeunesse populaire des quartiers On ne peut plus parler d’incapacité à entendre les messages de la jeunesse des quartiers mais bien de refus systématique, quel que soit d’ailleurs leur contenu. Il faut rappeler une nouvelle fois, que tant en France qu’en Belgique, la première fois qu’on a parlé « d’émeutes » de la jeunesse, c’était en 1991 : celle du Val Fourré à Mantes-la-Jolie en juin 1991 et celle de Forest (Bruxelles), en mai 1991. Le facteur déclenchant à Mantes est le décès de Youssef Khaïf, 23 ans, mortellement blessé par un policier d'une balle dans la nuque. À Forest, c’est un énième contrôle policier au faciès qui met le feu aux poudres. Toutes les émeutes, et leurs compléments, les marches silencieuses, dans les banlieues françaises sont immanquablement chaque fois une réaction aux comportements de la police. Et pourtant, au lieu de provoquer, de la part des politiques, le souci de mettre fin au racisme et aux comportements arbitraires et violents d’une bonne partie de l’appareil (...) Lire la suite »

Nadia Geerts crache dans la main tendue des féministes musulmanes, voilées ou non voilées

Nadine ROSA-ROSSO

Nadia Geerts se laisse aller suite à la publication dans La Libre d’un texte intitulé « Voilées et féministes », dans lequel des féministes musulmanes voilées et non voilées appellent, selon Nadia Geerts elle-même, à « se rencontrer pour que nous fassions enfin société ensemble ».

Dans le climat de tension extrême que nous connaissons actuellement, nous pourrions raisonnablement nous attendre à ce que les féministes, ne seraient-ce qu’elles, fassent un effort pour entendre les appels à la rencontre et plus si affinités. Mais, derechef, Nadia Geerts décline la proposition au nom de sa définition du féminisme : « Nous sommes dans un pays libre. Mais alors, nos chemins se séparent ici. Votre féminisme n’est pas et ne sera jamais le mien ». Quelle est donc cette fameuse définition du féminisme qui le rend incompatible avec la fréquentation de féministes musulmanes ? Pour Nadia Geerts, « pas question de lui interdire de conduire un dix-huit tonnes, de jouer au football, de devenir policière, mécanicienne auto ou tout autre métier qu’il lui plaira de faire ». Personnellement, cette définition du féminisme en matière professionnelle me semble assez limitée, vu que l’inverse n’est même pas mentionné (par exemple, voir plus d’hommes épouser des carrières traditionnellement réservées aux (...) Lire la suite »

Caterpillar et burkini

Nadine ROSA-ROSSO
Alors que nous préparions cette action contre l’interdiction du burkini, nous avons appris la fermeture de l’usine Caterpillar. 2200 ouvriers et employés vont perdre leur emploi, plus de 5000 familles seront directement frappées dans la région. Alors à ces militants de gauche qui nous reprochent de faire des « diversions » avec nos actions contre l’islamophobie et de ne pas nous occuper des « vraies luttes » pour l’emploi, je voudrais dire aujourd’hui : notre cœur et notre esprit sont assez grands pour nous battre à la fois avec les travailleurs de Caterpillar privés de leur droit au travail et de leur dignité et en même temps avec ces femmes musulmanes pourchassées sur les plages en France, privées de leur droit aux loisirs et de leur dignité. À ceux qui nous reprochent de faire le jeu des terroristes, je voudrais rappeler qu’une des premières femmes tombées à Nice sous les roues du camion blanc, était une femme musulmane portant le foulard et que sa famille aujourd’hui subit la double peine du deuil et (...) Lire la suite »
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