Neutralisation d’une vigne OGM à Colmar - Quand le PCF s’indigne en compagnie de l’INRA et de Limagrain

Le parti communiste s’indigne dans un communiqué de l’action des faucheurs volontaires contre une vigne transgénique de l’INRA à Colmar. Ce communiqué (en gras dans ce qui suit et également en entier en bas du message) fleure bon le scientisme assumé et reprend les mêmes termes que ceux des transnationales de l’agro-chimie.

Le PCF s’indigne des actes de vandalisme...

Ce sont les mêmes termes employés par les multinationales de l’agrochimie comme Monsanto ou les grand semenciers comme Limagrain pour toutes les actions des faucheurs volontaires. Ca secoue pas mal de lire ça ici, mais bon , voyons la suite :


rien ne saurait légitimer un tel vandalisme...

Les faucheurs volontaires ont toujours revendiqué leurs actions et assumé le coté illégal de ces actions. La meilleure preuve est qu’en ce qui concerne l’action de Colmar, ils ont attendu gentiment que les forces de l’ordre viennent prendre leur identité. Ils revendiquent une légitimité supérieure, comme dans toute action de désobéissance civile, ceci afin de faire avancer le droit. Nier cette légitimité revient à renier toute forme de désobéissance civile.

Il est vrai que dans cette action, mis à part les pieds de vigne qui ont été neutralisés (70 pieds, pas même de quoi se saouler en réunion de section), il y a eu sans doute une dizaine d’euros de grillage coupés à la pince à cisailler, c’est une faute de la part des faucheurs, mais on ne va quand même pas en faire un fromage, les dommages subits sont sans doute inférieurs à ceux commis par ces militants syndicalistes qui ont enfoncé le portail du MEDEF à Chalon, qui ont été poursuivis en justice pour ces dégradations et que nous avions été nombreux à soutenir à l’époque, y compris le PCF.

ces actions portent atteinte à la recherche publique...

La recherche publique est sinistrée de manière général ; il est vrai que l’Etat se désengage de plus en plus du financement et force les laboratoires publics à trouver des financements privés. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur le site de l’INRA de Colmar pour voir que cet établissement n’échappe pas à la règle. Parmi les partenaires (http://www.colmar.inra.fr/pages/SEAV/partenariat.htm), on peut citer :

- Arvalis (sorte de laboratoire-conseil pour optimiser les rendements agricoles),
- CEDE environnement (filiale à 100% de Véolia),
- Agri-obtention (un semencier qui revendique sur son site 450 variétés dans son "portefeuille de variétés végétales"),
- mais aussi et surtout, ceux qu’on appelle le club des cinq et qui fournissent "le meilleur de la génétique disponible en France" : Florimond Desprez, Limagrain Verneuil Holding, Syngenta Seeds SAS, Serasem et Unisigma.

Tout un programme, rappelons que Syngenta et Limagrain sont respectivement les 3èmes et 4èmes consortiums mondials de la semence, tout juste derrière Monsanto et DuPont !

Rappelons également que si la recherche publique est en général sinistrée, elle ne l’est pas de manière uniforme. Dans le domaine de la biologie qui nous intéresse ici, l’essentiel de l’argent public part hélas uniquement dans la biologie moléculaire et la génétique. Rien en revanche sur la biologie des sols. Il ne s’agit pas d’interdire toute forme de recherche en matière de génétique, mais tout miser dans le même panier relève d’une pathologie mentale, impulsée par une poignée de transnationales dont le seul métier est de vendre du produit chimique par le biais d’un système de brevets qui vise la totalité de l’alimentation humaine et animale. Il est vraiment à regretter que ces "professionnels de la nécro-technologie" deviennent de plus en plus les seules sources de financement des établissements publics de recherche. C’est vrai pour la biologie, comme dans toutes les disciplines scientifiques à fort potentiel de rentabilité à court terme (informatique, médecine, chimie...)

et réduisent du même coup sa possibilité d’étudier les effets éventuels de ces organismes génétiquement modifiés sur notre santé et sur l’environnement.

Ce n’était pas du tout l’objectif des recherches menées à Colmar. Il s’agissait de recherches sur le court-noué, une maladie virale qui affecte les pieds de vigne et menace le rendement de la production viticole. Une maladie qu’on sait soigner en arrachant les pieds infectés et en laissant la terre en jachère plusieurs années, pas franchement acceptable pour de nombreux professionnels de la vigne. Alors peut-être que la génétique peut apporter une solution, mais alors, rien n’empêchait l’INRA de faire ces expériences sous serre, cela aurait même permis de compléter les essais en faisant varier la température, le taux d’humidité, la luminosité. On peut douter de la bonne foi de l’INRA qui en effectuant ces expériences en plein champs n’a fait que jouer la provocation pour préparer les esprits à une nouvelle forme de brevetage du vivant.

S’il s’agit de voir quels sont les effets des OGM sur l’environnement, pas besoin d’expérience pour cela, observons simplement ce qui s’est passé au Canada (deuxième pays le plus grand du monde après la Russie). Il n’a fallu que 6 années après l’introduction des cultures transgéniques pour qu’il ne soit plus possible de trouver sur le marché canadien du colza certifié non OGM. 6 années ! Et maintenant ce colza parasite est devenu indestructible aux herbicides, il pousse partout, y compris dans les champs de blé. Selon inf’OGM, les prochaines génération d’OGM seront même résistantes au gel ou à la sécheresse. Il remplaceront définitivement leurs cousins naturels.

Contrairement à toutes les autres formes de pollution humaine, celle-ci est irréversible et se fiche complètement des "oh merde, on ne savait pas...".


les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers...

A répéter en boucle au moins 10 fois le soir avant de ce coucher :

les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers,
les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers,
les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers...

Plus sérieusement, il ne s’agit pas de douter de la qualité scientifique des chercheurs de Colmar, tous sont sans aucun doute d’excellents docteurs en biologie moléculaire, mais pour ce qui concerne leurs compétences sociale, sociétale, économique, ou tout simplement dans leur compréhension du mécanisme de la vie du sol, on peut en douter sérieusement. Le métier de chercheur n’est pas toujours facile, mais avec le nez dans le guidon et soumis comme ils le sont de plus en plus à des pression financières, on ne peut pas leur demander d’avoir un recul pour lequel ils n’ont pas été formé ni d’avoir un avis sur des sujets pour lesquels ils n’ont aucune compétence. Nier cette évidence relève d’un scientisme malsain que Rabelais avait déjà dénoncé dans son "science sans conscience n’est que ruine de l’âme".

Le génie génétique est à ses débuts ; en priver la recherche publique française c’est ouvrir grand les portes à la mercantilisation de ces activités, c’est permettre aux requins de la finance et de l’agroalimentaire mondiaux d’être seuls maîtres de ce qui doit se faire ou non et des conditions dans lesquelles les nouvelles technologies de l’alimentaire doivent évoluer.

Les OGM pour nourrir la planète, qui font des guilis dans le cou et qui servent le café le matin tout en coupant le saucisson, ça n’existe pas ! 70% des variétés produites sont tolérantes à un herbicide (on peut noyer le champ avec du round-up ; tout crève, sauf l’OGM qui à tout bu et qui nous dit "même pas mal, va-y, mange moi !"), les 30% restant produisent un insecticide (de 10 000 à 100 000 fois plus qu’un traitement classique selon Jean-Pierre Berlan, ex directeur de recherche à l’INRA précisément, mais bon, lorsqu’il s’agit d’économiser de la main d’oeuvre sur les traitements, on ne va pas faire la fine bouche). Les variétés OGM n’ont pas vraiment des rendements supérieurs à ceux de variétés classiques comparables, surtout si on pousse les études sur plusieurs années à cause des phénomènes de résistances, les paysans indiens en ont fait les frais, qui se suicident par dizaines de milliers chaque année, poussés à la faillite et à la misère.

Non, le seul intérêt des OGM, c’est pour les industriels qui les commercialisent, car ils sont brevetés. La marchandisation du vivant est déjà là , il n’est pas besoin de la recherche publique française pour enfoncer des portes déjà grandes ouvertes. L’alimentaire n’a pas besoin de nouvelles technologies mais de techniques et pratiques respectueuses de l’environnement, tout comme des gens qui travaillent la terre ou qui consomment le fruit de ce travail. La faim dans le monde ne vient pas du fait que les pauvres du Sud ne savent plus cultiver la terre mais c’est un problème politique que les OGM n’ont pas vocation à endiguer. A en croire les paysans sans terre du Brésil, les OGM ont même la fâcheuse tendance à accroître ce problème !


Refuser de consommer des OGM, est le droit de chacune et chacun

Oui, c’est la moindre des choses, mais ne nous illusionnons pas, les OGM sont une forme d’agriculture totalitaire qui interdit toute forme d’agriculture alternative.

- Soit par la pollinisation directe - en Amérique du Nord, les paysans contaminés doivent payer des royalties à Monsanto and co car ils ne sont pas propriétaires des gènes contenus dans les graines qui poussent par erreur dans leurs champs, c’est le principe du pollué payeur.
- Soit par le mélange volontaire des filières et l’absence de toute forme de traçabilité,
- et aussi par les coûts de plus en plus exorbitants pour arriver à une production saine et certifiée non contaminée.

Le choix d’accepter ou de refuser les OGM risque fort d’être de l’histoire ancienne si tous les acteurs du mouvement social prennent les mêmes positions que celles du PCF ici. Fort heureusement, il n’en est rien et de plus en plus d’acteurs syndicalistes, associatifs, politiques, y compris parmi les militants communistes, prennent conscience que l’exploitation des ressources naturelles relève du même principe que l’exploitation des ressources humaines : la soif du profit immédiat !


Yannick Chenevoy, faucheur volontaire solidaire

Le PCF s’indigne des actes de vandalisme perpétrés à l’encontre de vignobles OGM de Colmar

Le PCF s’indigne des actes de vandalisme perpétrés à l’encontre de vignobles OGM sous responsabilité exclusive de l’Organisme Public de Recherche Agronomique (INRA) à Colmar ; rien ne saurait légitimer un tel vandalisme. Sous couvert de s’opposer à la culture des OGM en plein champ, ces actions portent atteinte à la recherche publique et réduisent du même coup sa possibilité d’étudier les effets éventuels de ces organismes génétiquement modifiés sur notre santé et sur l’environnement. La Recherche publique en France est victime d’une politique continue d’affaiblissement de ses moyens budgétaires mais les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers. Le génie génétique est à ses débuts ; en priver la recherche publique française c’est ouvrir grand les portes à la mercantilisation de ces activités, c’est permettre aux requins de la finance et de l’agroalimentaire mondiaux d’être seuls maîtres de ce qui doit se faire ou non et des conditions dans lesquelles les nouvelles technologies de l’alimentaire doivent évoluer.
Refuser de consommer des OGM, est le droit de chacune et chacun ; mais porter atteinte au potentiel scientifique national est un acte totalement répréhensible ; le PCF renouvelle sa confiance dans le sang-froid et les capacités intellectuelles des équipes de l’INRA , dans leur indépendance par rapport aux pressions des multinationales de l’agroalimentaire. Au-delà , nos concitoyennes et concitoyens doivent pouvoir s’approprier les divers aspects du développement scientifique. Cela exige de nouvelles instances démocratiques au plus près d’eux, permettant l’échange fructueux entre collectivité scientifique et l’ensemble de la société ; c’est là un défi de notre temps, un défi que toute politique de gauche se devrait de relever. Les protestations de Mme Pécresse suite à cet acte odieux ne doivent pas faire illusion : elle conduit avec N Sarkozy une politique de casse de la recherche publique, qui précisément tourne le dos aux défis de civilisation contemporains, ceux que le PCF, avec d’autres entend permettre de relever.

Parti communiste français

— 

« Car ils ont inventé le fer à empaler, et la chambre à gaz et la chaise électrique, et la bombe au napalm et la bombe atomique, et c’est depuis lors qu’ils sont civilisés, les singes, les singes, les singes de mon quartier » - Jacques Brel

COMMENTAIRES  

22/08/2010 21:24 par troglodix

dans l’actualité qui a immédiatement suivi cet "acte odieux" j’ai particulièrement apprécié la prestation en forme de pleurnicherie du responsable du centre Inra qui la voix larmoyante tentait de nous persuader, pov’cons que nous sommes, que cette expérience en plein air "devait sauver la vie des enfants et que oui les gens qui avaient faits cela étaient des criminels sans coeur" .
Comme c’était beau et émotionnant...

22/08/2010 23:04 par legrandsoir

La société Limagrain fait partie de l’ancien empire agro-alimentaire de Doumeng, le "milliardaire rouge". Ceci explique cela ?

23/08/2010 07:27 par CN46400

La chimie, la chimie...Je me souviens d’avoir vu mon père pleurer devant un réserve de blé dévastée par les charançons, l’année d’apès on a mis une bonne dose de DDT... et la récolte a été sauvée.Alors... le Pcf, Doumeng laissez moi rire.....

23/08/2010 23:51 par Bernard Trannoy

Si les cons volaient il y en a qui seraient chef d’escadrille.
Il y a des méthodes inacceptables. Celles des faucheurs volontaires en font partie. Le Maïs transgénique Monsento O.K Mais faire cela à des centres de recherche Pour moi ce genre d’individus méritent de passer par la case prison Ce ne sont que des Kmers Verts

26/08/2010 13:53 par Jean Grimal

Le texte révèle deux problèmes. Le premier porte sur le PCF ; contrairement à ce qui y est dit, le P"C"F n’est plus communiste depuis longtemps, c’est ce qui explique sa position. Elle dépend uniquement de sa conception de l’Etat. Alors que les marxistes considèrent l’Etat comme un moyen d’oppression de la classe dominante, le dit parti, comme tous les autres d’ailleurs, le pense comme une espèce d’entité mythique au-dessus des conflits et donc au service de l’ensemble de la population (et la lutte des classes ????). C’est la raison qui les pousse à défendre l’INRA, qui leur paraît, contrairement à la réalité, être neutre et non soumis aux ordres des dirigeants politiques que la bourgeoisie a choisis. C’est tout le concept de service public en régime capitaliste qui peut ici être mis en cause. Les membres du PCF auteurs de ce communiqué (assez atypiques il faut le dire, ce n’est pas la ligne) pensent que l’INRA ne sert pas les intérêts des multinationales (j’ai adoré le mot cache sexe à la monde et vidé de son contenu de classe, trans-nationales) ; leur position est donc tout à fait logique.
Le problème, c’est que l’argument vaut aussi pour les faucheurs volontaires, qui sont encore moins marxistes. On peut donc légitimement se poser la question : pourquoi s’attaquer à chaque fois à l’INRA et pas directement à Monsanto, par exemple. Il semble que la peur des sanctions joue un rôle dans cet état de fait. En effet, les faucheurs sont largement popularisés par les relais du Capital, les media, et ne risquent pas grand-chose. En revanche, lorsque, il y a un an et demi je crois, certains paysans de la FNSEA et de feue la Confédération Paysanne se sont attaqués dans l’Isère à des pousses de Monsanto, ils ont écopé de sévères punitions en terme d’amende (au moins deux ont mis la clé sous la porte) et de prison ferme. Comme quoi, finalement, l’INRA, ce n’est pas tout à fait Monsanto… Il y a peut-être une autre question, sentie dans d’autres commentaires, quel est le véritable but des faucheurs ? Combattre le danger OGM ou empêcher que tout un chacun puisse enfin savoir quelle est la nature de ce danger, car les scientifiques, pas seulement les généticiens, ne sont toujours pas d’accord et aucune expérience probante ne semble avoir été menée au bout. Si le problème est uniquement Monsanto et les multinationales, dont, évidemment le seul but est de réaliser des plus value sans s’occuper des conséquences, il n’y a qu’à s’attaquer à Monsanto ; mais, la solution me paraît plus dans la propriété collective et la fin des multinationales que dans l’arrachage de quelques ceps ou tiges de maïs….
On ne peut toutefois finir de commenter cet article sans dire un mot de l’écologie politique, courant très en vogue. Même si les OGM sont un problème particulier, on sent dans cet article le poids de l’idéologie écologique dominante. Il s’agit d’un courant éminemment idéaliste et réactionnaire. Il tire son origine historique de deux français J. Ellul et B. Charbonnier, pères spirituels de N. Mamère. Ils vont à partir de la fin des années 1930 développer une idéologie de retour à la nature, à la simplicité, que R Charbonnier appellera l’Ordre Nouveau. Pétain sera l’un des adeptes de cette idéologie du retour à la terre « la terre ne ment jamais » aimait-il à déclarer. Plus tard, grâce à un rapport de 1972 du Club de Rome, qui regroupait des dirigeants du capital européen, des dirigeants politiques et des dirigeants des organes de presse, l’écologie ressortit comme un lapin d’un chapeau. Ce rapport préconisait de réduire l’activité économique au nom de la préservation de l’environnement, un prétexte bien évidemment pour justifier l’austérité. Je passe sur les multiples connexions avec les multinationales qui financent Greenpeace, WWF ou Nicolas Hulot, avec les évangélistes qui contrôlent l’essentiel des associations "biodynamiques". Surtout, ce que ce retour à la nature (et nous rejoignons le texte) occulte, c’est que l’agriculture est tout sauf naturelle, c’est une activité humaine. Les plantes que l’homme a domestiquées pour son usage ont perdu très rapidement la capacité à pousser en dehors de l’intervention humaine. En dehors des champs, il n’y a aucune plante cultivée, sous nos latitudes comme ailleurs. Pour permettre aux plantes cultivées de pousser, l’homme doit créer un champ, espace artificiel dans lequel il s’attaque au milieu environnant. Après avoir semé, il doit intervenir en permanence pour protéger ses récoltes contre les plantes sauvages, les insectes, les champignons, les oiseaux. Et il faut ajouter que la détermination des lois de la génétique par Mendel à la fin du 19e siècle a été essentielle dans la sélection des plantes cultivées comme de celle des animaux d’élevage. Elle représente la première étape de sortie de l’empirisme du monde agricole. Enfin l’idéologie écologique séduit avant tout (c’est d’ailleurs le but) la classe moyenne et la petite bourgeoisie, le terreau principal du fascisme, orphelines depuis des décennies d’une place que leur reconnaisse le Capital dans sa société….

26/08/2010 23:35 par Jean-Yves Peillard

Bonsoir,
ces derniers commentaires laissent à désirer, alors qu’un débat suffirait pour s’expliquer.
Voici le dernier commentaire de Christian Vélot dispo sur : http://www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article5397 et avec le communiqué de Guy Kastler que j’ai envoyé à cette adresse sans réponse à ce jour :

pcf(at)pcf.fr

contact(at)mgbuffet.org

Et, au fait, le débat sur le nucléaire au PCF ça avance ? Et sur la décroissance ça avance ?

dernier petit ajout du "Kmer vert" et lecteur de Bernard Charbonneau de Gorz, entropia et La décroissance, Serge Latouche, Paul Ariès, Albert Jacquart etc...
Un titre de Charbonneau toujours d’actualité : "comment ne pas penser" ou "le système et le chaos"

J t’en foutrais des Pétain non mais sans blagues...

commentaire de Guy Kastler :
OGM VIGNE : FACE A LA PROPAGANDE, LES FAITS SONT TETUS

La manipulation génétique ne modifie pas que le porte-greffe mais l’ensemble de la vigne cultivée, le raisin et le vin.

Conscient de la catastrophe commerciale que cela pourrait engendrer, les vignerons ne veulent en aucun cas courir le risque du moindre soupçon d’une possible présence d’OGM dans leurs vins. Pour leur faire accepter son expérimentation, l’INRA prétend que la manipulation génétique du porte-greffe ne modifie pas la vigne qui produit le raisin (le greffon). Pourtant, dès 2008, Jean Masson, directeur de la station viticole de l’INRA de Colmar, reconnaissait dans le journal les échos ses doutes sur lesquels il n’est bizarrement jamais revenu : « Les chercheurs estimaient il y a quelques années impossible que le transgène passe du porte-greffe au cépage. Nous ne l’excluons plus. »

Il est vrai qu’il ne pouvait pas ignorer les travaux de ses collègues de l’INRA de Versailles qui dès 1997, soit bien avant le début de son expérimentation à Colmar, avaient montré sur le tabac la transmission très importante de «  produits » du transgène du porte-greffe au greffon.1. Il ne pouvait pas non plus ignorer les soucis de la société civile sur ce problème clairement évoqué dans la publication du collectif ccc-ogm : «  OGM-Vigne, Opinion Grossièrement manipulée ». Depuis, de nouveaux travaux ont confirmé la fréquence de ce passage2. Le Comité Scientifique du HCB a pointé lui aussi ce problème en soulignant que les analyses réalisées par l’INRA de Colmar sont insuffisantes pour le documenter correctement (annexe 1).

Toute manipulation génétique engendre de nombreux risques aujourd’hui non maîtrisés.

Au-delà de l’impact sanitaire ou environnement du transgène lui-même, toute insertion par transgénèse provoque des réarrangements non intentionnels du génome ou de ses relations avec son environnement (épigénétique), générant des effets non intentionnels pouvant passer inaperçus. La plupart des problèmes sanitaires engendrés par des OGM et aujourd’hui documentés ne sont pas dus directement au transgène, mais à ce type de réarrangement.

La manipulation génétique du porte-greffe de l’INRA de Colmar engendre des risques de recombinaison virale particulièrement importants

Christian Vélot, Docteur en Biologie et en génétique moléculaire à l’Université Paris-Sud explique : «  Le véritable danger de cette vigne (comme toutes les plantes transgéniques résistantes à des virus), c’est qu’elle est un véritable réservoir à virus recombinants. Il s’agit de plantes transgéniques dans lesquelles le transgène est un gène viral. La présence de ce transgène les protège contre le virus en question ainsi que contre les virus apparentés (sans qu’on n’en connaisse vraiment les mécanismes intimes). Or, les virus ont une très grande capacité à échanger spontanément leur ADN (phénomène de recombinaison) : les séquences d’ADN viral sont très recombinogènes. Par conséquent, quand cette plante est victime d’une infection virale, il peut se produire très facilement des échanges entre l’ADN du virus infectant et l’ADN du transgène, ce qui conduit à l’apparition de virus dits recombinants dont on ne maîtrise rien et qui vont pouvoir se propager dans la nature. Il est là le vrai danger avec ces plantes, ! Avec des plantes conventionnelles, une telle situation ne peut se produire que si la plante est infectée simultanément par deux virus. Avec ces plantes transgéniques, au contraire, un seul virus suffit et on augmente donc considérablement la probabilité de ces évènements. Tout ceci est expliqué en détail dans mon livre (OGM : tout s’explique) aux pages 140 à 142. »

L’expérimentation menée à Colmar générait des risques importants et non maîtrisés de dissémination dans l’environnement

A la demande du Comité de Liaison et de Surveillance (CLS), l’INRA a annoncé avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les risques de dissémination dans l’environnement. On peut déjà s’interroger sur la durée de l’efficacité d’une bâche enfouie dans le sol pour empêcher le passage hors du périmètre de l’expérimentation de tout nématode porteur du virus du court-noués, ou de tout microorganismes du sol, bactérie ou virus… modifiés par la vigne OGM. La suppression des fleurs empêchait toute dissémination éventuelle par le pollen. Mais elle n’empêchait pas la dissémination par les insectes piqueurs-suceurs dont le rôle important dans la dissémination des maladies virales dans la vigne est largement connu. Le responsable d’une station viticole de l’INRA ne pouvait pas ignorer ce risque depuis que la flavescence dorée, maladie transmise par un de ces insectes piqueurs suceurs, a justifié l’obligation réglementaire de nombreux traitements insecticides dans le vignoble français. Il ne pouvait pas non plus ignorer la capacité de tels insectes de disséminer des éléments du transgènes ou les produits d’éventuelles recombinaisons génétiques ou virales provoquées dans le porte-greffe et/ou le greffon. Il ne pouvait pas non plus ignorer la capacité de tels insectes à contaminer l’ensemble du vignoble à partir de l’échappement d’un seul agent pathogène. Il est curieux qu’il n’en ait informé ni les «  citoyens » consultés lors de la première expérimentation sociologique précédant le premier essai, ni le CLS.

Le déroulement de l’essai en milieu ouvert empêchait de répondre aux questions scientifiques les plus importantes

L’INRA de Colmar prétend qu’il était indispensable de mener cet essai en milieu ouvert pour que le sol et la vigne puissent subir directement les influences du climat afin de vérifier «  en conditions réelles » l’efficacité de la transgénèse vis-à -vis de la maladie et d’évaluer les risques de dissémination dans le sol. Ces deux questions sont certes importantes, mais méritent-elles de courir les risques qui ont été pris. Les sommes dépensées par l’INRA pour faire semblant de «  sécuriser » cet essai au prétexte qu’il se déroulait en milieu ouvert ont en effet largement dépassé ce qui aurait été nécessaire à la construction d’une serre simulant correctement les influences climatiques les plus pertinentes. Et surtout, ces deux questions sont-elles pertinentes tant qu’on n’a pas répondu aux questions des risques de recombinaison génétique ou virale, de passage du porte-greffe au greffon, au raisin ou au vin, de dissémination dans l’environnement de parties ou de produits de l’OGM, et des conséquences sanitaires, environnementales ou commerciales de tous ces risques. Or, en coupant les fleurs avant floraison, non seulement il devenait impossible de vérifier un éventuel passage au raisin et au vin, mais en plus on a modifié le métabolisme de la vigne en supprimant l’induction florale (première étape de la maturité), ce qui rendait peu pertinent tout résultat scientifique concernant l’efficacité du transgène sur le développement du court-noué dans la vie de la vigne. Il est clair que les questions scientifiques primordiales posées par un tel essai ne peuvent être correctement étudiées qu’en milieu confiné, en gardant les fleurs.

Le but du déroulement de l’essai en milieu ouvert était avant tout commercial et non scientifique

Le syndicat Sud-Recherche dénonce avec justesse les intentions commerciales de l’INRA mal camouflées derrière les discours sur une recherche prétendue neutre : «  La communication développée aujourd’hui par la Direction de l’INRA sur le sujet nous interpelle :elle affirme simultanément que cet essai sur la vigne vise à maintenir « l’existence d’une expertise impartiale au-delà de celle des entreprises internationales », mais aussi que sa destruction fait prendre le risque de « voir la France incapable de développer des produits alternatifs à ceux des grandes firmes ». Alors, nécessité (bien compréhensible) de connaissances nouvelles ou objectif (déjà annoncé) de valorisation commerciale ? C’est justement le débat de fond ! »

Le premier essai mené en champagne avait révélé une profonde irrégularité de l’efficacité de la manipulation génétique pour conférer une bonne résistance au virus du court-noué. Le but de l’INRA de Colmar était de repérer les clones réellement résistants et de se donner les moyens d’améliorer la production de tels clones dans les conditions exigées pour l’obtention de l’autorisation de commercialisation (essai CTPS en milieu ouvert pour l’inscription au catalogue)Cette précipitation mercantile s’est faite au détriment d’une recherche en milieu confinée indispensable pour se donner en préalable le moyens de répondre aux questions scientifiques que pose l’acceptabilité sanitaire, environnementale, économique, sociale ou éthique d’une telle production.

Les travaux de l’INRA sont destinés à conforter les profits de Monsanto ou d’autres entreprises qui exploiteront les brevets protégeant la technologie utilisée

Christophe Bonneuil et Christophe Thomas indiquent dans leur ouvrage «  Gènes, pouvoirs et profits » (édition Quae-FPH) : « En 1985, Monsanto dépose une demande de brevet sur une stratégie de résistance des plantes aux virus par introduction du gène de la protéine capsidaire. A cette date, seule est réalisée expérimentalement l’insertion du gène de protéine de la capside d’un virus de TMV, dans le tabac. Mais cette première application est mise en avant pour démontrer la validité générale de la stratégie. Monsanto ne revendique pas simplement ce qui est réalisé au moment du dépôt du brevet, mais demande que le brevet couvre l’utilisation de cette stratégie de résistance aux virus pour toutes les plantes et tous le virus ! Quand dans les années 1990, un consortium réunissant l’Inra, le Cnrs et LVMH développe des porte-greffes de vigne résistants au virus du court-noué, Monsanto se signale à leur attention : Monsanto les prévient que dès lors qu’une commercialisation des vignes transgéniques serait envisagée, il faudra obtenir une licence car ils travaillent sous la dépendance du premier brevet. (Joly P.B., 2002) »

La stratégie de résistance virale utilisée pour la production des porte greffe résistants au court-noué n’a donc pas été inventée par l’INRA, mais avait été mise au point et protégée par un brevet avant le début de son essai. Ce premier brevet s’épuisant en 2005, Monsanto en a déposé un nouveau en 2003 dont la protection s’étend jusqu’en 2023. En 2010, l’Université de Cornell a déposé un nouveau brevet concernant une stratégie de protection virale spécifiquement ciblée contre le court-noué de la vigne. Il est clair que les travaux menés par l’INRA de Colmar ne serviront pas «  le public » ou «  la Science », mais avant tout ceux qui exploiteront ces brevets et/ou un éventuel nouveau brevet déposé par l’INRA lui-même.

Le court noué est une «  maladie commerciale » aggravée par la politique agricole

Contrairement à ce qu’affirme l’INRA (communiqué du 27 mai 2010), le virus du court noué n’est pas une maladie qui « provoque la mort des vignes et rend les terres impropres à la viticulture ». Le court noué est sans incidence sur les vignes françaises plantées sans porte-greffe (actuels greffons). Ses dommages ne se manifestent que dans les vignes greffées sur porte-greffe américain suite à l’épidémie de phylloxéra depuis bientôt un siècle. Ces vignes ne sont pas mortes et les terres où il s’est manifesté ne sont pas devenues impropres à la viticulture. Son incidence n’est économiquement insupportable que dans les vignes à haut rendement qu’il pénalise trop. Dans les vignobles de qualité conduits avec des méthodes naturelles, notamment en biodynamie, il ne menace pas la survie de la parcelle et est au contraire un régulateur de rendement qui permet les années trop productives de conserver une bonne qualité du vin. Dans les vignobles de production de masse, les vignerons ont depuis longtemps appris à vivre avec en pratiquant des rotations de culture suffisamment longues (8 à 10 ans) entre deux plantations afin que les nématodes qui le propagent disparaissent tous, avant de replanter avec des plants sains. Seuls ceux qui veulent replanter vigne sur vigne sans aucune période de repos du sol n’ont pas aujourd’hui de solution sanitaire satisfaisante face au court noué. A l’heure où la viticulture européenne se trouve confrontée à une crise permanente de surproduction, on peut s’interroger sur la pertinence de la Politique Agricole Commune qui dépense chaque années des milliards d’€ pour diminuer le potentiel de production. Elle élimine ainsi de nombreux vignerons qui vont directement ou indirectement grossir le rang des chômeurs, alors qu’une aide au repos du sol entre deux plantations aurait la même incidence sur les surfaces en production, tout en aidant les vignerons à faire face aux maladie de la monoculture comme le court noué et en maintenant un nombre de paysans bien plus nombreux. La «  solution magique » de la vigne OGM résistance au court-noué n’est qu’un expédient destiné à encourager des pratiques viticole anti-agronomique, anti-sociales et anti-économique.

Contrairement à ce qu’affirme l’INRA, il existe de nombreuses alternatives à la solution OGM

Il y a longtemps que les vignerons ont appris à vivre avec le court noué grâce à une multitude de pratiques agronomiques de respect des sols et d’assainissement des plants de vigne, chacune adaptée à chaque terroir et à chaque type de conduite du vignoble. En 2009, l’INRA de Colmar a découvert l’une d’entre elles et communique depuis sur ses importants efforts de recherche sur les alternatives aux OGM, alors qu’il n’a installé qu’une petite parcelle d’essai chez un vigneron bio. Il s’agit de l’implantation de plantes nématicides, certes intéressante mais dont l’efficacité nécessite la complémentarité d’autres pratiques comme le repos des sols, la conduite à rendement modéré favorisant la qualité des vins, ce que les vignerons savent depuis longtemps… En effet, ces plantes n’agissent que sur la premières couches superficielles du sol alors que le nématode vecteur du court-noué peut se réfugier jusqu’à plus d’un mètre de profondeur. Contrairement aux recherches officielles d’un pays comme la Suisse, jamais l’INRA n’a daigné s’intéresser à la globalité des pratiques de chaque vigneron qui seule permet de vivre avec la maladie, pratiques toutes gratuitement disponibles pour tous. Il ne s’intéresse qu’à quelques recettes brevetables et toutes totalement insuffisantes dans la plupart des situations.
Le plus surprenant reste l’absence totale de communication de l’INRA sur la mise au point par pollinisation dirigée et non avec des OGM d’un porte greffe résistant au court-noué par un chercheur de l’INRA de Montpellier, Alain Bouquet, porte-greffe qui disposera très prochainement d’une autorisation de commercialisation démontrant l’inutilité totale de la solution OGM.

Les citoyens et professionnels participant à «  l’expérience pilote de co-construction de ce programme de recherche » qui a précédé cet essai, puis du Comité de Liaison et de Surveillance, n’ont jamais été informés des réelles questions scientifiques posées. On les a laissés (volontairement ?) ignorants des résultats scientifiques déjà connus sur le passage du porte greffe au greffon, sur l’instabilité des transgènes, sur les rôle des insectes piqueurs suceurs dans la transmission des maladies de la vigne, sur les enjeux commerciaux découlant de la Politique Agricole ou des brevets déjà existant sur ces manipulations génétiques et sur l’existence de réelles alternatives. L’entêtement de l’INRA et du gouvernement à poursuivre cet essai, n’ont pour but encore une fois que de manipuler l’opinion publique afin de forcer l’acceptation des OGM par des vignerons, des citoyens et des consommateurs qui n’en veulent pas.

Guy Kastler, le 23 août 2010

Annexes 1 : extrait du rapport du Comité scientifique du HCB :
3.3 Matériel faisant l’objet de dissémination
Le matériel proposé au champ correspond aux porte-greffes transgéniques G68, G77, G206, G219 et G240 sur lesquels sont greffés des scions, ou greffons, provenant de la variété non transgénique Pinot Meunier de vigne cultivée (Vitis vinifera L). Les greffons ne contiennent donc pas de transgènes, mais il serait vraisemblable d’y retrouver certains des produits de transgènes (mRNA, siRNA, protéines) par circulation dans le phloème1 à partir du porte-greffe où ils sont initialement produits (Mlotshwa et al., 2008 ; Palauqui et al., 1997). Les analyses réalisées par le pétitionnaire par ELISA et RT-PCR n’ont pas mis en évidence d’ARNm ou de protéines dans les feuilles ou les inflorescences de scions, analysées après leur arrachage.
Concernant la détection des protéines, le CS indique que les analyses ELISA effectuées ne sont pas les plus sensibles. En effet, si un tel transfert avait lieu, il s’effectuerait par le phloème, qui représente une portion infime (de l’ordre de 2 à 3 %) des extraits qui ont été analysés par le pétitionnaire. Le seuil de détection de protéines dans le phloème par la méthode utilisée n’est pas précisé, mais il semble inadapté au CS. Des méthodes permettant de pallier l’effet de dilution des protéines seraient plus appropriées. Le pétitionnaire projette judicieusement de faire une analyse par immuno-localisation
.1 Tissu conducteur dans lequel circule la sève élaborée, transportant entre autres des acides aminés et des sucres, et également des peptides et des acides nucléiques.

et sur : http://rebellyon.info/Silence-on-fauche.html
C’est un témoignage, j’en suis l’auteur, il faut que les gens comprennent. Il est temps d’en finir avec la barbarie.

Jean-Yves Peillard

28/08/2010 08:22 par CN46400

contrairement à ce qui y est dit, le P"C"F n’est plus communiste depuis longtemps

C’est combien un brevet de "communiste véritable", délivré par Jean Grimal ?

30/08/2010 16:25 par marie

mais c’est qui ce type et son commentaire (long)qui prend les défenseurs des écosystèmes pour des demeurés ?
ogm dans les champs : on en veut pas ET on en a pas besoin !ou l’inverse si vous le voulez !
j’en ai plus que marre de constater l’état de saccage à laquelle on soumet la nature ici ! c’est affreux ! mais quel manque de vision ! que serons-nous dans 20 ans cernés de béton et de peupliers transgéniques ! c’est cela le progrès et le futur que vou voulez pour votre descendance ?

http://www.legrandsoir.info/Cuba-agriculture-biologique-et-relocalisation-de-l-economie.html

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