56, de Jean-Loup Izambert

Byblos

Je me permets de proposer ci-bas ce préalable à l'avant-propos du récent ouvrage de Jean-Loup Izambert, intitulé 56, tome I et publié chez IS Éditions à Marseille. Izambert n'est pas un politologue. Il ne faut donc pas se préparer à déchiffrer, à décrypter des théories complexes sur cette guerre de destruction massive qui ensanglante la Syrie jour après jour, sans relâche, depuis 2011. C'est un journaliste d'investigation qui fait son métier. Il recherche donc des faits. Et seulement des faits. Il les met en ordre. Et puis il nous les donne à lire. Dans un passé qui me semble lointain, cela s'appelait INFORMER. Depuis lors, on a passé à l'ère de la COMMUNICATION. Le pseudo journaliste affecté à la communication reçoit des faits préalablement triés. Puis, conformément à des directives précises, il est chargé de les enrober dans des mots dont le choix n'est pas de faire SENS, mais de faire SENSATION, c'est-à-dire provoquer chez nous des frissons de peur, ou de joie, ou d'anxiété, ou de satisfaction, ou de terreur, ou de haine, et j'en passe. Izambert ne fait rien de tout cela. Il INFORME. Il est peut-être le dernier spécimen encore survivant d'une espèce disparue. Puisse ce petit extrait de son ouvrage inciter les lecteurs de cet autre dinosaure qu'est Le Grand Soir à se le procurer, à le lire et à le prêter à d'autres lecteurs. Mort à la COMMUNICATION ! Et vive l'INFORMATION.

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CENSURÉ

Février 2011, ville de Deraa, en République arabe syrienne. Des groupes venus de l’étranger tirent sur les manifestants qui réclament pacifiquement une accélération des réformes en cours et sur les forces de l’ordre. Les premiers morts tombent. Principalement des policiers et des militaires. Les médias français diffusent de manière continue les seules images de civils tués et les seules déclarations de politiciens européens et étasuniens. Les Français ne sauront jamais rien ni des origines réelles de cette violence organisée et planifiée depuis l’étranger, ni de la mobilisation de millions de Syriens qui proclament « Non à l’agression étrangère ! » et soutiennent le président Bashar el Assad.

Les médias nationaux français ont fait le choix délibéré de ne présenter que la version officielle de la guerre : celle écrite par les dirigeants étasuniens et français. Nous verrons que certains d’entre eux n’hésiteront pas à falsifier la réalité des faits et des images à coups de montages, de fausses informations, de manipulations. Une véritable propagande de guerre est organisée par l’Élysée et Matignon.

Les photographies publiées dans « 56 » ne sont qu’une illustration de la gigantesque mobilisation du peuple syrien contre l’agression française.

Juin 2011. À Damas, à l’initiative de personnalités de la société syrienne, des millions de personnes se dirigent vers la place Al-Oumaouiyne (des Omeyyades) pour soutenir le président Bashar el Assad. À Alep, au nord du pays, la foule se masse sur la place centrale de Saad Allah el Jaberi, tandis qu’aux abords de la citadelle, des dizaines de milliers de personnes déploient un immense drapeau de la République arabe syrienne. À Homs, ville du centre de la Syrie, des dizaines de milliers de personnes s’emparent de la place principale. À Tartous, ville côtière, plusieurs centaines de milliers d’autres se dirigent vers la corniche pour proclamer leur appui aux réformes gouvernementales. À Al-Souayda’a, au sud du pays, plusieurs manifestations de dizaines de milliers d’habitants convergent vers la place du Sultan Pacha el-Atrache. À Daraa, des milliers de Daraaouis marchent ver la place d’Al Bared en scandant leur appui au président el Assad. À Hama, à la place et Assi, au centre de la ville ; à Hassaké, des dizaines de milliers de citoyens se regroupent place du Palais de justice ; à Raaqa, ils sont également plusieurs cortèges de dizaines de milliers venus de tout le gouvernorat (Province) qui se rassemblent Place du Président ; à Deir Ezzor, la grande place d’Ibrahim Hanano est noire de monde ; à Lattaquieh, des dizaines de milliers de citoyens se rassemblent au centre de la ville, conspuant la France et les États-Unis et soutenant le président Assad...

Dimanche 23 août 2015, Ayssar m’informe par téléphone que les groupes criminels continuent leurs massacres avec les armes livrées par quelques pays étrangers dont la France : « Il pleut des missiles sur Damas, notamment sur la fac des sciences physiques où les étudiants passaient leurs examens de deuxième session... de nombreux morts et blessés... c’est le prix à payer pour exister aujourd’hui... D’autres journalistes aussi ont été blessés ou ont trouvé la mort... Thaer Ajlani... de Sham FM est tombé pour la Patrie en faisant un reportage au front de le mois dernier. Hier, Hussein Mourtada, de Al Alam, et un journaliste d’Al Akhbarya ont été blessés à Zabadani... Plusieurs archéologues et gardiens du patrimoine ont été assassinés à Palmyre... Parmi eux, Khaled el Assaad, archéologue de quatre-vingt deux ans, internationalement réputé et l’un des plus grands spécialistes du site de Palmyre, a été décapité par les criminels de l’« opposition ». chaque jour apporte son lot de morts et de blessés mais le peuple continue à résister et à soutenir de p ;us en plus l’armée arabe syrienne et le Président, symbole de plus en plus fort de l’Unité Nationale et de la Résistance ».

Ne cherchez pas dans les médias français les images montrant cette réalité de la Syrie mobilisée contre l’agression française.

Ne cherchez pas non plus les interventions de dirigeants, d’élus, de personnalités de tous horizons, de syndicalistes, d’intellectuels, de religieux, de citoyens s’organisant en Comités de défense populaire. Ne cherchez pas les voix des femmes et de la jeunesse syriennes, de ces citoyens anonymes soudés dans une magnifique résistance contre les hordes de barbares venues de l’étranger et soutenues par Paris.

Elles sont simplement censurées.

Ce livre contribue à rétablir la réalité des faits.

COMMENTAIRES  

05/06/2016 16:52 par Xiao Pignouf

Le bouquin a l’air intéressant. Toutefois, c’est pas un peu louche que l’auteur ait accordé une longue interview au site de Riposte Laïque ? Je dis ça je dis rien.

05/06/2016 19:53 par legrandsoir

Il parait qu’il y a un commentaire sur Riposte Laïque : "Le bouquin a l’air intéressant. Toutefois, c’est pas un peu louche que le bouquin soit annoncé sur Le Grand Soir ? Je dis ça je dis rien."

05/06/2016 21:11 par Xiao Pignouf

ça se tient comme réponse... je vous connais et je vous lis depuis pas mal de temps maintenant, et je suis sur la même longueur d’onde que vous, je suis convaincu que votre travail est d’intérêt public et que ce ne serait que justice que votre lectorat s’amplifie, pas seulement pour ce site mais pour toutes les directions que vous indiquez... j’ai juste voulu savoir si je pouvais commander ce livre parce que son propos m’intéresse... j’ai été assez surpris de me retrouver sur le site de RL, c’est tout, que si j’avais été l’auteur de ce livre, j’aurais, sans concession aucune et sans compromis aucun, refuser le moindre contact avec cette engeance plus que douteuse... mais après tout avait-il des raisons ce monsieur... mais vous conviendrez quand même que ça risque de disqualifier son travail, même si le Grand Soir en garantit la valeur... tout compte fait, votre réponse est un peu biaisée, ce n’est pas parce qu’un fasciste se poserait lui aussi des questions à propos d’un ouvrage chroniqué sur un site comme le GS, que mon propre questionnement ne se justifie pas. Vous savez, avec le temps, LGS est une chose qu’on chérit parce qu’elle est précieuse en ces temps si sombres, donc ma réaction n’est pas, mais alors pas du tout, une mise en doute de votre intégrité et de votre rigueur mais plutôt un réflexe de survie, de protection de ce qui m’est cher : vous. Humblement.

05/06/2016 23:04 par legrandsoir

Toutes les questions se justifient.
En vérité, nous n’avons pas lu le livre - qui a été proposé par un lecteur - mais l’intro présenté paraissait suffisamment intéressant pour le signaler. D’autres lecteurs en feront peut-être une critique.

09/06/2016 15:44 par Roger

Enfin, quoiqu’il en soit, un point de vue radicalement différent de celui qui s’inspire du pseudo "observatoire syrien des droits de l’homme", c’est toujours bon à prendre, en ces temps de "médiasserie" de propagande de guerre...

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