Connaissez-vous Sylvie Retailleau ?

Cette brillante universitaire (physicienne) vient d’être nommée ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Depuis sa prise de fonction, elle n’a pas chômé !

En bonne groupie du banquier éborgneur et emmerdeur, son objectif est la destruction de l’Enseignement supérieur républicain. Au nom de « l’excellence », bien sûr.

Elle a fait ses armes à la présidence de l’université Paris-Saclay. En deux ans, elle y a opéré la fusion de trois universités, quatre grandes écoles et sept organismes de recherche regroupant 48 000 étudiants et 9 000 enseignants chercheurs. Résultat : ce conglomérat est passé de la 14ème à la 13ème place du classement – très controversé – de Shanghai. Á échelle cosmique, il fallait bien un tel bouleversement pour un résultat aussi magistral.

Ce progrès fulgurant dans le classement international s’est opéré – comme je l’ai dit – par la destruction de l’esprit républicain et l’accroissement du nombre d’étudiants « qui ne sont rien » et que le banquier éborgneur et emmerdeur croisera chaque fois qu’il passera par une gare.

Je cite ici une analyse du bureau de la section SNESUP de Paris-Saclay : [Cette mutation a été réalisée] « au prix de l’exclusion de licences non sélectives, maintenant dans l’école universitaire de premier cycle qui délivre des diplômes non estampillés université Paris-Saclay pour ne pas écorner “ la marque ” Paris-Saclay. Et au prix d’une grande souffrance au travail due à la perte de sens et de lien humain, à la complexification des procédures. » En d’autres termes, que du malheur pour la majorité des étudiants, l’interdiction d’exciper de la qualité de diplômé de Paris-Saclay, une dégradation des conditions de travail, une augmentation de la précarité par, entre autres, la multiplication de “ chaires professeur junior ” avec des rémunérations librement fixées par les établissements, la légitimation de la sélection et, au bout du compte, l’interdiction d’exciper de la qualité de diplômé de Paris-Saclay.

Ce que Retailleau a fait à Paris, elle compte bien le réaliser au niveau national.

COMMENTAIRES  

27/06/2022 10:39 par Auguste Vannier

Au cours de ma longue expérience d’Universitaire, j’ai rencontré ce type de gestionnaire qui transfère sa "rationalité" scientifique (en siciences dures, ça c’est la seule vraie science selon son faible niveau de réflexion épistémologique) dans l’organisation, le fonctionnement d’une Institution, voire même la vie des groupes humains. Les chiffres et les calculs sont les seuls indicateurs de l’action, avec les conséquences catastrophiques que l’on connaît. C’est à l’image d’un banquier qui fait de la Politique...
Mais au fait, y aurait-il un lien avec le Retailleau que l’on entend parfois dans la sphère politicienne ?

27/06/2022 14:38 par calame julia

Réponse à votre question B. Gensane : Non ! inconnue au bataillon.
Mais parmi mes proches certaines devraient être concernées par le personnage.
Vivement les repas de famille !

27/06/2022 16:51 par irae

A part un Bruno homonyme de chez LR et qu’elle soit une malfaisante neolibérale je ne vois pas.

27/06/2022 18:14 par Assimbonanga

L’Enseignement supérieur et la Recherche, quel ministère ! Laurent Wauquiez, Frédérique Vidal et désormais Sylvie Retailleau. Pourquoi met-on des nullos à l’enseignement supérieur et des ringards réac catho médisants et révisionnistes (ou approchant) ? Et Pécresse ! Et Fillon ! C’est quoi l’objectif à terme ? Jumeler avec les universités américaines ?

28/06/2022 09:03 par Auguste Vannier

C’est quoi l’objectif à terme ?

Bonne question @Assimbonanga. Mes premiers travaux de chercheur ont porté sur la mise en place de la Formation Professionnelle continue dans le cadre de l’Education Permanente sous forme d’un "marché de service" (début des années 70 !).J’y étayais l’hypothèse qu’il s’agissait d’un "cheval de Troie" pour l’objectif à long terme d’une privatisation mercantile de l’Education. Hypothèse qui s’est confirmée d’année en année avec une accélération Macronienne. Comme la Santé, l’Education sera privatisée par les neo libèraux, et c’est par l’Enseignement supérieur que ça se fait le plus facilement (autonomie des établissements, développement du financement privé de "Chaires" et des activité de recherche, cursus payants, "clientèle" solvable des enfants des classes moyennes supérieures qui constituent l’effectif le plus important des étudiants etc...). C’est entamé aussi du côté de la petite enfance avec les crèches privées qui se prolongent en "maternelles".
Il n’y a pas de secret, le Projet neo libéral, c’est la généralisation du marché, tout est d’abord mercatisé puis transformé en marchandise. J’appelle ça un "Totalitarisme de marché"...qui s’accompagne naturellement de la déliquescence de la démocratie, à commencer par l’organisation stratégique d’une incitation à ne plus voter (abstention), ou en une protestation personnelle sans effet politique (on se fait plaisir) du bulletin blanc ou nul. Il faut reconnaître que les Libéraux sont forts, habiles et patients pour organiser dans la masse populaire et même militante le sentiment tenace de l’impuissance politique. A ce sujet le petit essai de Geoffroy de Lagasnerie est très intéressant (Sortir de notre impuissance Politique, Fayard, 2020, 5€).

28/06/2022 10:39 par Danael

Les sciences, sans gouvernail et réflexions politiques et sous la loi seule du marché et du capital, vont à une perte certaine. Viennent déjà leurs champs d’application plus usinés, automatisés, robotisés avec obsolescence programmée au besoin pour plus de rentabilité (c’est déjà en cours). Une perte de sens total donc car elles sont de moins en moins orientées et conçues pour l’humain. Qu’importe la personne choisie, Sylvie Retailleau ou autre, c’est le système qui choisit et le sujet qui exécute. Il faudrait que les résistants se multiplient pour d’autres projets . Il y en a , tout n’est pas désespérant.

01/07/2022 13:01 par Chklakla

@Danael
"Il faudrait que les résistants se multiplient pour d’autres projets . Il y en a , tout n’est pas désespérant."
Certes il existe des résistants, à Grenoble l’UGA, université fusionnée au statut juridique expérimental emploie des milliers d’enseignants-chercheurs en vacation. Ceux-ci se sont organisés en un collectif pour demander l’obtention d’un contrat avec un salaire au-dessus du smic (le vacataire ne perçoit pas de salaire mais il est rémunéré à la tâche).

Quand j’en parle aux collègues titulaires, certains compatissent mais ne se mobilisent pas pour eux, les autres sont indifférents.
Cet "analphabétisme politique" est à mes yeux bien plus ravageur que l’abstention électorale

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