Crise énergétique : Le mur n’est plus très loin

Trannoy

La production pétrolière au « taquet », la pénurie s’installe.

Le journal économique les « Echos » titrait le 10/07/2007 : « L’AIE (Agence International de l’Energie) prédit un marché pétrolier au bord de la pénurie en 2012 ».
-  En fait la pénurie est déjà là  : La production pétrolière mondiale est relativement étale depuis 3 ans. Pour faire face à l’augmentation des demandes chinoise et indienne, chaque pays puise dans ses réserves (en particulier les USA, mais pas seulement) pour éviter l’envolée du cours du baril de brut (cela ne pourra évidemment pas durer très longtemps).
-  L’Arabie Saoudite déclare que le marché ne justifie pas l’augmentation des quotas de production. En réalité, celle-ci est au « taquet », au maximum de ses capacités de production, dans l’incapacité d’augmenter sa production. Au contraire pour la première fois en 2007, la production saoudienne a reculé (faiblement certes, mais recul quand même). Peut-être un éphémère rebond attendu de production se produira par la mise en production de petits gisements disponibles ?


Qui contrôle la production ?

-  A cela il convient d’ajouter que les majors qui assurent la commercialisation, ne contrôlent directement que 20% de la production mondiale. Les 80% restants étant contrôlés par les compagnies d’état des pays producteurs (Rosneft, Lukoil et Gazprom pour la Russie, Saudi Aramco pour l’Arabie Saoudite, PDVSA pour le Venezuela, Sonatrach pour l’Algérie, National Iranian Oil Company (NIOC) pour l’Iran). Ces pays qui sont assis sur des ressources en voie de raréfaction n’ont donc aucun intérêt à augmenter les volumes de production. Ils savent que ce qu’ils vendent aujourd’hui à plus de 100 dollars, sera vendu demain à 200 dollars, après demain à 300 dollars).

-  Ces envolées sont, pour le moment, en partie amortie par la dépréciation du dollar par rapport à l’Euro (ce qui plombe largement les exportations européennes). Mais d’ores et déjà des pays prennent des dispositions pour décrocher du dollar (Ouverture de la bourse pétrolière Iranienne dans la devise iranienne, le rial dans un premier temps, le rouble dans un avenir proche). La Russie déclare envisagée sérieusement d’utiliser le rouble comme monnaie de compte. L’Iran et le Venezuela " soutenus par l’Equateur " font campagne au sein de l’OPEP pour que le prix du pétrole soit au moins déterminé dans un panier de devises. En fait ces pays ne veulent plus être réglés en monnaie de singe, le Dollar.

Qui va payer les pots cassés ?

-  Cet accroissement considérable prévisible des coûts de l’énergie remet totalement en cause notre mode de développement. A ces coûts d’accès à l’énergie de nombreuses personnes, parmi les plus modestes, seront dans l’incapacité de se déplacer et même de se chauffer. Cette perspective exige que l’on revoie totalement notre modèle de développement social. En particulier pour tout ce qui concerne l’aménagement du territoire, l’urbanisation (rapprocher les zones d’habitat, d’emplois, de commerce va devenir un impératif pour limiter les déplacements) - Mais aussi agir pour relocaliser les productions. Le temps est proche où il ne sera plus possible de continuer, comme par exemple, faire parcourir 700 Km au pot de yaourt.

-  Notre modèle de développement ultra libérale est-il capable d’anticiper ce virage ? Evidemment NON, empêtrer qu’il est dans les exigences du profit à très court terme. Les programmes municipaux prennent-t-ils en comptent cette nouvelle donne ? Evidemment NON, c’est la stratégie de l’autruche qui est largement à l’oeuvre.

Notre modèle économique atteint ses limites, le dépasser devient un impératif.

Si tous ensemble nous n’agissons pas pour sortir de ce modèle, les dégâts sociaux et humains seront considérables. Dans ce contexte l’ultra libéralisme et son corollaire le social libéralisme ne savent mettre en oeuvre qu’une seule solution : Faire payer la facture aux plus faibles d’entre-nous. Les faibles de ce point de vue, c’est 80% de la population. Etre étrillé ou pas, tout dépendra de NOUS, de nos capacités à agir collectivement, hors de cela, il n’y aura point de salut, ce sera le triomphe de la dure loi de la jungle, la loi du plus fort. Pourra-t-on faire l’impasse sur une relance du nucléaire, et en particulier, de la surgénération ? Il est à peut près certain que NON.

PCF Bassin Arcachon Bernard Trannoy Lanton le 05/03/2008

COMMENTAIRES  

18/03/2008 10:16 par Jean-Claude Caty

L’article n’aborde malheureusement pas l’incidence sur la question alimentaire et évoque le nucléaire comme solution.

Incidence sur la question alimentaire :

Le pétrole est très largement utilisé pour produire et transporter nos aliments. Citons les machines agricoles, les engrais et les pesticides. C’est pourquoi nous dépensons 7 à 10 calories pour produire 1 calorie alimentaire.

Le remplacement d’une partie de la production de pétrole par des "nécros-carburants" entraîne actuellement des tensions et même des pénuries sur les marchés de céréales. Manger ou conduire, il va falloir choisir.

La question nucléaire

Le nucléaire est présenté ici comme une solution. Rien n’est plus faux pour plusieurs raisons :

- Le pétrole est un liquide vraiment magique qui intervient dans 85% des activités environ. L’énergie nucléaire ne remplacera jamais cette variété.

- Comme le pétrole, l’uranium est une ressource fossile soumis à la même problématique. Le problème est peut-être pire pour l’uranium que pour le pétrole. La production annuelle d’uranium est actuellement de 40000 tonnes pour une consommation de 70000 tonnes. Nous sur-consommons donc déjà cette ressource. C’est seulement grace aux stocks qu’il n’y a pas de ruptures. Lorsque les stocks seront vidés, les coupures électriques deviendront quotidiennes. La fin des stocks est estimé pour la période 2012-2015 environ.

23/03/2008 13:19 par bernard Trannoy

Cet article est destiné à être publié sur le journal de la section du PCF Bassin Arcachon - Il fait partit d’une série de 5 articles.
1- Crise financière
2- Crise énergétique publié ci-dessus
3- A venir : Crise alimentaire
4- A venir : Crise environnementale
5- A venir : Crise sociale
L’auteur Bernard TRANNOY PCF Bassin Arcachon

23/03/2008 13:32 par bernard Trannoy

Le nucléaire ne sera pas la réponse à TOUT certes - Mais de mon point de (ce n’est pas que le mien) vue on ne pourra faire l’impasse les réserves sont à environ 40ans avec la filière classique ce n’est donc pas tenable - La surgénération permettrait de multiplier considérablement (un facteur 50 à 100 est souvent avancé) les ressources d’énergies liées à l’extraction et à l’utilisation de l’Uranium. Elle permet de transmuter le Thorium, élément plus abondant que l’Uranium dans la couche terrestre en uranium 233, et l’uranium 238, principal composant, à 99,28% du minerai d’uranium, et composant presque exclusif de l’uranium appauvri, en plutonium 239, tout en produisant de l’énergie (Wikipedia) - Mais si on peut éviter de construire une tranche faisons le - Ce n’est pas parce que je ne suis pas un anti du nucléaire que je suis fana du nucléaire. N’empêche que la RFA qui abandonne le nucléaire pour y revenir prochainement vient acheter en France et électricité et droits à polluer - (RFA largement devant le France pour ses émissions de CO2)- Belle hypocrisie - En tout état de cause les bio ethanol se révèle infiniment plus catastrophique, mais après tout notre egoïsme sera sauvegardé puisque c’est les pays du sud (et les pauvres de chez nous) qui vont payer la Facture Bernard Trannoy

26/03/2008 15:11 par decroissant

Bonjour,

Pourquoi refusez vous de voir que la seule solution passe par l’abandon du mythe de la croissance ?
Je concois qu’admettre cela soit difficile pour un communiste, tant l’ideologie de la croissance, du progres et de la necessaire domination de l’homme sur la nature a ete historiquement un des piliers de la pensee communiste (et pas que communiste, d’ailleurs....)
Mais aujourd’hui, toutes les preuves sont la, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas : l’empreinte ecologique moyenne du terrien moyen DOIT diminuer si on veut etre en mesure de transmettre quelque chose de relativement durable aux generation futures.
Et cette necessaire diminution ne pourra passer que par la decroissance (ca y est, j’ai lache le vilain mot...).
Et en premier lieu, par la decroissance de notre dependance aux energies fossiles, et pas seulement parce qu’elles sont en train de s’epuiser, mais aussi et surtout parce qu’elles font planer sur nous plusieurs dangers majeurs (dereglement climatique et danger pour la democratie entre autres).

Sinon je suis plutot d’accord avec votre analyse, en particulier sur le nucleaire : loin d’etre un pro nucleaire, je considere que c’est la pire des technologies, a l’exclusion de toutes les autres (pour paraphraser ce que disait Churchill a propos de la democratie).
Je crois simplement qu’a moins de prendre le risque d’une rupture abrupte avec nos modes de vie actuels (avec tous les risques, en particulier sociaux qui en decouleront forcement), il est utopique de pretendre vouloir se passer du nucleaire pour les quelques decennies a venir.
Par contre, il faut des a present demarrer un programme ambitieux de reduction de notre consommation d’energie (meilleure isolation de l’habitat, relocalisation de l’economie, concentration de l’habitat, ....) pour d’une part permettre l’arret progressif de nombreuses centrales nucleaires et surtout pour rendre inutile la construction de nouvelles tranches (EPR...).
Dans le meme ordre d’idee, les fonds alloues au projet ITER auraient ete bien plus efficaces s’ils avaient ete alloues a ces projets de reduction de consommation d’energie ou au developpement d’ energies renouvelables.

Comme vous voyez, contrairement a ce qu’on entend souvent, etre un partisan de la decroissance economique ne signifie pas necessairement vouloir le retour a l’eclairage a la bougie ou a la traction animale.

Bien a vous.

26/03/2008 17:20 par bernard Trannoy

Bernard Trannoy
ITER est une fausse réponse qui retarde la mise en oeuvre de recherche sur la surgénération. De plus il faut développer les recherches sur l’ensemble du cycle du combustible, y compris et surtout le traitement des déchets et pas de stockage irréversible. Quand a vos interrogations sur la croissance je les partage, mais elles ne peuvent être abordées sans remettre fondamentalement en cause la répartition des richesses. J’espère que vous le remettez pas en cause la croissance nécessaire pour le paysan du Sahel. Ces questions là se posent aussi et surtout en terme de classe.

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