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Sous le banquier d’Affaires sans scrupules, perçait le président menteur et fuyard

Comment Macron m’a séduit puis trahi

C’est l’été, on lit des polars sur la plage. Sur l’invitation d’un lecteur, LGS vous offre ce chapitre où tout est vrai et où il apparaît que, plus jeune, Macron avait déjà dans le sang le mensonge, la trahison et la lâcheté d’un homme qui, devenu président, refuse de rencontrer les élus pour leur parler de Benalla.
Certes, les autres personnages de ce morceau de polar sont Alain Minc, des banquiers, des journalistes du Monde, mais on ne peut en être surpris : les polars se situent souvent dans des milieux glauques où se croisent des gens peu recommandables.
LGS

Comment Macron m’a séduit puis trahi

Par Adrien de Tricornot, journaliste au « Monde », spécialiste des questions économiques et financières. En 2010, lors de la recapitalisation du « Monde », Adrien de Tricornot est vice-président de la Société des rédacteurs du Monde. Il en deviendra le président de 2011 à 2012.

EN 2010, LE JOURNAL LE MONDE EST AU BORD DE LA FAILLITE ET EMMANUEL MACRON PROPOSE SON AIDE « BÉNÉVOLE » AUX JOURNALISTES. MAIS LE BANQUIER D’AFFAIRES ROULAIT EN FAIT POUR UN DES GROUPES QUI VOULAIT RACHETER LE JOURNAL…

Je suis Adrien de Tricornot, je suis journaliste au Monde. En 2010, le groupe Le Monde avait de grosses difficultés financières et j’étais vice-président de la Société des Rédacteurs du Monde.

Nous les journalistes, au travers de la Société des Rédacteurs du Monde, étions les principaux actionnaires du groupe*. Nous savions que nous allions devoir faire appel à de nouveaux investisseurs, et voir nos parts diminuer. Nous allions perdre le contrôle actionnarial du journal. Il fallait nous entourer de spécialistes : avocats, banquiers d’affaires.

Macron, jeune banquier d’affaires, propose de nous aider

C’est à ce moment là qu’Emmanuel Macron, jeune banquier chez Rothschild, fait savoir à une journaliste, qu’il est prêt à nous aider « pro bono ».

Emmanuel Macron se présente à nous comme un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve pas du sens, membre de la Fondation Jean Jaurès, voulant défendre la liberté de la presse, ancien assistant de Paul Ricoeur… Et donc prêt à nous aider bénévolement.

« On allait voir Macron le soir chez Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis, pour se tenir au courant discrètement. » Adrien de Tricornot, journaliste au Monde@tricornot

Et Emmanuel, puisque c’est comme ça qu’on l’appelait à l’époque, devient vite un conseiller important pour nous. On allait le voir le soir chez Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis ou dans des cafés pour se tenir au courant discrètement. On le trouvait formidable, super brillant…

J’aperçois Macron avec Alain Minc…

Le 2 septembre 2010 après-midi, on se retrouve une nouvelle fois dans le bureau d’Emmanuel Macron. On lui rend compte de l’état de nos négociations. On s’apprête à conclure avec l’offre Bergé-Niel-Pigasse, qui n’était pas la direction vers laquelle il nous avait conseillé d’aller. Mais l’entretien reste très cordial.

Le 3 septembre au matin, nous avions une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé [un des futurs repreneurs du Monde], 10 avenue George V. La coïncidence, c’est qu’à la même adresse, il y a les bureaux… d’Alain Minc. Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance du Monde, conseille à l’époque le groupe Prisa qui est un des autres candidats au rachat de notre journal.

… Macron disparaît et part se cacher

Après notre rendez-vous, nous discutons quelques minutes entre nous avec Gilles Van Kote, président de la Société des rédacteurs du Monde, notre avocat et sa collaboratrice, en bas de l’immeuble. Je vois la porte de l’immeuble s’ouvrir. Un petit groupe sort autour d’Alain Minc, pour aller déjeuner ; le dernier à sortir est Emmanuel Macron. Je croise son regard, il me semble qu’il me voit également ; il échange quelques mots avec Minc tout en restant sur le pas de la porte, puis Macron disparaît derrière la porte cochère et ne sort pas. /

Là je dis à mes collègues : « vous n’allez pas me croire, mais avec Minc, il y avait Macron ». Mes amis me disent que je suis peut-être un peu fatigué, mais que ça n’est pas possible.

La partie de cache-cache commence

Je décide d’aller voir si Macron est toujours derrière la porte. Je ne vois personne dans l’entrée, personne derrière la porte, personne dans la cour.

Je reviens sans l’avoir trouvé. Mais avant que nous séparions, je décide de faire une autre tentative, et je demande aux autres de m’attendre.

Je monte à l’étage et je sonne au bureau de Minc, mais tout le monde est parti manger. Et je me dis, tiens, si j’allais monter voir aux autres étages.

J’avais une sorte de pressentiment. J’avais vu que Macron se cachait, or quelqu’un qui se cache doit continuer à se cacher. Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel masqué. Je n’ai pas su qui c’était, j’ai raccroché.

Je retrouve Emmanuel au dernier étage

Et puis j’arrive au dernier étage de l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée – et effectivement quand j’avais essayé de prendre l’ascenseur, il n’était pas dispo. Et tout au bout de l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron qui s’était bien « replié » au moment où il m’avait vu !

« J’ai retrouvé Macron caché au dernier étage de l’immeuble. Il avait bien pris la fuite au moment où je l’ai vu avec Minc »
Adrien de Tricornot, journaliste au Monde@tricornot

Il avait bloqué la porte de l’ascenseur, et je ne sais pas si c’est lui qui m’avait appelé en masqué pour savoir si c’était moi qui montait les marches. On s’appelait beaucoup à l’époque, mais pas en appel caché ! Ceci dit, c’est peut-être juste un hasard.

Surtout, étrangement, quand j’arrive sur le palier du dernier étage, Macron regarde ses pieds et a son portable à l’oreille et fait comme s’il ne me voyait pas. Et précisément au moment où j’arrive sur le seuil du dernier étage, j’entends « Oui allô c’est Emmanuel… » : Il se met à démarrer une conversation au téléphone. Pile au moment où j’arrive. Je ne sais pas s’il y avait vraiment quelqu’un à l’autre bout du téléphone…

Et moi je vois ce type juste devant moi, qui fait comme si je n’étais pas là. Je suis totalement sidéré. Je pourrais être en colère de la trahison, car on voit bien qu’il a essayé de nous cacher quelque chose, mais je suis assez content de l’avoir trouvé !

Je me rapproche à quelques centimètres de lui, mais toujours rien… il continue à « parler » au téléphone. Je lui tends la main et lui dis : « Bonjour Emmanuel. Tu ne nous dis plus bonjour ? Mes autres collègues t’attendent en bas ». J’ai senti à ce moment l’angoisse en lui. Il avait du mal à respirer. Son cœur battait à 200 à l’heure.

Je lui demande ce qu’il fait là. Il me répond :
« – J’attends des clients »
« – Tu attends des clients, comme ça, sur le pas de la porte ? Pourquoi tu ne rentres pas ? »
« – Bah, parce qu’en fait on nous prête des locaux ici, mais j’ai pas encore la clé… »
« – En tout cas mes collègues t’attendent en bas, ça serait bien que tu descendes leur dire bonjour »
« – Non je ne peux pas, j’attends des clients… »

Finalement, je lui force la main pour qu’il descende dire bonjour à mes collègues. Macron retrouve petit à petit son aplomb, pendant qu’on redescend au rez-de-chaussée.

« Tant pis pour l’humanité »

Je repasse la porte d’entrée de l’immeuble, cette fois avec Macron. Là, mes amis, goguenards, s’attendaient à me voir revenir bredouille. Ils passent de l’état goguenard à celui de la sidération. Parce qu’effectivement Macron était bien là !

Macron discute quelques instants avec notre petit groupe. Parmi mes collègues, notre avocat d’affaires, qui est assez rompu aux négociations d’affaires, sait que dans ce domaine tout est permis, mais était sidéré. Et Gilles Van Kote [à l’époque président de la société des rédacteurs du Monde, puis directeur du journal de 2014 à 2015], qui était aussi présent ce jour-là, m’avait dit un jour :

« On a été trahis par tellement de gens que si même Emmanuel nous trahit, c’est à désespérer de l’humanité. »

Quelques minutes plus tard après être parti, Gilles Van Kote m’envoie ce texto :
« Tant pis pour l’humanité. »

Je pense que Macron a été se cacher parce qu’il a été surpris. Le fait qu’il soit surpris avec Alain Minc est une sorte d’aveux qu’il a des relations qui ne sont pas connues de nous avec lui. Or Macron est notre conseiller. Il a le droit de rencontrer Minc, soit pour des dossiers qui ne nous concernent pas et où il ne parle pas de nous. Mais s’il parle de notre dossier, il doit nous en rendre compte.

Cela signifie que, pendant la négociation, Macron avait déjà eu des relations avec Minc, sans nous le dire. Or Minc était le soutien d’une offre qui nous paraissait particulièrement dangereuse, celle de Prisa !

Plus tard, d’autres éléments ont conforté ces très forts soupçons. Dans le livre de Marc Endeweld, L’Ambigu Monsieur Macron, j’ai appris qu’un courrier que nous avions nous-mêmes [la Société des rédacteurs du Monde] adressé à Xavier Niel, Pierre Bergé et Mathieu Pigasse pour demander un délai de 15 jours supplémentaires de négociations avec les différents repreneurs potentiels, avait en fait été rédigé à l’origine par Alain Minc Conseil, la société de Minc. Or, c’est Emmanuel Macron qui nous avait transmis la trame de ce courrier !

Et d’ailleurs, quand Macron propose de repousser le délai de remise des offres de 15 jours supplémentaires, cela permettait à Prisa de rester encore dans le jeu ! Et ensuite, Macron nous a même poussés à ne pas rentrer en négociations exclusives avec Niel-Bergé-Pigasse lors d’une réunion d’information avec les journalistes du Monde où nous l’avions invité, et où sa position a été très mal reçue, compte-tenu du risque qu’il nous conseillait curieusement de courir dans notre situation délicate, puisque nous risquions alors d’être placés sous mandataire de justice par le Tribunal de commerce…

Encore une autre preuve du double jeu de Macron…

En fait Macron roulait pour lui-même

Je pense qu’en cours de route, Macron, en se présentant comme conseil de l’actionnaire majoritaire, a obtenu une certaine visibilité dans Paris, la possibilité de discuter avec des gens… Et puis, il a vu arriver dans la négociation des gens avec qui il était rival, comme le banquier d’affaires Mathieu Pigasse de la banque Lazard.

Et au final, j’ai l’impression que Macron roulait pour lui-même.

C’est d’autant plus choquant qu’il prétendait rouler pour une cause d’intérêt général. Nous étions pour notre part, élus, bénévoles, et on n’a rien retiré de cette opération qui visait à sauvegarder un groupe de médias indépendants !

Je n’ai plus eu de contacts avec Emmanuel Macron depuis ce jour, sauf à un prix du livre d’économie, quelques années plus tard.

Je crois être la seule personne à avoir joué à cache-cache avec un candidat à l’élection présidentielle… et à l’avoir trouvé !

* Au sein du « Pôle d’indépendance », qui était l’actionnaire majoritaire, il y avait la Société des Rédacteurs du Monde, mais également les lecteurs et les autres salariés.

Propos recueillis par Johan WEISZ
10/2/2017.

 https://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde
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COMMENTAIRES  

30/07/2018 09:59 par Scalpel

Quelle incroyable naïveté pour un "journaliste" à l’im-Monde.
Tellement incroyable que cette narrative de caniveau confine au conte pour gogols.
Ainsi PRISA aurait été "pire" que BNP ?
J’admire ces gens capables de hiérarchiser la dangerosité respective de la peste et du choléra, et d’un faire leur combat !
C’est tout le problème des empoisonneurs, que ça soit des pollueurs FNSEA ou des scribouillards mercenaires d’une feuille atlantiste sur certains sujets à la droite du Figaro (Vénézuéla par ex), il sont les premiers intoxiqués par leur déjections.
"Comment Macron m’a...séduit, puis trahi".
Comment peut-on être (intellectuellement, avec Macron, la précision s’impose) "séduit" par un tel requin de la scandaleusement mal nommée fondation "Jean Jaurès" s’il on n’a pas soi-même un ADN de requin ?

30/07/2018 21:58 par Geb.

Mon cher Camarade c’est ta naïveté qu m’émeut.

S’il n’y avait pas au moins 80% des personnes qui aident à façonner l’opinion inconscientes du rôle qu’on leur fait jouer nous n’en serions pas là.

Ca n’est pas l’esprit de lucre, le désir de paraître, ou la haine, qui confortent ce mur de cohésion putride qui se trouve entre nous et nos exploiteurs. Même si certains conjuguent aussi un ou l’autre qualificatif, sinon les trois à la fois.

C’est tout simplement l’ignorance crasse, le vide politique, les "bonnes intentions", l’absence de connaissances historiques et sociales, et surtout une connerie sidérale. Qui agit à tous les niveaux chez ces soi-disant "faiseurs d’opinion".

Ce brave homme a l’amabilité de citer un Pierre Bergé* dans son "papier". Te souviens-tu de l’époque où ce même Pierre Bergé était membre éminent et actif des Amis de l’Humanité, (Le Quotidien du PCF) ??? Ou de quand un Eric Woerst était "invité" à venir "débattre" à la Fête de l’Huma au nom de la ’Pluralité d’Opinion" ? Ou quand un Lagardère entrait dans le Capital de cette même Huma "pour conforter la "Liberté de la Presse d’Opinion" qui risquait l’asphyxie financière ?? Du moins c’est sous cette forme qu’on nous l’a vendu ?

Tout çà sans que personne de "représentatif" à n’importe quel niveau du Parti ne s’en émeuve sinon ceux qu’on a fait dégager pour s’en être "émus" un peu trop publiquement ????

Certes il y en avait qui étaient "dans le coup". Mais contrairement à ce qu’on peut penser il y avait surtout une majorité de décervelés et d’idiots utiles qui suivaient le mauvais "berger". (C’est un jeu de mot facile mais impossible à manquer) :-))).

Ayant bossé quarante ans dans la Presse Quotidienne Régionale communiste, militant communiste, Cadre de Presse, et Militant syndicaliste du Livre, ce genre de situation ne me laisse même pas songeur. Tous les anciens un peu "normaux" et politiquement éveillés de notre presse "savaient" que l’avènement des "Ecoles de Journalisme" c’était l’avènement du début de la fin du journalisme d’investigation et d’analyses. Je ne parlerai même pas du "Journalisme de Classe" révolutionnaire prolétarien.

L’Outre-Atlantique avait déjà posées les règles en compagnie de Hearst et de la "Syndication" de l’Information dans le cadre de l’Ultra capitalisme mondialiste.

La nullité contre-productive ça n’a jamais été l’apanage d’un bord politique ou de l’autre . Aujourd’hui j’en viens même à penser qu’il s’agit d’un élément universel cultivé comme un boulet par nos ennemis de classe.

J’ai vu pire, les mêmes types de gogoles... Et chez nous !

*Quand il cite l’"Accord Niels, Bergé, Pigasse", comme si c’était ce trio infernal qui allait sauver "le Monde", plutôt que le "Groupe Prisa" n’importe qui d’informé sait que c’était "bonnet blanc ou blanc bonnet " selon la formule célèbre de Feu notre Camarade Jacques Duclos.

"Le Monde" devait devenir ce qu’il est devenu : "Le Monde" du "Décodex", des "Fake News", de la Propaganda Staffel du Pouvoir euro-atlantiste. Et le Quotidien de référence de la désinformation des classes collabo-intellectuelles "de gauche". Et ceci avec n’importe qui que ça soit dans le CA pourvu que ça marche.

Et il le "cite" sincèrement... En plus.

31/07/2018 10:11 par Assimbonanga

Parmi les "fautes" de l’ignorance, je déplore que LGS se cantonne aux luttes ouvrières et ne s’intéresse que trop peu au monde agricole où pourtant se joue une bascule patronale et je me désole que NDDL ne fasse pas l’objet d’un suivi sur ce site.
Beaucoup d’habitudes acquises par les agriculteurs, subventions, passes-droits, bienveillance des politiciens, aides diverses, exonérations, taux avantageux, sont en train de migrer vers le patronat en général, (petits commerçants et artisans pour commencer puis grosses entreprises). Les Wauquiez, après avoir craché sur "l’assistanat" auprès des laissés-pour-compte de la société, n’hésitent plus à puiser dans la caisse pour donner l’argent directement aux entrepreneurs (sous prétexte de sauvegarde d’emplois). Attention, c’est du hold-up sur l’argent public, une dérivation des impôts vers des porte-monnaies privés !

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