Martine Aubry (je crois que c’était elle, pas François Hollande, même si je les confonds souvent) est venue dans une sous-préfecture de « province » comme disent ceux pour qui la France sent la bouse dès qu’on a passé le périphérique.
La salle des fêtes était pleine, une large allée centrale avait été prévue entre les sièges. Soudain, une musique assourdissante, des remous vers le fond et voilà -t-il pas qu’une grappe humaine remonte toute la salle vers la scène. C’est ELLE ! Martine ! Entourée de garde du corps, des caciques locaux et d’une nuée de caméras et de micros. On se met tous debout, on applaudit, on scande : « Mar-ti-ne ! Mar-ti-ne ! » Quelques-uns brandissent des panneaux de carton où je lis « Martine Présidente ».
Enfin, elle arrive à la tribune, on se rassied, elle parle dans un silence religieux : " Je suis prête. Il y a trop de chômage, d’inégalités, de précarité, bla-bla-bla..."
Mon voisin, un rustaud pas très jeune, l’air pas trop riche, jubile : « ELLE m’a serré la main en passant. ELLE est mieux qu’à la télé ». Au bout d’un moment, il s’endort et moi aussi. On n’est pas venus réentendre ce qu’ELLE a déjà dit à la télé : on est venu voir, en vrai, quelqu’un qu’on voit à la télé.
C’est la télé qui a rempli la salle. Le vedettariat, ça s’appelle. Antichambre de l’Elysée.
Théophraste R. (finalement, je crois que c’était plutôt Hollande).
PS. En fait, je n’y étais pas. J’ai dû rêver. C’est impossible, sinon, tout ce cinéma.