
Comment sauver le PCF ?

Les militants communistes ont tort de ne chercher qu’au-dehors les causes de la décrépitude de leur parti : moins de 2 % aux présidentielles de 2007 et aux régionales de 2015, moins de 3% aux législatives de 2017, 50 000 adhérents à jour de leurs cotisations.
Parlons d’un des vers dans le fruit.
Charles Fiterman fut un haut responsable du PCF et ministre d’État chargé des transports du gouvernement Mauroy (PS). En 1998, il fait ce qu’il appelle « un choix lucide » en adhérant au PS où il est investi de responsabilités au Conseil national, chargé des affaires européennes sous l’autorité d’Henri Nallet qui est par ailleurs un des directeurs du groupe Servier (Médiator). Avec une clairvoyance aussi flamboyante que sa sincérité, Fiterman déclare alors que le PS « tel qu’il bouge, tel qu’il évolue, est le lieu central, la force principale à partir de laquelle peuvent évoluer les choses dans le sens que nous souhaitons […] Aujourd’hui, tous les chemins du progressisme mènent au PS ».
Renier Marx vaut récompense : Jospin le nomme membre du « Conseil économique, social et environnemental ». Il sera aussi membre du Comité d’orientation scientifique de l’association « À gauche en Europe » (fondée par Rocard et Strauss-Kahn), membre du conseil d’administration du think tank « Notre Europe » de Delors.
Quand Hollande (en 2015) rapproche un discours de Marine Le Pen d’un « tract communiste des années 1970 » (Cocos-fachos-même topo, en quelque sorte), Fiterman émet, de l’intérieur du PS, une platonique protestation.
Camarade de parti de Valls, Cahuzac, El Komri, il est discret ou muet quand les travailleurs sont jetés à la rue par des patrons voyous et se font tabasser par les CRS s’ils essaient de préserver les acquis obtenus à la Libération dans la foulée des sacrifices de nombreux communistes dans la Résistance.
A quelques jours de janvier 2018, il quitte le PS. Il lui aura fallu 20 ans au-dedans de l’appareil du PS pour en découvrir ce qu’il appelle à présent la « terrible dérive néolibérale […] « l’effondrement idéologique et la sclérose organisationnelle ». Il aurait pu ajouter « et l’effondrement électoral » qui anéantit les chances pour lui (84 ans) de bénéficier une fois encore de ses largesses et bontés.
Le déclin du PCF prendra fin quand Pierre Laurent applaudira ce genre d’éditorial et regrettera de ne pas l’avoir lu en rubrique « Libres opinons » dans l’Huma (de Jean Jaurès).
Théophraste R.
PS. Je n’oublie pas les Jack Ralite et Georges Séguy à qui LGS a rendu hommage.