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Jean Vautrin. « Je prône la révolution mais je ne suis pas très optimiste »

Le romancier et scénariste Jean Vautrin, prix Goncourt en 1989 pour "Un grand pas vers le Bon Dieu", est mort mardi à son domicile à Gradignan, près de Bordeaux, à l'âge de 82 ans, a-t-on appris auprès de son agent, Danielle Gain. En 2011, il avait accordé un entretien à l'Humanité à l'occasion des 140 ans de la Commune, qu'il avait superbement racontée avec "Le Cri du Peuple".

Dans quelques jours, nous fêterons 
les cent quarante ans de la Commune de Paris. Une période sur laquelle vous avez écrit le Cri du peuple. 
En quoi est-ce une page fondamentale de notre histoire ?

Jean Vautrin. En deux mois et demi, les 
communards ont pris une torche et foutu le feu à la société de manière totalement irréversible. Ils ont légiféré, ils ont réinventé la démocratie, alors même qu’ils étaient assiégés par les versaillais et par les Prussiens. Une situation de crise incroyable. Quand on nous parle de crise aujourd’hui, ça me fait sourire. Les communards sont quand même des gens qui ont bouffé du rat ! C’est le meilleur et le plus bel exemple de démocratie directe que la France ait connue. C’est aussi la première. Il y a des modèles dans la Commune, et puis, c’est la revanche des femmes, elles émergent brusquement et pour la première fois dans l’histoire de France, prennent leur destin en mains. Même si on les a transformées en pétroleuses, elles se battaient, avaient le droit de vote. Les communards, en soixante-douze jours, ont créé une assemblée, ont supprimé la peine de mort, mis en place l’autogestion des entreprises. Ce sont des choses absolument fantastiques, une période exemplaire. Non seulement c’était moderne, mais ça l’est encore aujourd’hui ! Je crois que c’est depuis la Commune de Paris que le mot «  révolution  » fait encore plus peur aux Français. C’est une vraie révolution, du latin «  revolvere  » qui signifie retourner. Oui, c’est un retournement. De situation, de constitution, du rôle du peuple qui gouverne par lui-même et pour lui-même. C’était sauvage, c’est vrai. L’épilogue a été rude et sanglant mais les communards étaient des gens incroyables, en avance sur tous les temps, d’un grand modernisme. On les décrit volontiers comme des soiffards, c’est un peu l’ivrogne et la putain. Il y a tout un aspect caricatural mais c’est une lutte des classes. C’est ce que j’écris dans le bouquin : la Commune, « elle est gueuse. Elle est crâne. Elle est spontanée. Elle est piquante comme un rire heureux. Elle n’est pas coiffée. Elle n’a pas trop de redingote. Pas de raie au milieu. Elle ne commande pas à une réunion de beaux messieurs cravatés de blanc. C’est un troupeau d’inconnus lâchés dans les rues. C’est un bouillon rouge. Elle est le rassemblement des malheureux, des bannis de la spéculation, des exploités de fabriques, des habitants des faubourgs et de la grande réserve des pauvres ». Oui, une lutte des classes. Les gens du peuple, face à la bourgeoisie versaillaise grosso modo. Et d’ailleurs, dans le monde arabe aujourd’hui, ce n’est pas autre chose que ça.

Est-ce à dire, qu’aujourd’hui, 
cent quarante ans après, les idéaux 
de la Commune sont toujours subversifs ?

Jean Vautrin. Oui. Absolument. Ça sent le soufre et ça fait peur. D’ailleurs, il y a toujours une sorte d’anathème, une chape de plomb. Il est difficile de parler de la Commune de Paris. C’est un sujet tabou, une période complètement tenue sous le boisseau. Quand j’étais gamin, au lycée, on n’enseignait pas la Commune. L’école de Jules Ferry n’en parle pas beaucoup. C’est d’ailleurs ce qui m’a incité à en faire un roman. D’abord parce que ça correspond profondément à ce que je suis. J’ai l’esprit libertaire. Tout au long de mes bouquins, j’ai toujours parlé des marginaux, des rebutés. Que ce soit l’histoire des mutins de 1914-18 (dont je finis d’écrire le quatrième tome), ou celle des communards, il y a une cohérence. C’est comme avec Boro. J’avais envie de m’attaquer à des romans tout à fait populaires et basés sur l’histoire. Ça a toujours été ma préoccupation. Et puis, je me suis fixé dans ma tête pourrie d’aller de 1870 au XXIe siècle. Et même quand je parle de l’époque actuelle, c’est à travers les gens de la marge. Il y a une certaine cohérence. La Commune de Paris est une période surprenante, qui mériterait tellement d’être mise en lumière, surtout à l’heure actuelle. On essaye depuis des années avec plusieurs producteurs de monter un film pour la télévision sur la Commune de Paris. Nous n’y arrivons pas. C’est un sujet tabou et tout le monde se retranche derrière le fait que le projet coûte cher en reconstitution. Bien sûr que ça coûte cher, il faut foutre le feu à Paris, mais quand même, les moyens du cinéma aujourd’hui sont capables d’apporter des solutions pour incendier l’hôtel de ville. Bref, on pourrait le faire. Sans aller jusqu’à parler de malveillance, il y a clairement de la réticence sur ce genre de projet. Peut-être que le moment est mal choisi, que le gouvernement que nous avons ne se prête pas à ce genre de reconstitution. Et pourtant, la télé serait vraiment le meilleur moyen de raconter la Commune. Et puis, la Commune de Paris passionne les gens. Le bouquin le Cri du peuple s’est vendu à 80 000 exemplaires et l’adaptation en BD par Tardi à 250 000. Il y a un public, des gens que ça intéresse, qui ont envie de fraterniser.

Vous parlez de «  génial pressentiment 
de la grandeur révolutionnaire  » en ce 
qui concerne la Commune. Qu’en est-il aujourd’hui de ce pressentiment ?

Jean Vautrin. On vit une période d’autocratie où le président de la République a tous les pouvoirs. Mais ce qu’il y a de plus grave, et ce en quoi la période actuelle est terrible, c’est qu’on a annihilé, anesthésié le peuple complètement. La télé, le crédit, le consumérisme, tout ça a fabriqué des veaux. Les gens sont ligotés. Le crédit, c’est diabolique pour le peuple. C’est une société qui a cloisonné les individualités jusqu’à un monstrueux chacun-pour-soi. Je me sens profondément révolutionnaire, je prône la révolution mais je ne suis pas très optimiste. Il y a une poignée de fous qui y croient, mais même si j’en ai très envie, les signes ne sont pas vraiment rassurants. Même les syndicats s’entre-bouffent ! Ils ont été divisés... Pour qu’il y ait révolution, il faut vraiment qu’il y ait un flux, un flot, comme une certitude. En France, il y a toute une classe de la société qu’on a embourgeoisée et qui finalement, maintenant, a quelque chose à défendre, une sorte de patrimoine si l’on veut. Et puis, je regrette que les jeunes ne soient pas plus politisés. C’est diabolique ce système. On les force à dire que le but suprême, c’est de gagner de l’argent. On a fabriqué des gens pressés, qui monteraient sur n’importe qui pour arriver les premiers, qui ont la dent dure, qui sont méchants avec le monde entier. Voilà, on a fabriqué des teignes, des ordures il faut bien le dire. Et tout ça mène à la spéculation, la surenchère, la brutalité. Il faut consommer. On crée des victimes du consumérisme, aucun doute là-dessus. Et ça commence dès l’enfance. On est nombreux et nourris de besoins. Quand on voit les besoins qu’on crée notamment chez les enfants, c’est meurtrier. La société libérale et le capitalisme jouent à fond là-dessus ! Quant à la politique qu’on nous donne à voir en ce moment, franchement, il y a de quoi pleurer. La France conserve un vieux fond de pétainisme. C’est la délation, le fiel, jamais le partage. Je suis triste. Je suis à la fin de ma vie et je me dis putain ! On n’a pas avancé d’un pouce et au contraire, on est en train de rétrograder. On a même perdu le bon sens, cette simplification qui était une spécificité française. Ce bon sens qui fait que l’on ne croit plus aux contes et aux légendes. Les gens maintenant sont pieds et poings liés, comme tenus en laisse. Ils sont dépendants, ne sont plus eux. Il ne peut pas y avoir de révolution dans ces conditions-là. Et avec l’avancée des technologies, la priorité est donnée au virtuel. Mais c’est concret une révolution ! C’est fait avec du pain, du sang, du foutre et des idées ! Les idées ? On les a bouffées à force de rendre les gens passifs. On les a mécanisées. La télévision, par exemple, qui est absolument géniale en ce qu’elle est un miroir permanent sur le monde, est utilisée comme un carcan, un lasso qu’on fout autour du peuple. Il faut qu’on continue à se parler. Il y a tout le bla-bla mais je ne parle pas de ça, ce qui compte, c’est ce que les gens se disent entre eux, et je trouve qu’ils se parlent de moins en moins véritablement. C’est très mauvais finalement, ce silence. Donc, je ne crois pas que les conditions de la révolution soient proches en France, sauf grande colère, ras-le-bol. Finalement, c’est ce qui s’est passé en Tunisie.

Donc les pauvres d’aujourd’hui ne seront pas les communards d’hier...

Jean Vautrin. Non. D’abord parce que la France est un pays riche, qu’on le veuille ou non. Les communards étaient démerdards, ils avaient de la vertu, il ne faut pas l’oublier. Tout ça suppose beaucoup de modestie. Aujourd’hui, chacun essaye de s’en sortir «  le mieux possible  », mais il n’y a pas de mouvement collectif. Et puis, la Commune est une période d’action. Il ne faut pas se faire d’illusions, la révolution n’a qu’un temps. On a vécu deux cent cinquante ans sur celle de 1789, ce qui est un exploit, il faut bien le dire. Mais pour qu’une révolution fonctionne, et qu’on puisse s’y recommander le plus longtemps possible – même si c’est avec hypocrisie –, il faut penser l’après quand on est dans l’action. Je crois que l’homme est perpétuellement insatisfait et que la seule vraie solution pour nos démocraties, c’est de ne pas perdre de vue que, de temps en temps, il faut mettre un coup de pied. C’est la tâche du citoyen. Une vigilance permanente pour ne pas s’endormir... Alors, bien sûr, il y a des gens formidables sur le plan des solidarités, dans les associations, dans le voisinage, les petits services que l’on se rend... Mais il n’y a pas ce mouvement collectif qu’il y a eu précisément pendant la Commune, où les gens, brusquement, fraternisent. C’est fabuleux. Même sous les bombes des versaillais, même assiégés, menacés de toutes parts, la vie continue dans Paris. Les théâtres sont ouverts, les bistrots fonctionnent, on danse, on chante, on chahute, on caricature, on critique... La vie ne s’arrête pas, au contraire, elle est fraternelle, elle est dans la rue. C’est un forum perpétuel, les gens, pour la première fois, se côtoient.

Diriez-vous qu’aujourd’hui la Commune 
est comme «  symboliquement niée  » ?

Jean Vautrin. Il n’y a rien de pire que l’obscurité. On a tout fait pour ne pas parler de la Commune de Paris. Commençons par supprimer toutes les rues Thiers, toutes les avenues Thiers, ça me paraît un bon début. On pourrait donner quelques noms de communards à la place, ce ne serait pas mal. Créer des avenues Dombrowski, une place Vallès... On pourrait aussi réhabiliter vraiment Courbet dans toute la majesté qu’il mérite. C’est un type fabuleux, réduit à l’Origine du monde. Mais il n’y a pas que ça. C’est un homme généreux, préoccupé par son temps, qui a osé se mouiller. Il en est mort de la Commune !

Et si vous deviez nous citer un seul communard, votre communard...

Jean Vautrin. Jules Vallès ! Parce que si j’ai deux amours, comme dirait l’autre, c’est Jules Vallès et Jules Vallès. J’aime aussi Courbet, j’adore Louise Michel et des tas d’autres sont dignes d’être aimés mais Jules Vallès, moi, il me branche. Il me branche parce qu’il n’est pas très beau, qu’il est tout le temps fauché, qu’il court après quatre sous mais que rien, jamais, n’arrête ses idées. Même s’il est obligé de déménager à la cloche de bois, ses idées sont là, il est toujours présent. Il est, en plus de ça, d’une modernité extraordinaire. C’est un vrai journaliste. Il monte des journaux, travaille sur la rue... C’est un irrégulier. Un type moderne et engagé. Et puis, son parcours au milieu de cette fournaise révolutionnaire est exemplaire. Dans le Cri du peuple, je décris la fin, quand il fuit alors que ça fusille de tous les côtés. Il a pris l’identité d’un médecin, il a un grand tablier blanc, couvert de sang. Il est sur un char rempli de cadavres et il traverse Paris à feu. Il risque d’être arrêté à chaque instant. Les morts qu’il transporte sont son laissez-passer. L’image est fabuleuse.

Auteur entre autres du roman le Cri du peuple sur la 
Commune de Paris, Jean Vautrin revient sur l’histoire, la révolution, l’actualité et la société actuelle. Profondément révolutionnaire, il ne cache pas son pessimisme. Le capitalisme, le libéralisme, la consommation, le manque de dialogue : il dresse un bilan sans compromis du monde d’aujourd’hui.

Dans l’épilogue du Cri du peuple, adapté 
par Tardi, vous écrivez ceci : « Raconter 
la suite des aventures des “égarés” de la fin 
du XIXe siècle, nous y pensons de plus 
en plus »... Vous excitez notre curiosité.

Jean Vautrin. Ah !... la suite. Et bien, Grondin n’est peut-être pas mort. Et puis, nous aimerions retrouver Ziquet et Lili. J’ai dans l’idée que nous retrouverons Ziquet sur un bateau. Oui, officier sur un bateau parti aux Amériques. Pendant ce temps-là, la petite Lili, elle, elle en a chié. On va lui faire un parcours un peu hugolien. Elle devient boniche, peut être récupérée par un bourgeois qui a envie de la tripoter. C’est un peu les Bas-Fonds. Ziquet va vouloir la retrouver, retrouver son bel amour...

DE HERMAN À VAUTRIN...

Jean Herman (Herman, « comme maman ») est né en 1933 en Lorraine. De la caméra au crayon, de l’écran au papier, il sera successivement lecteur de littérature française à l’université de Bombay, photographe ou dessinateur humoristique. Il sera l’assistant de Roberto Rossellini en Inde. Affecté au service cinéma des armées durant la guerre d’Algérie, il est démobilisé et devient l’assistant de Vincente Minnelli et de Jacques Rivette. Il signera cinq longs métrages et une trentaine de téléfilms et films dont Adieu l’ami, avec Alain Delon et Charles Bronson.

Puis vint Vautrin, qui cohabite avec Herman à partir de 1973. L’un scénariste et dialoguiste, l’autre écrivain. Vautrin, pseudonyme littéraire sous lequel Jean Herman devient romancier et nouvelliste. Auteur de Billy-ze-kick en 1979, Baby boom (prix Goncourt de la nouvelle en 1986), Un grand pas vers le bon Dieu (prix Goncourt en 1989), Symphonie grabuge (prix populiste en 1994), ou encore J’ai fait un beau voyage en 1999. À quatre mains avec son copain Dan Franck, il écrira les aventures de Boro, reporter photographe. Il a obtenu en 1999 le prix Louis-Guilloux pour l’ensemble de son œuvre.

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