Chère Assimbonanga, vous n’avez pas eu, je pense, un père paysan.
Le mien est arrivé, le jour de son mariage, avec pour toute fortune les habits qu’il avait sur lui, et (très important) le couteau dans sa poche. Mais les terres qu’il mettait en valeur, et qui appartenaient notarialement à d’autres,c’était pleinement les siennes parce que c’est lui, et personne d’autre, qui les faisait vivre. C’est ce que apparemment jamais les marxistes ont compris — et qui a causé la rupture de la Première Internationale. Rupture qui n’a cessé de s’agrandir, parce qu’elle se basait sur des discours trop différents au moins dans leur contexte profond, même si parfois le vocabulaire pouvait donner l’impression d’un fossé aisément traversable.
J’ai retrouvé le fond du raisonnement chez mes amis des paysans de Notre-Dame des Landes, parce qu’eux, à la différence des autres syndicats agricoles, ne pensent pas en premier finance. A la limite, cela pourrait rejoindre la "possession" que peut avoir un machiste vis-à-vis de son cheptel féminin, qui n’a rien à voir avec "la finance".
Je sais que mon père avait, vis-à-vis des animaux qu’il gérait, un rapport presque humain même si parfois, cela impliquait de durs choix pas forcément faciles. En résultaient des résultats tangibles, de la part d’animaux "standards", au niveau de la production de lait par exemple. Il y avait une synergie positive.