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Journalisme Sciences Po.

Allô les studios, je suis devant la mairie d’Evry d’où vient de sortir Manuel Valls armé, eh bien, d’une pelle pour enterrer les six 49-3 dont il a accouché naguère et dont trois, eh bien, comme vous le voyez, essaient de s’échapper...

Allô les studios, je suis devant l’hôtel Hilton d’Istanbul et je peux vous dire, eh bien, que la situation est dramatique à Alep où, comme vous le voyez sur ces images…

Allô les studios, je suis devant le siège du quotidien « El Mentiro » à Mexico en direct avec un journaliste de « El Universal » de Caracas qui témoigne, eh bien, de la situation désastreuse de…

Allô les studios, ici, au Caire, on observe, eh bien, l’avancée des troupes du régime syrien à Alep et l’impuissance des Occidentaux…

Allô les studios, je suis, comme vous le voyez, rue de Solferino où le bureau national du PS siège à huis clos pour une importante réunion dont la teneur, eh bien, nous sera connue dans quelques heures…

Allô les studios, je suis devant le charnier, eh bien, de Timisoara…

Allô les studios, je suis devant le dépôt d’Armes, eh bien, de destructions massives de Saddam, eh bien, Hussein…

Allô, eh bien, les studios, je suis, eh bien, devant les locaux de, eh bien, Sciences Po (1) où j’ai été, eh bien, formé (et mal) au journalisme….

Théophraste R. (Journaliste indépendant (=non clanique) formé, eh bien, par Le Grand Soir).

Note : (1) On peut remplacer Sciences Po par : Ecole de journalisme de...

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https://www.legrandsoir.info/journalisme-sciences-po.html
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Commentaires
17/12/2016 à 17:05 par babelouest

Hi hi, journaliste... soit tu es esclave mon frère, soit tu es sans logis.... ou presque. Ou laveur de carreaux à l’AFP....

#130638 
17/12/2016 à 17:14 par Scalpel

On dirait du Jacques Vendroux dans le texte, rapport au gimmick "eh bien" ponctuant chacune de ses, eh bien, sorties d’illettré.

#130639 
18/12/2016 à 12:58 par Autrement

Ce que les spectateurs lambda des médias, tout à leurs émotions ou à leurs préjugés, ne comprennent pas, c’est que même avec des témoignages vécus et des images authentiques (ce qui est loin d’être toujours le cas), on peut fabriquer un récit qui relève entièrement de la fiction. C’est pourquoi le devoir d’information est si périlleux. L’actualité étant l’histoire en train de se faire, le texte journalistique court toujours les mêmes risques que l’écriture de l’Histoire elle-même, dont on sait à quel point elle peut être trafiquée, car les "traces" indéniables que laisse le réel, ne prennent sens que dans un récit d’ensemble.

Il suffit de changer les proportions entre les différents témoignages ou de pilonner l’information avec des images unilatérales, (le nombre devient alors accablant), ou de choisir de façon orientée la date par laquelle débute le récit : le début de celui-ci devient artificiellement l’origine de tout le reste, comme la Bible pour les sionistes : ou au contraire, ce début ignore ce qui a précédé, et masque ainsi les responsabilités premières - comme les bases de l’OTAN encerclant de partout la Russie. Moyennant quoi, à coup d’Ukraine, de Syrie, d’espionnage informatique et de sportifs dopés, on prépare l’opinion à une guerre ouverte contre ce pays, avec lequel nous avons tout intérêt à rester en paix. Quand on voit "l’ennemi de la finance" prendre les devants pour réclamer des sanctions, c’est encore à lui que l’on fait confiance ?

il suffit aussi d’adopter un point de vue "moral" qui dissimule les intérêts objectifs des différents agents (tout récit implique une échelle de "valeurs" au nom desquelles il prétend parler), ou encore de masquer les injustices et les conflits de classe en choisissant de façon unilatérale ce qui est ou non pertinent pour l’établissement des "faits" et leur appréciation ; ainsi Christine Lagarde, "une des femmes les plus puissantes du monde", accusée de "négligence" (et non de prévarication), est noblement acquittée, tandis qu’un voleur de pain ou des syndicalistes sont condamnée à de la prison ferme.

Hannah Arendt, qui nous apprend à "Penser l’événement" (titre d’un recueil de ses articles en tant que journaliste), et Chomsky, en démontant "La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie", sont de bons contre-poison ! Les jeunes (ou moins jeunes) journalistes, pressés par le temps et d’abord soucieux de l’effet à produire, omettent de vérifier la fiabilité de leurs sources, dont la pluralité dissimule l’uniformité et la main-mise du propriétaire ; d’autres s’octroient le droit de "pontifier" au nom d’une expérience qui reste subjective, en s’autorisant seulement quelques "fausses fenêtres" pour donner l’impression d’un récit objectif. Les uns et les autres se laisser imprégner par l’idéologie dominante, qui "domine" bel et bien le paysage médiatique, et imprègne l’esprit Chiencepot (ce n’est pas de moi, mais c’est rigolo). Il y a ainsi un Axe du mal et un Axe du bien, toujours les mêmes, et comme le voleur crie au voleur, c’est maintenant la désinformation qui crie à la désinformation. Pardon pour ces trop longues explicitations, d’autant qu’elles sont inspirées par un texte qui n’en avait pas besoin !

#130661 
18/12/2016 à 16:06 par Jeanne

Bonjour Théophraste

Message reçu 5/5..
Merci pour votre humour et lucidité.. antidotes bien utiles pour résister au formatage et à la consommation addictive de la com.

#130668 
   
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