Ainsi donc, Alain Juppé est en passe de démissionner du parti LR, le trouvant trop réactionnaire depuis la prise de pouvoir par Laurent Wauquier. Vieux routier roublard de la politique, Juppé a réussi à faire croire, depuis environ deux ans, qu’il était un sage, un modéré à l’écoute des aspirations populaires. Donc à faire oublier son parcours politique qui atteste le contraire.
Dans le gouvernement d’Édouard Balladur en 1986, il est ministre des Finances … et de la Privatisation. Á ce poste, il supervise une baisse généralisée de la fiscalité avec la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes, suivie par le relèvement du seuil d’exonération de l’impôt sur le revenu, l’abaissement des différents taux de TVA, la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés de 50 à 42 %, l’abolition de la taxe sur les frais généraux.
Dans son second gouvernement, il vire en 1995 huit des douze ministres femmes, les « jupettes », au profit de ministres qui en ont.
Il subit un grave revers à la même époque : malgré le soutien apporté par la CFDT, les mouvements de grève de novembre et décembre 1995 de défense des conquis sociaux l’obligent à céder en décembre 1995 sur l’extension aux régimes publics des mesures décidées en 1993 par Édouard Balladur pour les retraites de base du secteur privé.
Nouvelle contre-réforme juppéïste : le budget de la Sécurité sociale est voté au Parlement, la hausse de la CSG est décidée tandis qu’une contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) est créée, un objectif quantifié d’augmentation des dépenses d’assurance-maladie est fixé et les prestations familiales sont gelées.
Lors de la campagne pour les primaires des Républicains de 2016, il propose de supprimer entre 250 000 et 300 000 postes de fonctionnaires, le retour aux 39 heures, la retraite à 65 ans, la suppression de l’ISF, la baisse de l’impôt sur les sociétés, le transfert du financement de la protection sociale vers la TVA et 80 à 100 milliards d’euros de baisse des dépenses.
Théophraste R. (Spécialiste de la position « droit dans les bottes »).