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Le fabuleux destin du poulet classe A

En complément de l’excellent article passé sur Le Grand Soir, de Thierry Brugvin "vers une relocalisation sélective et sociale de l’alimentation", J’invite d’ailleurs tout le monde à le lire si cela n’a pas été déjà fait, je voudrais seulement y ajouter un petit "additif alimentaire", une illustration concrète, concernant les répercutions planétaires de nos "choix" de bouffe, ceux des pays dits "riches". Je l’intitulerai donc :

LE FABULEUX DESTIN DU POULET CLASSE A

C’est une amie, Assistante Sociale, qui m’a ouvert les yeux :

- A mon affirmation péremptoire : "se nourrir en France aujourd’hui, même avec des bons produits ce n’est pas ce qui coûte le plus cher, il suffit de bien savoir cuisiner, et de cuisiner moins de viandes avec plus de légumes de céréales etc., c’est le logement et tout le reste qui grèvent les budgets" et toc !

Certain d’avoir gagné, j’attendais donc sa réponse de pied ferme :

" Mais le problème, c’est qu’ils ne cuisinent pas, ils ne savent même pas cuisiner, ils n’achètent que des merdes toutes préparées !" ("ils", ce sont ses "clients", elle est assistante sociale !) "ils ont tout faux", ajouta-telle, " au niveau budget, comme au niveau santé !"

KO premier round, fus-je !

Me sont remontés alors des souvenirs d’enfance : j’avais été "traumatisé" (litote) enfant lors de séjours de vacances dans une ferme de la campagne profonde bretonne : la ferme n’était pas pauvre du tout, mais ils ne mangeaient pas tant de viande que nous, et pourtant ils se dépensaient beaucoup plus qu’un citadin. A cette l’époque ils n’avaient pas de tracteurs avec air conditionné, les travaux étaient rudes.

Le constat était là , et il peut se résumer ainsi : les plats "traditionnels" Choucroute, Cassoulet, couscous, etc., regorgeant de "barbaques", pour les repas de fête oui, toutes les Sociétés au Monde le font Traditionnellement, mais dans le quotidien, JAMAIS ! C’est ça la vraie "tradition", alors quand on parle de traditions, il faut savoir de quoi l’on parle, une entrecôte de 250g par personne, ou bien de la viande en quantité et à tous les repas, ce n’est pas ça, LA tradition !

On pourrait m’objecter que c’est un sujet anodin, mais par exemple dans nos contrées d’où proviennent donc les problèmes d’obésité, et pourquoi atteignent-ils plus particulièrement les classes populaires ?
C’est à la base une question d’éducation : le savoir faire, presque instinctif des paysans, et bien...il s’est perdu !
Un exemple : ils avaient pertinemment bien en eux la connaissance de ce que leur coûtait en effort de nourrir un animal destiné à être "consommé" : il fallait donc y aller "mollo mollo" sur le cheptel ! Par conséquent, ils mangeaient beaucoup plus de pain (de meilleure qualité), des céréales, des soupes de légumes où la viande n’y était souvent qu’en accompagnement, et souvent seulement pour donner du goût. Cette situation simplement économique, les avait entrainés vers le bon "choix", celui d’un bon équilibre alimentaire.
Tout cela s’est en grande partie perdu dans les méandres du "progrès" et des facilités.

En plus maintenant, quand vous êtes en but à des soucis économiques qui reviennent implacablement jours après jour et sans pouvoir en voir le bout, vous "bouffez" n’importe quoi ! Tout le monde en a fait l’expérience un jour l’autre, pris dans quelques gros soucis ponctuels, alors il est facile d’imaginer ce qu’il peut se passer quand les "soucis" (le terme est faible !) reviennent implacablement au quotidien.
Ce n’est qu’un des aspects des problèmes alimentaires du "Nord", mais cela n’a rien à voir avec les problèmes du Sud, de l’Afrique par exemple, me direz vous...

Est ce vraiment LA question ?...Je ne sais mais ou on peut au moins trouver un élément de réponse dans :

La "fabuleuse aventure du poulet classe A".

Voyons voir le parcours de ce poulet, car paradoxalement même s’il est élevé en batterie, c’est un très grand "voyageur".

Pour satisfaire une très grosse consommation de viande de poulet, voir ci-dessus, et compte tenu des impératifs économiques, il faut le produire au plus bas coût.
Son coût provient du style d’élevage, en batterie ou en plein air, et dans une forte proportion, du coût de l’aliment.
L’aliment "au plus bas coût", c’est entre autre le soja, importé en majorité d’Amérique du sud, donc en très grande partie transgénique, ainsi que du maïs qui lui aussi peut être transgénique.

1) Fléaux dus à l’aliment.

a) Dans les pays producteurs de ces aliments, Argentine, Brésil, etc :
- Les Fléaux sociaux : La culture sur de gigantesques exploitations de soja et de maïs...transgéniques a entrainé l’expropriation des petits Paysans, ce qui a entrainé des misères sociales locales pour ceux qui sont restés, gonflements des bidons-villes urbains, pour ceux qui ont été obligés d’émigrer, et deuxième volet de misères sociales et sanitaires, le triste schéma "classique", drogues,violences et délinquances urbaines en tous genres.

- Des Fléaux écologiques : regroupements des terres en monocultures, et la monoculture est la pire des cultures pour l’environnement, est il besoin d’en faire la démonstration ?

- Des Fléaux sanitaires : les Paysans qui sont restés au pays, subissent les méfaits du Round-Up, ils n’y résistent pas car eux, ils ne sont pas transgéniques ! Je passe sur le nombre de maladies, déformations embryonnaires, etc... tout ce que le Round-up peut provoquer, c’est une horreur !

Le plus simple est de voir ou de revoir "Le Monde selon Monsanto le_monde_selon_Monsanto.avi

b) Les Répercussions, et pour faire plus simple disons en France, de l’importation de soja et de maïs transgéniques (il y a des nuances assez prononcées dans les autres pays d’Europe), ce sont aussi des "fléaux".

- Les Fléaux Sociaux-économiques
L’importation de céréales produites sur d’énormes parcelles, donc à des coûts bien plus faibles qu’ici, participe dans une très forte proportion à la désertification de nos campagnes : même en comptant les subventions, car comme "il pleut souvent où c’est mouillé", elles ne bénéficient pas à ceux qui en auraient le plus besoin. Ces subventions ne sembleraient même pas assez "attractives" : voyons un exemple concret de ce "Monsieur de" (un voisin) : sur ses terres tellement riches et bonnes qu’on en mangerait (bien épicées quand même !), idéales pour la production de céréales, n’a rien trouvé de plus rentable que de faire planter par "ses gens"...des peupliers !..."cerise (pour lui) sur le gâteau, en plus de produire bêtement du vulgaire peuplier sur de très bonnes terres, il n’a plus besoin d’ouvriers agricoles ! "si vous saviez, mon chèèèr, le coût de la main d’oeuvre de nos jours, c’est un désâââstre !"

Cette désertification par les Agriculteurs a de nombreuses répercussions locales autres qu’agricoles, sur les Services etc...c’est la réaction en chaine !

- Les Fléaux sanitaires.
Par l’intermédiaire de l’aliment de ce fameux poulet, que nous le voulions ou non... "on" nous fait bouffer du transgénique, alors au niveau sanitaire cela donne quoi...un grand point d’interrogation !

2) Les Fléaux dus aux deuxième stade, le produit en lui même, le poulet classe A.
Je passe sur le fait que pour avoir une "paix sociale", pour avoir un plus faible coût salarial possible, cause profits (le "classique" quoi !), le Système a besoin de faire produire l’alimentation elle aussi, au plus faible coût !
Est-ce un fléau ? je le pense, le débat est ouvert, mais en avons nous besoin ?

Maintenant c’est à ce moment que notre poulet va "voyager", il va même jouer les "touristes" !

Petite parenthèse concernant le "voyage" de nos gallinacés : sur ce produit il est parfois marqué : "transformé en France"...l’élevage lui, il a été fait où ? ailleurs ? loin ? Voyez déjà le cumul des kilomètres-carbone", mais ce n’est pas fini !

Un constat en forme de statistique :
nos "palais délicats" se portent principalement sur les parties les plus facile à cuisiner, pas chères quand même, le filet de Poulet et de dinde, ainsi que les cuisses dans une plus modeste proportion. Mais il n’y a pas que ces morceaux de comestibles dans un volatile, il y a tout le reste, et le reste, on en fait quoi du reste ?
Bonne, très bonne question !

Et c’est là que notre poulet mort, "reprend des ailes" !
Tout le reste est congelé, et par conteneurs entiers il part notamment en Afrique. Et les FLÉAUX continuent, en pire même, s’il peut exister une échelle de valeur dans l’horreur :

a) Le Fléau politique, économique et social.
Comme son coût de production est déjà bien amorti dans nos "riches" contrées, il arrive à un prix défiant toute concurrence dans des pays Africains, et c’est là qu’un cercle vicieux ( vicieux...pas pour tout le Monde, je vais y revenir) commence :

- Ce sont les Gouvernements de ces Pays qui sont demandeurs de ce produit. En but à de graves problèmes alimentaires dans leurs populations, ils vont paradoxalement participer à leurs propres malheurs, car les conséquences vont être alors catastrophiques :

- les producteurs de volailles locaux ne peuvent pas suivre cette concurrence déloyale,... faillites en série !

- pour les paysans locaux c’est la même chose. Abandons des terres !
Tout ce monde va donc grossir les bidons villes des banlieues. Il faut bien les nourrir, mais comme il n’y a plus de producteurs locaux, la nécessité se fait encore plus forte d’importer ces poulets congelés, et alors....c’est le cercle infernal !

Il n’est pas si infernal que ça pour tout le monde, rassurez vous ! En effet cette situation intéresse beaucoup, beaucoup de monde : corruptions à tous les étages, enrichissements d’une certaine classe sociale dominante qui y trouve largement ses intérêts, et ce, sans états d’âme fera donc tout pour qu’elle perdure ! Cette Classe deviendra donc de fait un excellent soutien à ce que je nommerais :
" le néocolonialisme à l’aileron de poulet" !

b) Le Fléau sanitaire
C’est un "film d’horreur", décongélation partielle des paquets de viandes sous la chaleur et les mouches, recongélations sommaires ou pas, c’est indescriptible !

Le plus simple c’est de visionner ce reportage :
Dailymotion - DOCUMENTAIRE INVASION POULET D EUROPE EN AFRIQUE - une vidéo Actu et Politique
bon appétit !

Je n’ai pas parlé du fait que ces poulets, élevés en batterie, étaient bourrés d’antibiotiques,...on en bouffe...et on les exporte !

Ce n’est qu’un simple canevas que j’ai essayé de tisser, car j’ai du certainement être succinct, j’ai du laisser passer, oublier de nombreux points, mais c’est à chacun d’en chercher tous les tenants et tous les aboutissants. Quand je lis un article le Grand Soir, j’attends énormément de choses aussi de la qualité de ses commentaires, ils déterminent d’une certaine manière la pertinence ou l’impertinence de l’article.

Le sujet que j’ai développé n’est ni plus ni moins important que tous les autres "soucis" de la Planète, ce n’est qu’un des éléments de ce fatras épouvantable dans lequel le Système d’une part nous a amené, mais aussi dans lequel nous nous sommes amenés nous-même, et avec lequel nous collaborons aussi, qu’on le veuille ou non dans notre vie quotidienne ! En affirmant cela je sais que ne vais pas me faire que des amis, tant pis ! Mais il y a souvent loin entre les idées et la pratique, je ne m’exclus pas pour autant de cette affirmation.
Ma conviction est qu’il ne faut rien négliger...même pas le poulet classe A !

Depuis je ne peux plus faire de grillades !

Je plaisante !...quoique...

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