RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le mot chien ne mord pas ?

En ces temps de discussions sans fin autour de concepts plus ou moins neufs ; en ces semaines où l’on assiste aux premiers symptômes des "maladies de jeunesse" inhérentes aux #révolutions, il n’est pas inutile de revenir sur l’importance des mots et de la parole pleine, vraie. Comme le disait, Michel Lancelot, dans son livre "Le jeune lion dort avec ses dents", à force de dire n’importe comment, on finit par dire n’importe quoi... Comme à force de faire, d’écrire, de penser, d’agir n’importe comment, etcaetera !

Certains discutent encore quant à savoir si les mots peuvent réellement guérir. J’entends par mots, la parole, au sens premier du terme. Certains donc ont encore du mal à comprendre -ou à accepter- que la parole guérisse, par exemple dans la cure analytique.

Ces mêmes qui hésitent, qui réfutent ou qui lancent l’anathème contre une telle conception, ne s’étonneront pas, par ailleurs, de ce que l’état d’euphorie amoureuse -cette exaltation proche de l’extase et de la mystique- redonne force à qui n’en avait plus, améliore la santé de qui se trouvait dans la douleur et la plainte, rend possible pour d’aucuns ce que d’habitude ils tenaient pour impossible.

Et s’ils restent sceptiques ou fermés à cette vérité clinique, que tout bon praticien, peut expérimenter une et cent fois, en fonction de sa patientèle (même si clientèle serait un terme mieux approprié, à mon sens), ils n’en acceptent pas moins, sans rechigner, le postulat inverse, à savoir que la parole peut rendre malade, blesser et même, dans certains cas dits extrêmes, tuer. Ainsi donc, cette parole qui tue ne pourrait pas guérir…

Mais, de quelle parole parlons-nous  ? Quelqu’un me rapportait, il y a peu que si l’on veut vraiment blesser quelqu’un, il vaut mieux oublier le dictionnaire des insultes les plus courantes ou les plus viles et se concentrer sur les défauts réels de la personne. Dites donc à quelqu’un qu’il n’est qu’un fils de chien et, si d’aventure, il se trouve rassuré quand à sa lignée et à ses origines, il la trouvera sans doute mauvaise, mais sans plus. Or, que cette personne à qui vous avez lancé cette insulte, pour vous suprême, se promène avec des oreilles démesurées, appelez-le Jumbo et vous risquez, très rapidement, de vous retrouver avec son poing dans la figure.

Car il faut que la parole fasse mouche et pour qu’elle y parvienne, encore doit-elle être vraie. Vraie, à savoir riche d’affects  ; une parole neutre, universelle et standardisée ne touche rien ni personne car sa valeur d’échange est minime ou nulle  : parole asexuée, ne ressortissant pas du corps mais des dictionnaires... Pour qu’une parole soit vraie, il faut qu’elle soit porteuse de jouissance, d’un plus-de-jouir comme aurait dit Lacan en paraphrasant le concept de plus-value des Marxiens  : il lui faut une valeur ajoutée. Et, dans l’échange, la valeur ajoutée s’appelle le signifiant.

L’être humain, on le sait, est un être de parole. D’une parole qui le détermine par le jeu des signifiants qui le façonnent tout au long de son histoire -car la parole précède le sujet  : le symbolique est avant le langage. C’est pourquoi Lacan pouvait dire, en substance, que si la parole ment, l’angoisse, quant à elle, ne ment jamais. Car, il y a dans l’angoisse, de l’inconscient, de la pulsion, de la jouissance, donc du corps. On peut mentir avec des mots, on ne ment pas avec un symptôme  !

Alors, pour que vous compreniez mieux ce que je veux vous faire entendre par signifiant (puisque, comme dirait Simon Leys dans Chesterton « ã€€L’espèce humaine, à laquelle appartiennent tant de mes lecteurs  »), je prendrai quelques exemples qui pourront vous paraître quelconques, inventés ou sans aucune valeur autrement dite « ã€€scientifique  ». Je vous invite à les tester avant de vous prononcer de manière aussi radicale et définitive. Exemples, après lesquels je conclurai par le résumé d’une histoire édifiante de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, laquelle ne devrait pas vous laisser, vous qui faites partie, pour la plupart, de l’espèce humaine, dans l’indifférence.

Wittgenstein écrivait que le mot chien ne mord pas. Qui pourrait affirmer le contraire  ? Et pourtant… Je ne sais si vous avez lu l’opuscule du fameux pharmacien devenu mondialement célèbre pour sa méthode d’autosuggestion, Monsieur Emile Coué, mais il y a un exemple en tout début de livre qui ne manque pas d’attirer l’attention. Il explique, dans sa fameuse thèse qui veut que l’imagination domine la raison, comment si l’on demande à une personne « ã€€normale  » (c’est-à -dire d’aptitudes tout à fait moyennes) de jouer les funambules en traçant une ligne sur le sol sur laquelle elle devra marcher sans sortir de l’épaisseur de celle-ci ni perdre l’équilibre, l’exercice se déroulera sans peine et le plus naturellement du monde  ; que l’on demande à cette même personne, le même exercice, avec une ligne de même épaisseur, mais à dix mètres du sol et le péril, l’angoisse, l’échec, la chute seront, plus que probablement au rendez-vous… Premier exemple.

A présent, imaginez que vous êtes professeurs, par exemple de physique quantique dans une classe où vos élèves n’ont pas plus de 12 ans. Faites-leur faire l’un ou l’autre exercice pratique, en expliquant bien la méthode et vous verrez que même s’agissant d’équations compliquées, pourvu qu’il y ait un côté ludique et l’envie d’apprendre, les résultats seront au rendez-vous. Recommencez l’opération mais, cette fois, en annonçant d’entrée de jeu que vous allez leur demander un exercice de physique quantique d’un niveau universitaire très élevé et que seuls les doué-es en mathématiques devraient à peu près comprendre. Ils resteront tétanisés, interdits, regardant autour d’eux tels les chiens, face à un problème, recherchent anxieusement la présence et l’aide de leur maître (de leur sauveur)  : de celui Supposé-Savoir… Deuxième exemple.

Enfin, pour conclure, voici le résumé de la petite histoire de l’immense Borges  : on raconte qu’une armée se trouvait encerclée par une autre, ennemie. Le général dit alors à ses soldats réunis  : « ã€€N’ayez pas peur  », et il leur montre d’énormes cages contenant des animaux féroces en leur disant  : « ã€€Ce sont des lions  ; aussitôt que l’ennemi attaquera, nous ouvrirons les cages, l’ennemi prendra peur et nous les tuerons aisément, pendant leur fuite, et gagnerons la bataille.  » Lorsque l’armée ennemie commença de s’approcher, les soldats lâchèrent les fauves  ; c’est alors que les attaquants, demandèrent, eux aussi, à leur général ce qu’il en était de ces bêtes qui fonçaient et qui avaient l’air si féroces  ; le général leur répondit, tranquillement  : « ã€€Ce ne sont que des chiens et nous n’aurons aucun mal à les maîtriser avec de simples bâtons.  » Ce qu’ils firent sans peine  : à grands coups de bâtons, ils tuèrent les lions, prirent le bastion et remportèrent la victoire.

Et Borges de souligner  : « ã€€Vous vous rendez compte de la différence qu’il y a de les appeler lions à les appeler chiens  ?  » Le signifiant  !

José Camarena - alias HoZé - Psychanalyste

© Hozé 5/2011
Tous les articles ici publiés peuvent en partie ou en totalité être repris et partagés pour autant qu’un lien renvoie vers l’original et que la source soit explicitement présente dans le média de reprise ou de partage

URL de cet article 13928
  

Le « populisme du FN » un dangereux contresens, d’Annie Collovald et Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage, d’Emmanuel Pierru
DIVERS
Récemment apparues, les éditions du Croquant, issues d’une dissidence des héritiers de Pierre Bourdieu, publient des ouvrages riches, au coeur des problèmes sociaux actuels et offrant un regard juste et pertinent. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention : Le « populisme du FN » un dangereux contresens A travers cet ouvrage, Annie Collovald a voulu déconstruire et remettre en cause le terme de « populisme » qui sert aujourd’hui d’explication au succès électoral du Front national. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.