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Le piège des agrocarburants, par Laura Carisen.










25 septembre 2007.


Le développement des agrocarburants a atteint l’étape de la mondialisation. Seulement au cours de cette année, le nombre de déclarations, les sommes en dollars investies et le développement de projets ayant trait aux agrocarburants, n’ont été égalées dans aucun autre secteur. Une idée qui a langui durant des décennies se transforme soudain dans le chouchou des politiciens, du grand business, des financiers internationaux et des médias.

Ce fait devrait déjà susciter notre inquiétude. Depuis quand une réponse écologique à l’utilisation des carburants fossiles a-t-elle recueilli la faveur aussi bien des gouvernements que des grandes entreprises ? Les agrocarburants ont été vantés comme étant la solution aux problèmes les plus urgents que doivent résoudre la société états-unienne et la planète entière. Des promoteurs prétendent qu’ils réduisent les émissions de gaz à effets de serre, qu’ils reportent la fin de la croissance industrielle fondée sur les carburants fossiles, qu’ils sont durables et renouvelables, qu’ils augmentent la sécurité énergétique et aident les paysans.

Mais un examen plus attentif montre qu’à plusieurs points de vue, l’avenir rose envisagé par les promoteurs des agrocarburants ressemble à ce qu’il y avait de pire dans le passé.


Promouvoir les agrocarburants

Des scientifiques et des écologistes continuent à débattre avec fougue des avantages et des inconvénients des agrocarburants. Des études se contredisent sur le fait de savoir si la production d’énergie nette est positive ou négative, si les émissions de gaz à effets de serre et la pollution augmentent ou diminuent, sur l’équilibre entre les coûts et l’efficience de cette énergie. Néanmoins, un puissant consensus politique a été atteint rapidement. En l’espace de quelques années, une alliance des forces économiques et politiques les plus puissantes du monde a émergé pour promouvoir les « biocarburants ».


Qui est derrière le boom des « biocarburants », et pourquoi ?

Dans son dernier discours sur l’état de l’Union (27 janvier 2007) le président Georges W. Bush a proclamé l’objectif de remplacer 20% d’essence par des agrocarburants en dix ans. L’Union Européenne s’est fixé un objectif similaire. Lors de sa dernière réunion, le G-8 a accueilli avec enthousiasme les efforts majeurs consentis pour développer l’utilisation d’agrocombustibles, et les institutions financières internationales ont créé dans ce but des instruments de prêt de plusieurs milliards de dollars. La Commission Interaméricaine d’Ethanol est présidée par Jeb Bush (frère de G.W Bush), par l’ancien Ministre de l’Agriculture du Brésil et leader de l’agrobusiness Roberto Rodriguez, et par Luis Moreno, le président de la Banque de Développement Inter-Américaine.

Le monde des affaires est tout aussi enthousiaste, sinon plus. Quatre secteurs hautement mondialisés se réunissent pour promouvoir la recherche, l’investissement et la production en agrocarburants : les industries de l’agrobusiness, du pétrole, de l’automobile et des biotechnologies.

Depuis le début de la production d’agrocarburants, les compagnies d’agrobusiness, dont ADM [Archer Daniels Midland transforme les récoltes en ingrédients alimentaires, ingrédients d’alimentation animale, carburants renouvelables, etc]., Cargill, Bunge et Dreyfus ont pris le train en marche. Avec des subsides gouvernementaux qui coulent généreusement et les énormes profits qui peuvent être engrangés à travers le monde, les agrocarburants sont actuellement plus attractifs que jamais auparavant. En 2005 ils représentaient un marché de 15,7 milliards de dollars, avec une croissance de 15% par rapport à l’année précédente. ADM, la raffinerie de pointe, a produit un milliard de gallons [4,54 litres] d’éthanol en 2006. Elle a le projet d’augmenter sa capacité de production de 550 millions de gallons au cours des deux prochaines années. Cargill possède un nombre croissant de raffineries d’éthanol ou de biodiesel et de contrats, ainsi que des plantations de canne à sucre au Brésil.

Les compagnies pétrolières voient dans les agrocarburants un moyen de prolonger leur vie et de diversifier leurs affaires. Les agrocarburants n’exigent pas nécessairement des modifications dans les schémas de consommation ni une restructuration de l’économie fondée sur les carburants fossiles. En autorisant une composante de 5 à 10% d’éthanol ou de biodiesel dans le gasoil habituel, l’utilisation des carburants fossiles peut être prolongée de plusieurs générations.

De même, l’industrie des automobiles peut maintenir, voire accroître ses ventes grâce au fait que les gens sont obligés d’acheter de nouvelles voitures adaptées à l’utilisation d’éthanol. Et tout ceci peut être accompli tout en enterrant les arguments de ceux qui prônent une réduction de cette consommation, ce suprême tabou dans le système capitaliste.

Les bénéfices tirés par le dernier de ces quatre grands secteurs, l’industrie biotechnologique, peuvent paraître moins évidents. Toutefois cette brancge sera en position de faire d’énormes gains, et ce au moment où elle suscite une opposition grandissante.

Pour atteindre des objectifs en matière de production d’agrocarburants il faut transformer les cultures en augmentant le rendement et en diminuant les coûts. Les cultures de plantes génétiquement modifiées (OGM) fournissent un moyen d’obtenir des gains à court terme sur ces deux derniers points. Des variétés GM de maïs et de canne à sucre, spécifiquement adaptés à la production d’éthanol, sont déjà largement utilisées. En fait, puisque le 90% de l’éthanol états-unien vient du maïs, et que la majorité des cultures de maïs aux Etats-Unis sont génétiquement modifiées, l’éthanol a gagné le surnom de « Monsanto moonshine » [allusion à l’alcool distillé clandestinement, donc souvent la nuit] - étant donné que la société Monsanto est le leader dans la production de maïs et autres cultures génétiquement modifiées. La recherche vise surtout à manipuler des gènes de plantes pour obtenir un rendement encore plus grand et des traits facilitant la transformation. Une grande partie de ces nouveaux produits seront vraisemblablement impropres à la consommation humaine.

Avec des promoteurs de cet acabit, un fait devient évident : la révolution des agrocarburants est tout sauf révolutionnaire. La transition à l’utilisation d’agrocarburants est un bon exemple de la réforme d’un système dans l’objectif de le perpétuer. (Lire en fin d’article « Que sont les agrocombustibles ? »)


Remodeler les Amériques

L’essor des biocarburants a été assuré dans l’hémisphère occidental par la Commission Interaméricaine de l’Ethanol et par une prolifération de pactes binationaux - notamment celui conclu en mars 2007 entre Georges W. Bush et Lula da Silva, président du Brésil. Ces projets menacent de bouleverser la cartographie de l’économie agricole et politique des Amériques.

Les modifications dans l’utilisation du sol entraînées par la stratégie en faveur des agrocarburants transformeront les paysages et les vies, non seulement aux Etats-Unis, mais dans tout l’hémisphère. Même avec des rendements agricoles accrus et des modifications génétiques, la production d’agrocarburants aux Etats-Unis sera très loin d’atteindre les objectifs récemment fixés en matière de consommation d’agrocarburants. Les achats offshore fournissent des sources peu chères et fiables. Dans les Amériques, l’agrobusiness équatorien projette d’augmenter les surfaces consacrées la production de canne à sucre de 50’000 hectares et de défricher 100’000 hectares de forêts vierges pour la production d’huile de palme. En Colombie, la production d’huile de palme est déjà surnommée le « diesel de la déforestation ».


Le Brésil est le laboratoire du futur en ce qui concerne l’éthanol. 80% de ses voitures peuvent rouler à l’éthanol, et le carburant pour voiture comprend 40% d’éthanol. Le Brésil fournit déjà 60% de l’éthanol provenant de la canne à sucre à l’échelle mondiale et trois millions d’hectares de terrain sont consacrés à cette culture. Le Brésil produit 17 milliards de litres par année, et, selon la Banque Nationale Brésilienne pour le Développement Economique et Social (BNDES), il vise à contrôler 50% du marché mondial d’éthanol. Pour atteindre ses objectifs en ce qui concerne la croissance en matière d’éthanol, le Brésil projette de défricher encore 60 millions d’hectares pour la production de canne à sucre.

La première victime de la réorganisation de la production agricole est le petit paysan. Personne ne pourrait idéaliser les conditions des fermiers paysans du Brésil et d’ailleurs en Amérique du Sud. Dans la plupart des pays, les régions rurales concentrent deux tiers ou plus de familles qui vivent dans la pauvreté. Mais la production d’agrocarburants n’ouvre pas de réelles perspectives pour améliorer leur sort. Au contraire, l’expérience brésilienne montre qu’il existe un grand danger de détérioration des conditions de vie pour un des groupes sociaux les plus vulnérables de la société.

James Thorlby, de la Commission Pastorale de la Terre au Brésil, rapporte que les plantations destinées à la production d’agrocarburants déplacent des agriculteurs qui n’ont alors que deux choix : ils peuvent soit devenir des ouvriers agricoles, soit des habitants de bidonvilles urbains. Il note que dans l’état de Pernambuco [Nord-Est, capitale Recife] 45’000 familles ont été déplacées par l’implantation de monocultures. D’autres analystes craignent que les paysans sans terre - qui ne trouveront pas de travail dans les plantations - seront obligés de défricher du terrain dans des régions naturelles protégées pour leur biodiversité. La concentration de la terre et des distilleries entre les mains d’une élite rurale et de firmes transnationales pousse des petits paysans à quitter des régions entières.

La nouvelle alliance entre le gouvernement états-unien et ses alliés dans la région pour transformer l’Amérique Latine en une source d’agrocarburants ne bénéficie pas seulement aux firmes transnationales et au grand business ; elle aide aussi à contrecarrer l’influence croissante du Venezuela et d’autres pays qui cherchent à se dégager de l’hégémonie états-unienne.

L’alliance de l’éthanol cherche à consolider une nouvelle ligne de force en Amérique Latine, qui passe directement entre les Etats-Unis et le Brésil, et dont la force dynamique est constituée des firmes transnationales ayant des intérêts dans les deux pays. Si cette alliance se consolide, elle érodera le « projet bolivarien » d’intégration du continent suivant un modèle d’économies régulées par l’Etat et avec l’appui du pétrole vénézuélien. Elle sape également les efforts pour renforcer le Marché Commun du Sud.

Dans cette affaire, le Brésil gagne des capitaux pour le développement des technologies de production d’éthanol dans ses propres frontières et pour les exporter en Amérique Centrale et dans les nations des Caraïbes. Outre l’investissement et les crédits, les industriels de Sao Paulo peuvent compter sur des politiques gouvernementales qui leur permettent d’étendre l’agrobusiness dans la zone amazonienne et d’autres régions actuellement peuplées par de petits paysans.

Les Etats-Unis gagnent, quant à eux, une indépendance accrue par rapport au pétrole moyen-oriental en important davantage d’éthanol bon marché en provenance du Brésil. Ils peuvent aussi commencer à redessiner la carte de l’intégration énergétique en Amérique Latine sur la base de l’éthanol brésilien plutôt que sur celle du pétrole vénézuélien et du gaz bolivien, neutralisant ainsi la puissance de nations qu’ils considèrent comme étant récalcitrantes.

Cargill [transnationale états-unienne, implantée dans 66 pays] l’un des propriétaires et exploitants les plus importants présent au Brésil, est en train d’étendre ses opérations dans le Sud, tout en continuant à protéger ses intérêts liés aux cultures de grain dans le Nord grâce aux tarifs d’importation du gouvernement états-unien sur l’éthanol. Comme les monocultures pour des agrocarburants nécessitent d’énormes quantités de terres, les petits paysans qui ont longtemps résisté au contrôle des terres et des ressources par les marchés internationaux sont en train de devenir des espèces menacées dans les régions où sévit le boom des agrocarburants.

Selon Raul Zibechi - sociologue uruguayen, écrivant dans l’hebdomadaire uruguayen La Brecha et analyste, entre autres, auprès du Center for International Policy (CPI) - les Etats-Unis « utilisent le Brésil pour consolider une alliance stratégique qui cherche à isoler le Venezuela et les pays qui suivent sa politique d’unité latino-américaine pour contrebalancer l’hégémonie états-unienne. »


Redonner de la vigueur aux secteurs financiers

Si on les examine de plus près, le « vert » du développement dans les agrocarburants, cela évoque davantage des dollars que des plantes. L’essor des agrocarburants fournit une transfusion sanguine dont le secteur financier international avait bien besoin.

L’enthousiasme des institutions financières internationales (IFI) à joindre l’alliance de l’éthanol est à mettre en relation avec la nouvelle « crise » des prêts internationaux en Amérique Latine. Au cours des années passées, divers pays du Cône Sud ont opté pour des remboursements anticipés des prêts effectués par le FMI et la Banque Mondiale, et pour des réductions ou des coupes dans les emprunts futurs, en invoquant le fait que les IFI conditionnent leurs prêts avec les politiques interventionnistes qui en découlent.

La Banque Mondiale (BM) a rapidement réagi en annonçant qu’elle disposait potentiellement de 10 milliards de dollars pour garantir le développement en matière d’agrocarburants. Pour sa part, la Banque de Développement Inter-Américaine a annoncé des crédits à hauteur de 3 milliards de dollars pour des projets liés aux agrocarburants dans la région, y compris pour des usines d’éthanol au Brésil, et pour la recherche et le développement en Colombie et en Amérique Centrale.

Des investisseurs du secteur privé voient également ce secteur comme une aubaine. Food First, une ONG états-unienne, rapporte que sur les trois dernières années, les investissements de capitaux dans les agrocarburants ont été multipliés par huit.

Les gouvernements ont également été très actifs dans le financement des agrocarburants. En 2005, les Etats-Unis ont destiné 8.9 milliards de dollars sous forme de subsides pour la production d’éthanol et pour la recherche et le développement de biocarburants, alors que la Banque Nationale du Brésil prévoit de verser 6 milliards de dollars sous forme d’investissements dans les agrocarburants.

Lorsque l’éthanol devient un grand business, les agriculteurs eux-mêmes sont repoussés encore plus loin dans les marges de l’économie, de la société et des régions soumises aux monocultures. En 2003, près de 50% des raffineries d’éthanol dans les Etats-Unis appartenaient à des agriculteurs. Actuellement, 80% sont détenues par des propriétaires absentéistes, et la construction de nouvelles installations réduiront encore la part détenue par les agriculteurs. Les exigences des investisseurs dicteront une préférence pour la construction de raffineries à bas coûts plutôt que les alternatives plus favorables à l’environnement.


Une promotion sans limites

Même si des agriculteurs partout dans l’hémisphère ont bénéficié des prix plus élevés du grain, Georges Naylor, du National Family Farm Coalition, avertit que les gains à court terme reviendront très chers dans un avenir pas si éloigné, et que - comme toujours - ce sont les petits paysans qui vont devoir payer la facture. Lors d’une conférence internationale sur les agrocarburants - qui s’est tenue à Mexico City le 30 août 2007 - il a prédit que des prix plus élevés ne se maintiendraient pas à mesure que les paysans cultiveraient des surfaces plus importantes, et que des agriculteurs qui se sont convertis aux cultures pour les agrocarburants pourraient finir par perdre leurs fermes. Au Brésil, le prix de la canne à sucre a déjà commencé à baisser.

La question est de savoir s’il faut s’opposer directement à la production d’agrocarburants ou s’il faut faire pression pour des alternatives durables du point de vue social et environnemental. Le problème est dans la pression qu’il faudra appliquer. Vu l’énorme puissance économique et politique des intérêts derrière les agrocarburants, l’application du modèle favorisera invariablement les profits plutôt que l’environnement, et le rendement des investissements plutôt que les droits humains.

Dans ce contexte, les chances pour que les communautés locales et les petits paysans puissent bénéficier de cet essor s’évaporent encore plus vite que l’alcool.

Laura Carisen

Laura Carisen est directrice de l’America Policy Program à Mexico City .




Que sont les agrocombustibles ?

L’idée d’une source renouvelable de carburant existe depuis l’invention des voitures au XIXe siècle. Mais les produits pétroliers à bas prix et l’attitude « demain n’arrivera jamais » de l’industrie automobile a pendant des décennies relégué à la marge l’éthanol et d’autres biocombustibles.

Pour le dire simplement, les agrocombustibles sont des combustibles faits de matière organique - des sous-produits végétaux ou animaux. Habituellement, il s’agit d’alcools, produits d’une manière similaire aux procédés utilisés pour la distillation clandestine d’alcool, mais sur une échelle beaucoup plus vaste. L’éthanol est surtout fabriqué à partir de maïs et de canne à sucre. Du « biodiesel » est fait à partir de palme, de soya, de colza ou d’autres huiles végétales ; et l’éthanol cellulosique est produit en « décomposant » des fibres provenant d’herbes ou de presque n’importe quelle autre sorte de plante.

Ces combustibles sont considérés comme « renouvelables » puisque les cultures peuvent pousser chaque année. Mais dans beaucoup de cas, elles exigent des ressources comme l’eau non-polluée, du sol fertile et des fertilisants qui sont, eux, limités dans des régions données. Les agrocombustibles peuvent être utilisés pour remplacer des combustibles liquides à base d’huile, en particulier pour les transports, mais actuellement ils n’entrent que pour 1,8% du combustible pour les transports utilisé aux Etats-Unis. Souvent ils sont utilisés sous forme de mélange avec l’essence. Des moteurs ordinaires peuvent fonctionner sans être modifiés avec un mélange contenant un niveau bas d’éthanol ; des moteurs flex-fuel [qui peuvent utiliser deux ou trois types de carburant] peuvent fonctionner avec une proportion plus élevée d’éthanol, et certaines technologies permettent l’utilisation de 100% d’éthanol ou de « biodiesel ».

Le terme le plus utilisé pour désigner les agrocarburants est celui de "biocarburants". Ce terme contribue cependant à masquer quelques réalités importantes. « Bio » est un préfixe signifiant la vie. Le terme « biocarburants » semble insinuer qu’il s’agit de carburants issus de processus biologiques naturels, et qu’ils sont utilisés pour satisfaire des besoins sociaux normaux.

Or, aucune de ces suppositions ne correspond à la réalité. L’utilisation massive de terres pour des monocultures génétiquement modifiées n’est ni naturelle ni respectueuse de l’environnement. Jusqu’à maintenant, le déplacement de paysans et l’exploitation d’ouvriers agricoles pour produire des cultures destinées aux agrocarburants a entraîné une dégradation du niveau de vie pour des êtres humains.

Le taux de consommation des combustibles fossiles dans les pays développés n’est pas non plus le résultat d’une croissance normale d’une société saine, mais plutôt un symptôme de ce que les Hopi [indiens d’Amérique du Nord] appellent koyaanisqatsi - une vie qui n’est plus en harmonie.

Le terme d’agrocombustibles désigne en outre directement comment les biocombustibles sont produits. Le préfixe « agro » explicite le fait qu’ils sont directement en compétition avec d’autres produits agricoles, en particulier des aliments, en ce qui concerne les terres et les ressources. En tant que tel, le développement massif d’agrocombustibles menace l’approvisionnement global de nourriture et la lutte contre la faim, ainsi que les aspirations des nations à nourrir et à donner un emploi à leurs populations, et donc à leur capacité à atteindre une souveraineté alimentaire. Des associations de petits paysans partout dans le monde se sont prononcées contre la transformation du terrain agricole en vue de produire des cultures pour les agrocarburants.



L’impact des agrocarburants en 9 points

a) Consolidation de la puissante alliance des quatre grandes (« Big Four ») industries : alimentation, biotechnologies, pétrole et automobile.
b) Transformation de terrains agricoles produisant des aliments pour la consommation locale et pour subsistance en terrains voués à la production de monocultures industrielles et passant sous contrôle de firmes transnationales.
c) Conversion des régions protégées à riche biodiversité à la monoculture.
d) Des petits agriculteurs - qui sont souvent parmi les opposants les plus actifs à la mondialisation dans des pays en voie de développement - passeront du statut de producteurs à celui de laboureurs salariés sans terres.
e) Accélération de la production et dégradation des conditions de travail dans des plantations de canne à sucre et autres plantations orientées vers les agrocarburants.
f) Rénovation de la demande de prêts auprès des IFI pour le secteur public-privé, ce qui augmentera la dette nationale.
g) Augmentation du prix des produits agricoles (maïs et soja), entraînant l’inflation et la faim, et réduisant la pression en faveur de la réforme des programmes de subsides agricoles états-uniens et européens.
h) Augmentation de l’utilisation de fertilisants chimiques et de cultures génétiquement modifiées.
i) Augmentation de la dépendance alimentaire et perte de la souveraineté nationale.


- Source : America Policy Program à Mexico City http://americas.irc-online.org

- Traduction : A l’encontre www.alencontre.org




Le riche roule, le pauvre crève, la nature paie, par Léon Taniau.


Mettez du sang dans votre moteur ! La tragédie des nécro-carburants, par Dominique Guillet.

Dr. Miguel Angel Altieri : "Les biocombustibles sont un mode d’impérialisme biologique", par Roberto Aguirre.






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