Mon précédent billet sur panem et circenses a suscité 28 commentaires dont certains expriment une douloureuse incompréhension.
Je dois donc y revenir et mieux m’expliquer : les gens qui pleurent de joie quand leur équipe gagne, qui ont le moral dans les chaussettes Nike quand elle perd et qui « en même temps » n’expriment aucune émotion, n’esquissent pas un froncement de sourcil, ne quittent pas leur canapé quand Macron ponctionne l’APL de leurs gosses, augmente la CSG de leurs vieux, enrichit les riches, frappe les étudiants, dénigre les cheminots, détruit le Code du travail, etc., méritent autant de considération que le scorpion de Nâzim Hikmet évoqué avec un talent fou par Yves Montand (1) et Bernard Lavilliers (2) qui nous feraient presque oublier les inégalables poèmes de supporters, du genre « Marseille, on t’enc… ».
De l’écrivain polonais Bruno Yasensky : « N’ayez pas peur de vos ennemis : au pire, ils vous tueront. Ne craignez pas vos amis : au pire, ils vous trahiront. Craignez les indifférents : c’est par leur bénédiction silencieuse qui le mal se répand dans le monde ».
C’est cela même. Et je sais où vont les indifférents les jours de manif : au match, en covoiturage (avec les copains). Les jours de grève, ils vont au boulot (avec les chefs). Les autres jours, ils regardent la télé (du patron).
Théophraste R. (Neurologue, spécialiste de la maladie du « Durcissement de la comprenette chez certains sans-dents et pue-la-sueur »).
PS. Oui, je sais : il y en a qui vont au stade et qui ne lisent pas que l’Equipe. Je m’adresse aux autres, ici.
Notes :
(1) https://www.youtube.com/watch?v=xF8MOz4ruGI
(2) http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2013/10/18/bernard-lavilliers-scorpion/