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Le Totem de l’opinion publique à l’assaut d’un Tabou ancestral, ou quand IPSOS éclaire les structure

"A l’heure où il n’existe pas de statistique nationale en matière d’inceste", IPSOS et son fidèle Échantillon se chargent du dossier. Résultat des courses : un vide numérique comblé et une réforme du droit pénal en perspective !

Comme nous l’avions déjà constaté, le sondage - comme technique de production d’un intérêt là où il est contestable et l’objectivation de celui-ci par les chiffres - a envahi tous les domaines de nos vies privées et publiques.

Ipsos dans la rubrique « coups de sonde » de son site Internet, intitulé qui aurait pu être retenu par notre association pour une de ses propres rubriques, recense les sondages les plus ridicules dernièrement réalisés [1]. On y trouve au hasard, comme entête des dossiers « les américains aimeraient être assassinés », « les dangers du thé et du massage » ou encore « liberté d’expression et caca d’éléphant ». Je m’arrête là .

Ce n’est malheureusement pas le cas des Instituts de sondage. Aussi, non contents de vouloir rendre intéressant des sujets qui ne le sont pas en demandant l’avis des gens sur des questions dont le fonds est proche des rivières de l’Ohio, les Instituts de sondage décrédibilisent par leurs enquêtes des thèmes qui devraient donner lieu à des études approfondies et de véritables travaux de recherches du fait de leur complexité.

Ainsi, Ipsos publie sur son site un sondage réalisé le 16 et 17 janvier 2009 intitulé « les français face à l’inceste. [2] » Ce sondage a été repris dans un article du Figaro en date du 28 janvier 2009 : « Deux millions de français victimes d’inceste. [3]p »

Le sondage ne se limite plus à nous révéler les pensées politiques les plus secrètes de nos concitoyens, il entre maintenant dans nos chaumières, bien décidé à élucider le séculaire tabou de l’inceste à coup de questions fermées. Et à nous en livrer de grands chiffres, « à l’heure où il n’existe pas de statistiques nationales en matière d’inceste », en s’appuyant sur un échantillon de… 931 personnes ! (soit 0,0016 % de la population française)

Ce sondage, qualifié d’enquête de « victimisation sur les abus sexuels » par Le Figaro, prétend recenser le nombre de personnes connaissant des victimes d’inceste ou ayant elles-mêmes subi l’inceste sans que ne soit jamais défini clairement ce qu’est l’inceste. Le détail des questions posées laisse apparaître que sont recensés dans cette catégorie les personnes de leur entourage qui ont subi avec un membre de leur famille les situations suivantes :

- agression sexuelle, attouchement, caresse
- viols
- actes exhibitionnistes

Ainsi, les réponses affirmatives à ces questions permettent à Ipsos d’indiquer que 26 % des français déclarent connaître au moins une personne victime d’inceste dans son entourage. 11% de ces 26 % déclarent que cette victime est elle-même, ce qui offre la possibilité à Ipsos d’affirmer que 3 % des français déclarent avoir été victimes d’inceste.

Ipsos nous informe dans sa note introductive sur le sondage que suite à « l’affaire Fritz », du nom de cette jeune fille séquestrée par son père incestueux, l’inceste a été replacé sur le devant de la scène médiatique. Aussi, l’Association Internationale des Victimes de l’Inceste (le commanditaire du sondage) et IPSOS ont souhaité - je cite - « donner la parole aux français pour connaître leur opinion sur l’inscription de l’inceste dans le droit pénal. »

Sur ce genre de sujet, la société civile est en droit de peser sur le jeu politique et le droit.

Je suis certaine du bien fondé d’études sur ce sujet et d’objectivation par des chiffres construits sur la base d’entretiens qualitatifs.

Il convient néanmoins de se poser en faux de ce sondage construit de toutes pièces dans la rapidité d’une réponse à la commande d’un client, soucieux d’obtenir des chiffres satisfaisant pour soutenir sa revendication : l’inscription de l’inceste dans le droit pénal comme un délit en tant que tel (ce n’est aujourd’hui qu’une circonstance aggravante). La compréhension linguistique d’une question n’implique pas nécessairement une compréhension pratique d’un problème que les questions soulèvent et encore moins la connaissance des enjeux notamment politiques qu’ils comportent. Ainsi il est d’abord demandé aux sondés si selon eux l’inceste est réprimé en tant que tel dans le code pénal, question à laquelle 70 % répondent oui. La seconde question mentionne le fait que l’inceste n’est pas une catégorie pénale à part entière mais « seulement » une circonstance aggravante. En demandant ensuite aux sondés s’ils sont favorables à l’inscription de l’inceste dans le code pénal, 91 % des sondés répondent alors oui…

Mais combien de personnes interrogées ont déjà un avis et une connaissance de notre fonctionnement pénal ? Manifestement, la formulation des questions influence cet « avis ».

Finalement, outre la manipulation des chiffres et leur généralisation, biais que l’on retrouve fréquemment dans l’usage des sondages. Ce sondage de l’IPSOS montre surtout de l’absence d’action de recherche et de prévention des pouvoirs publics sur la thématique de l’inceste, et témoigne des dangers qui existent à laisser des entreprises privées se saisir de ces sujets.

Sondons les sondages
association de lutte contre l’influence des sondages dans le débat démocratique.

http://www.sondonslessondages.org/


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