Jusqu’à récemment, il y avait deux catégories de mélenchophobes qui venaient s’exprimer et débattre ici : les communistes rancuniers et les upristes. Dans les deux cas, on faisait bon an mal an avancer le débat, même si chacun reste sur ses positions en fin de compte.
On comprend les premiers, vu le lien d’attraction-répulsion existant entre certains édiles du PC et la personnalité à rebrousse-poils de JLM. On comprend aussi les seconds, car malgré tout, ils ont toujours un pied à gauche, et JLM leur vole la vedette.
Je m’oppose aux premiers parce que je pense qu’au lieu de perdre leur temps à vouloir changer JLM, ils feraient mieux de concentrer leur énergie à changer le PC, allié naturel de la FI. Et aussi parce qu’ils reprochent à JLM son passé socialiste, en oubliant opportunément le passé socialiste du PC.
Je m’oppose aux seconds, parce que leur obsession pour le Frexit leur permet de ne pas regarder en face la tendance droitarde de l’UPR, et aussi parce qu’ils rendent JLM responsable de l’ostracisme dont est victime M. Asselineau.
Il y a aussi probablement quelques frontistes complexés de ci de là, mais pas de quoi lever une paupière.
Ces jours-ci, j’ai le sentiment (sur certains articles) d’assister à une déferlante de commentateurs et trices qui s’ajoutent à tout ce monde-là pour venir bousiller Mélenchon. C’est déjà visible sur des textes d’où il est absent, mais lorsqu’il est de près ou de loin concerné, on n’a plus assez de nos dix doigts pour contredire.
Premièrement, il est totalement absurde de prétendre que JLM est complice des agissements de France 2 et de l’Emission politique en particulier. Mais, comme nous vivons dans une société gangrénée par le spectacle et le buzz permanent, en affirmant cette absurdité, on en trouvera bien quelques-uns pour la croire. Ce n’est pas étonnant que les religions reviennent en force vu le nombre de cloches qui avalent les salades de charlatans. Youtube en est saturé. Ah oui, il y a aussi ceux qui profitent de cette occasion pour rapprocher le sort réservé à Mélenchon par les médias du capital au martyr de Marine Le Pen. C’est encore une fois un leurre : le seul moment où MLP est (effectivement) traînée dans la merde, c’est une fois qu’elle a fait le travail qu’on attendait d’elle, c’est-à-dire arriver au second tour d’élections présidentielles. Avant ça, ils sont tous bien indulgents avec elle et ses sbires. JLM se fait bombarder dès qu’il dépasse les 10%, loin derrière ce qu’on permet au FN. Et je crois bien qu’aucun président sortant jusqu’à maintenant n’a dit d’un quelconque leader du FN qu’il sentait mauvais. Pour JLM, c’est fait. En tout cas, je dis à ceux qui pleurent sur Marine qu’ils peuvent le faire autant qu’ils veulent sur les sites d’extrême-droite, parce qu’ici, c’est tendre la schlague pour se faire battre.
Deuxièmement, prendre pour seule et unique cible JLM, c’est nier la réalité de la résistance portée par la FI jusque dans l’hémicycle. Bref, cela est bien commode quand en fait, on ne cherche pas à s’opposer au système. JLM devient alors l’écran de fumée permettant à ses adversaires de cacher le travail effectué qui par Ruffin, qui par Quatennens, Fiat ou Panot. Il l’a déjà dit mille fois, qu’un jour il ne sera plus là, et alors ce seront eux la relève, en tout cas ils en prennent le chemin. Que vous restera-t-il alors, à vous qui avez pris le pli de faire de JLM votre piñata ? En tant que vieux briscard de la politique, on peut le critiquer, le contredire et même s’en méfier, mais qu’en est-il alors de ces jeunes députés qui luttent bec et ongles pour nos droits et ceux des plus faibles ? Pendant que le reste de la Chambre se pavane et vote mécaniquement des lois qui nous mettent dedans avec nos enfants.
Le troisièmement sera plus court : je crois qu’on finirait par devenir parano. Car même certains commentaires qui d’apparence semblent prendre la défense de JLM en arrivent à susciter suspicion et méfiance. Tant d’histoires pour un petit "a", n’est-ce pas ?
Tels des chiens de Pavlov dressés par le discours médiatique dominant, il est d’usage maintenant d’ôter à JLM jusqu’à sa parole, et à l’instar d’une femme violée à qui on renvoie la faute, de le rendre responsable de ses mésaventures. Tout mot sortant de sa bouche sera au mieux détourné, au pire vérolé du soupçon. Comme tout silence.