RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
A la télévision, il aligne des chapelets de chiffres dont il sait qu’ils sont faux

Mensonges du ministre Cahuzac : les preuves

Jérôme Cahuzac pratique la chirurgie esthétique au sein de la clinique Cahuzac, spécialisée dans les implants capillaires. Depuis 1993, il dirige « Cahuzac Conseil », une société qui travaille (travailla ?) pour l’industrie pharmaceutique. Il ne cache pas s’être enrichi comme « conseiller purement technique » de la plupart des laboratoires pharmaceutiques.

Il est membre du « Cercle de l’Union interalliée », un club parisien privé où se rencontrent des dirigeants de grandes entreprises, des personnalités politiques, des diplomates, des magistrats et des avocats.

Son frère, Antoine Cahuzac, est directeur général d’EDF Énergies nouvelles et ancien président du directoire d’HSBC Private Bank France.

En 2007, Jérôme Cahuzac a été condamné sans peine ni inscription au casier judiciaire pour avoir employé au noir une femme de ménage philippine en situation clandestine en France.

François Hollande (« Mon adversaire c’est la finance ») a fait de ce ex-Strauss-Kahnien, le ministre délégué chargé du budget du gouvernement Jean-Marc Ayrault.
Lors du débat télévisé du 11 janvier avec Jean-Luc Mélenchon, si son arrogance l’a desservi, Cahuzac a pu paraître pertinent dans l’alignement des chiffres (c’est son job et sa compétence reconnue).

Or, après l’émission, l’équipe de son adversaire y a regardé de plus près et a pu mettre en évidence une série de contre-vérités hallucinantes.

Espérons pour le ministre qu’il était plus dans le vrai en début d’émission quand il a nié « en bloc et en détail » toutes les accusations portées contre lui par Médiapart.

LGS

* * *

Au cours du débat avec Jean-Luc Mélenchon, Lundi 7 janvier (http://www.jean-luc-melenchon.fr/2013/01/08/debat-avec-jerome-cahuzac-...), Jérôme Cahuzac, Ministre du budget, a formulé avec beaucoup d’assurance une série d’affirmations qui sont des contre-vérités. Une rectification s’impose.

Cahuzac : « Nous avons demandé à ce que le produit du capital soit imposé au même taux que le produit du travail, au même barème que l’impôt sur le revenu. C’est vrai pour les intérêts, c’est vrai pour les dividendes et c’est vrai pour les plus values. »

C’est faux. Comme le rappelle une note de l’Institut des Politiques Publiques (IPP), la réforme de l’impôt sur le revenu 2013 ne restaure pas la progressivité de l’impôt sur le revenu dans la partie haute de la distribution (cf. graph 1). L’organisme dément Jérôme Cahuzac en soulignant par exemple que ce phénomène « tient en partie au fait que les plus-values, qui représentent une part importante des revenus des plus riches (jusqu’à 20 % du revenu total des 0,01 % des plus riches), ne seront pas intégrées au barème de l’IR en 2013 et continueront à ce titre d’être imposées à des taux d’imposition plus faibles que ceux du barème. » La note de l’IPP disponible intégralement en ligne conclut : « l’alignement de la fiscalité des revenus du capital sur celle des revenus du travail est loin d’être atteinte. Au contraire, les mesures fiscales annoncées par le gouvernement auront pour effet de renforcer l’hétérogénéité des taux d’imposition applicables aux différentes catégories de revenus ». Comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon durant le débat, le système fiscal du gouvernement Ayrault est une véritable « épuisette percée ». Le tableau 3 permet de constater les fortes différences de taux marginaux d’imposition entre capital et travail avant et après la « grande réforme fiscale » de François Hollande. Thomas Piketty lui même, instigateur de cette grande réforme, déclare à ce propos : « au bout du compte, cette improvisation fiscale est assez consternante : le Parti socialiste a tout de même été dix ans dans l’opposition, il avait largement le temps de préparer une réforme fiscale ambitieuse et cohérente ! »

Cahuzac : « Sur les produits du capital, la CSG est le double de la CSG sur le produit du travail, donc si vous voulez qu’on compare tout je veux bien mais il faut tout comparer ».

En effet, il faut tout comparer. Or, ce que Jérôme Cahuzac oublie de dire, c’est que les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values, loyers), contrairement aux revenus du travail, bénéficient de nombreuses exemptions, niches et règles dérogatoires leur permettant d’échapper au barème de la CSG. Ainsi 65% des revenus du capital ne sont pas imposés du tout contre moins de 10% pour les revenus du travail (cf. graphique ci dessous) et rien n’a été fait pour résoudre ce problème. Pour parvenir à égaliser l’impôt sur le capital et l’impôt sur le travail, il aurait fallu, par exemple, défendre l’intégration totale de toutes les plus-values (mobilières, immobilières, professionnelles, etc.) sans aucun abattement ou encore élargir l’assiette du barème de l’impôt sur le revenu à celle de la CSG (en y intégrant les contrats d’assurance vie par exemple, principalement détenus par les 10% les plus riches).

Cahuzac : « Il y a un grand principe en fiscalité c’est qu’on évite de taxer deux fois la même somme avec deux impôts différents »

C’est faux. Pour justifier l’abattement de 40% sur les dividendes, Jérôme Cahuzac reprend l’argument classique (mais faux) de la « double imposition » en affirmant que le capital a déjà été taxé à 33% à travers l’impôt sur les sociétés. En réalité les bénéfices ne sont taxés qu’à 8% pour les entreprises du CAC40 et 26% pour les PME selon le Conseil des Prélèvements Obligatoires. Et s’il suit sa propre logique, Jérôme Cahuzac devrait supprimer purement et simplement la TVA qui correspond à une « triple imposition » du travail puisque le revenu disponible des ménages avant consommation a déjà été taxé une première fois par une CSG non déductible, puis une deuxième fois par de l’impôt sur le revenu, puis une troisième fois par la TVA lorsque le travailleur consomme ce revenu ! Il s’agit donc d’un argument fallacieux qui vise à ne pas remettre en cause le triplement du montant des dividendes versés aux actionnaires, passés de 3% à 9% de la valeur ajoutée en à peine trois décennies.

Cahuzac : « La Banque Européenne d’Investissement c’est 120 milliards, doublé c’est 240 milliards ».

C’est faux. La BEI est dotée d’une capacité de financement annuelle de 70 milliards d’euros environ contre 50 milliards auparavant. Sur ces 20 milliards supplémentaires, seuls 10 milliards correspondent à des fonds nouveaux affectés à la recapitalisation de la BEI (cf. site de la BEI) qui pourra par effet de levier financer pour 60 milliards de prêts supplémentaires sur 3 ans, soit donc 20 milliards par an de plus seulement. Nous sommes loin du chiffre de 240 milliards annoncés par Cahuzac qui ne correspond qu’au capital de la BEI et non à son activité de financement annuelle. Contre les 130 milliards de plans d’austérité combinés annoncés en Europe pour 2013, et la réduction de 75 milliards d’euros du budget européen, ce chiffre de 20 milliards est donc ridiculement faible.

Cahuzac : « Au total, en France, si l’on fait masse de l’ensemble des coûts on a un problème de compétitivité coût aussi. »

C’est faux et cela entre en totale contradiction avec les travaux et analyses de l’économiste Philippe Askenazy, spécialiste reconnu du marché du travail, qui expliquait dans un récent entretien : « Si l’on se base sur les comptes nationaux, qui agrègent un maximum de critères, notamment la productivité, le coût du travail est plus élevé en Allemagne qu’en France. Et la raison est simple : les salariés allemands sont mieux payés » (entretien 20minutes, 20 janvier 2011).

Cahuzac : « La lutte des classes, vous vous y croyez toujours, moi je n’y ai jamais cru, jamais. »

Voici un florilège de citations en provenance d’auteurs que l’on ne soupçonnerait pas de marxisme. Cela montre que la question de la lutte de classes ne relève pas de la croyance mais du constat d’une réalité.

Exemples :

Adam Smith : « On n’entend guère parler de Coalitions entre les maîtres, et tous les jours on parle de celles des ouvriers. Mais il faudrait ne connaître ni le monde, ni la matière dont il s’agit, pour s’imaginer que les maîtres se liguent rarement entre eux. (…) Ces complots sont toujours conduits dans le plus grand silence et dans le plus grand secret jusqu’au moment de l’exécution ; et quand les ouvriers cèdent comme ils font quelquefois, sans résistance, quoiqu’ils sentent bien le coup et le sentent fort durement, personne n’en entend parler. » (Richesse des Nations, chapitre 8, livre I)

Le milliardaire Warren Buffet : « La lutte des classes existe, et c’est la mienne, celle des riches, qui la mène et qui est en train de la gagner. »

Paul Krugman (prix Nobel d’économie) : « Consciemment ou non, les décideurs politiques répondent presque exclusivement aux intérêts des rentiers - ceux qui tirent beaucoup de revenus de leur patrimoine, qui ont prêté de grosses sommes d’argent par le passé, souvent à mauvais escient, mais qui sont maintenant protégés des pertes aux dépens de tout le monde. »

Thomas Piketty (Economiste proche du Parti Socialiste) : « Et surtout, on assiste aujourd’hui à une vraie régression. Les privilèges de naissance et le patrimoine viennent concurrencer le capital humain, le mérite. C’est un type d’inégalité violent, que l’on croyait avoir dépassé. Je pense possible un retour des structures de classes plus proches du XIXe siècle que de celles des Trente Glorieuses. »

François Mitterrand  : « Les maîtres de l’argent, l’argent, l’argent, les nouveaux seigneurs (…), c’est une lutte de classes entre ce petit groupe de privilégiés et la masse des salariés » Discours à la Porte de Versailles, le 2 décembre 1972.

François Guizot : « Je ne voulais que résumer l’histoire politique de la France. La lutte des classes remplit ou plutôt fait toute cette histoire. On savait et on disait cela bien des siècles avant la révolution. On le savait et on le disait en 1789, on le savait et on le disait il y a trois mois. Bien qu’on m’accuse maintenant pour l’avoir dit, je ne pense que personne l’ait oublié. (…) ce n’est point là une théorie, ni une hypothèse ; c’est le fait lui-même dans toute sa simplicité. (…) Loin qu’il y ait quelque mérite à le voir, il est presque ridicule de le contester. »

In blog de Jean-Luc Mélenchon : http://www.jean-luc-melenchon.fr/

URL de cet article 18942
  

L’Équipe de choc de la CIA
Hernando CALVO OSPINA
Le 18 Avril 2009, les autorités des États-Unis faisaient détourner un avion d’Air France qui devait survoler leur territoire pour la seule raison que l’auteur de ce livre, Hernando Calvo Ospina, était à son bord ! La publication de ce livre ayant été annoncée par la presse... Mais tout ce qui est écrit ici est vérifiable auprès des meilleures sources, notamment étasuniennes. On aura beau chercher, on ne trouvera jamais une autre équipe ayant de tels antécédents. Il s’agit bel et bien du groupe d’agents (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je définirais la mondialisation comme la liberté pour mon groupe d’investir où il veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en matière de droit du travail et de conventions sociales.

P.Barnevick, ancien président de la multinationale ABB.

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.