RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

« Nous, les Yaminawa », F. Roberto FERNANDEZ - ERQUICIA

Les anciens racontent que, dans la nuit des temps, nous, les Yaminawa, on pouvait parler avec les animaux, et eux avec nous. N’existait pas chez nous la division entre nature et culture. On était connus comme les hommes aux haches de fer ou les hommes chauve-souris.

On vivait en communauté dans des malocas, grandes maisons de bois, de bambou et de feuilles de bananier. On n’avait pas besoin d’autorité, sauf en cas de guerre, avec nos amis/ennemis les Sharanawa, Machinéri. et les Rastanawa. On ne tuait pas les prisonniers, on les adoptait une fois la guerre finie.

Notre système économique suivait le principe du don et du contre-don. La monnaie n’existait pas, l’exploitation et l’accumulation de richesses non plus.

Tout en respectant les cycles naturels de reproduction, on se nourrissait d’une grande variété de poissons et autres animaux de la forêt, sauf la sicuri (boa géant) qui règne sur les fleuves amazoniens, et qui nous a donné la vie. Une fois mort, on se transforme en petits serpents pour regagner le fleuve Acre et la rejoindre.

Quant aux maladies, on les soignait avec les herbes de la forêt et l’aide du Chamane, seule personne apte à communiquer avec la nature. Pour cela, il se procure l’ayawaska et avec l’aide de la musique, nous tous parlons avec la forêt. Le rituel fini, on vomit toutes les maladies, et c’est de nouveau l’équilibre homme/nature.

Maintenant, les choses ont changé. On nous exploite économiquement et culturellement. Les colons venus d’ailleurs se considèrent supérieurs, on nous oblige à tuer la nature pour un salaire misérable. La place du Chamane est prise par des missionnaires qui forcent nos enfants à prier un dieu étrange, qui appartient à ceux qui nous exploitent.

Sans nous consulter, les états coloniaux nous ont divisés en plusieurs soi-disant patries. D’un coup, nos familles qui habitent de part et d’autre du fleuve sont devenues brésiliennes, boliviennes ou péruviennes.

Lorsque ces états coloniaux sont en conflit, nous sommes les premières victimes, car on refuse à s’entretuer. Ces mêmes états obligent nos jeunes à faire le service militaire et à rendre hommage à des drapeaux qui sont ceux de nos exploiteurs, considérant toujours nos terres comme « territoire à coloniser » en nous ignorant complètement.

Les chercheurs d’or, l’élevage intensif et extensif du bétail désertifient l’Amazonie en polluant nos rivières. La pêche à la dynamite a décimé nos poissons en faisant disparaître à jamais nos sources d’alimentation.

Notre vie est devenue une tragédie, nos leaders sont assassinés et personne ne dit rien. Les états coloniaux nous ont réduit à l’état d’objets touristiques et notre culture au « folklore ».

Mais nous sommes déterminés. On va se battre jusqu’au bout et si les états nationaux/coloniaux nous éliminent, on mourra en brandissant haut nos bannières : les parabas, les piranhas, les tatous, les tarentules, les tortues, les caïmans, les singes et les arbres...toute la nature, sans jamais quitter notre Amazonie qui nous appartient depuis plus de 7000 années.

« ET LE JOUR VIENDRA Oà™ LE SOLEIL SORTIRA DES TENEBRES POUR TOUJOURS ».

Lutèce, hiver 2002, F. Roberto FERNANDEZ-ERQUICIA, ethnologue bolivien

URL de cet article 1458
  

Le « populisme du FN » un dangereux contresens, d’Annie Collovald et Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage, d’Emmanuel Pierru
DIVERS
Récemment apparues, les éditions du Croquant, issues d’une dissidence des héritiers de Pierre Bourdieu, publient des ouvrages riches, au coeur des problèmes sociaux actuels et offrant un regard juste et pertinent. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention : Le « populisme du FN » un dangereux contresens A travers cet ouvrage, Annie Collovald a voulu déconstruire et remettre en cause le terme de « populisme » qui sert aujourd’hui d’explication au succès électoral du Front national. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

A force de tout voir on finit par tout supporter...
A force de tout supporter on finit par tout tolérer...
A force de tout tolérer on finit par tout accepter...
A force de tout accepter on finit par tout approuver.

Saint Augustin

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.