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Nouvelobs.com m’a censurer

Après d’autres blogueurs hébergés par nouvelobs.com, je viens de faire l’objet d’une censure aussi étrange qu’inadmissible.

La jeune personne qui nous modère a décidé que mon blog n’apparaîtrait plus sur le " track " déroulant et ne serait donc plus visible pour les blogueurs du site. La modératrice me permet donc de continuer à m’exprimer, à être lu par qui le veut (en tapant « le blog de bernard gensane » sur un moteur de recherche), mais m’inflige une punition à sa mesure.

Je ne me roulerai pas par terre de désespoir, je ne supplierai pas cette jeune personne de me réinstaller sur le " track " dans sa grande bonté. Tout récemment, elle m’avait menacé de ses foudres pour la raison suivante : j’avais repris in extenso, en le citant, un texte militant concernant des problèmes médicaux. Un an après (!), son auteur me demanda de retirer le texte de mon blog car il voulait, ce qui était son droit le plus strict - même si ce n’était pas très malin de sa part, conserver l’exclusivité de ses écrits. J’obtempérai quelques heures plus tard (je ne suis pas connecté à internet 24 heures sur 24). Mais, comme entre-temps, il s’était plaint à notre modératrice, celle-ci m’ordonna de supprimer ce texte, sinon, mon blog disparaîtrait sans forme de procès. Elle s’adressa à moi comme si j’avais été un enfant surpris les doigts dans le pot de confiture :

« Merci de ne pas recommencer. Sinon nous serons au regret de fermer votre blog »

Si j’avais été absent huit jours (hospitalisé, par exemple), j’aurais disparu de la circulation !

J’ai décidé, pour le moment, de ne plus publier sur nouvelobs.com et d’ouvrir un nouveau blog à l’adresse :

http://bernard-gensane.over-blog.com/

Si nouvelobs.com me réinstalle sur le " track " , sans aucune condition de sa part, je reprendrai éventuellement ma collaboration. Mais ce n’est pas certain.

Pourquoi cet acte de censure ?

Le 3 février 2011, j’ai publié, à l’occasion de la sortie du film Le discours d’un roi, une note intitulée " Le roi bègue et les siens " :

http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archive/201...

texte repris par Le Grand Soir :

http://www.legrandsoir.info/Le-roi-begue-et-les-siens.html

J’avais publié ce texte en 2007, sur ce même blog, sans la moindre réaction de la modératrice. Sans aucune réaction des bègues ou de leurs sympathisants. Sans froncement de sourcil de la famille royale britannique.

Plusieurs lecteurs ont commenté ce texte. Il m’intéresse peu de savoir si j’étais en présence de bègues ou de gens concernés par le bégaiement. Je peux dire en revanche qu’il s’agissait de personne lâches qui, pour beaucoup, m’ont insulté de manière très grossière en se retranchant derrière l’anonymat alors que je signe de mon nom. Un Alexandre m’écrivit que mon article était « à gerber ». Un « bègue parmi d’autres » me demanda si mes parents étaient zoophiles, si ma tante était communiste et si j’avais un fils hermaphrodite (cette subtile invective ne froissa pas notre jeune modératrice, ni d’ailleurs les hermaphrodites ou les communistes). Un Benoît me demanda de supprimer mon article "idiot".

Une amie me fait observer qu’avec ces critiques brutes de décoffrage nous sommes dans l’affectif de personnes incapables de mettre en perspective des pans d’histoire sans que leur mal-être affleure. Nous sommes dans l’enseignement de l’histoire politiquement correct, celui chéri par Sarkozy.

La différence entre le dogme religieux et la science, c’est que cette dernière hésite, avance, recule, se trompe. Concernant le bégaiement, on a longtemps pensé qu’il s’agissait d’un problème psychologique. On s’oriente désormais vers des causes génétiques. Les plus grands spécialistes tâtonnent. Demain, ils nous feront peut-être d’autres propositions. Mais les insulteurs pleurnicheurs, eux, savent.

Pour m’informer que j’étais désormais censuré, la modératrice m’écrivit ceci :

Plusieurs lecteurs nous ont écrit concernant votre note "le roi bègue et les siens"
http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archi...
Plusieurs passages sont choquants ("la reine fut fécondée deux fois" etc), voire insultants. Or nous sommes légalement responsables du contenu des blogs. Aussi votre blog n’apparaît plus sur notre portail. Merci de respecter les règles d’utilisation des blogs.

« Nous sommes légalement responsables », dit-elle, mais un avertissement sur la page du " track " prévient que « Le contenu des blogs des internautes n’engage que leurs auteurs et ne peut en aucun cas être attribué au nouvelobs.com ». Alors ?

Comme je ne m’étais pas autocensuré et que j’avais réagi aux insultes stoïquement, calmement, et en argumentant, de courageux anonymes allèrent donc cafter et geindre auprès de la modératrice. Dans un courriel, j’ai demandé à cette personne de me citer les passages « insultants » de mon texte et de me dire quelle était la teneur des propos des pleurnicheurs. Je doute qu’elle réponde avec précision à ma requête. Le seul exemple qu’elle me cite est édifiant. Depuis une centaine d’années, des dizaines d’ouvrages ont été consacrés aux heurs et malheurs de la famille royale anglaise. Pour la raison que j’ai mentionnée dans mon texte, la " Queen Mum " fit l’objet de deux inséminations artificielles. Elle fut donc « fécondée ». Sans aller jusqu’à lire les ouvrages de ma bibliothèque (j’ai enseigné la civilisation et l’histoire britanniques pendant quarante ans), la modératrice aurait pu se contenter de la lecture de Point de vue et Images du Monde pour s’informer de ces faits passionnants.

Je publie sous mon nom depuis 1970. J’ai une longue tradition de vie et de recherche universitaires. J’ai l’habitude de tourner sept fois ma souris d’ordinateur avant de frapper sur mon clavier. Bref, je pense faire preuve de responsabilité quand je m’exprime publiquement. Je n’ai naturellement jamais agressé qui que ce soit.

Depuis que j’ai été censuré, mon étiage de lecteurs est resté identique. Des auteurs qui paraissent sur le " track " me lisent régulièrement et je les en remercie (j’ai aussi mes favoris). Mais la majorité de mon lectorat est ailleurs. Il m’est difficile d’être juge et partie, seulement - pas de fausse modestie - je dirai que si plusieurs centaines de lecteurs m’ont rejoint, c’est parce que mes textes sont sérieux, argumentés, posés. Ce qui n’empêche pas l’engagement, bien au contraire. Si des dizaines de blogs, dans le monde entier, ont repris certains de mes articles, c’est parce qu’ils apportaient quelque chose, qu’ils impulsaient la réflexion, le débat. Avec le recul, et puisque la censure de notre jeune modératrice m’a donné plus particulièrement l’occasion de me retourner sur ces trois dernières années, je suis heureux - et pas mécontent - d’avoir proposé tous ces travaux sur la Toile.

E la nave va…

Bernard GENSANE

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