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Ouverture du site "Le Respect de l’ouvrier"

Yul Gencode Bencher

Le développement a détruit les solidarités traditionnelles sans en créer de nouvelles, d’où la multiplication des solitudes individuelles...
Edgar Morin (La Voie)

Eh bien voilà , un site dédié à la maltraitance dans la Grande Distribution est paru... D’emblée, le parti pris de la lutte des classes est affiché. En effet, dans ce texte, aucune distinction n’est faite entre l’ouvrier et l’employé. J’utilise indifféremment un terme ou l’autre en ne faisant aucun ostracisme particulier. Même si le texte se fonde essentiellement sur la souffrance des salariés de la Grande Distribution...
Et ceci contrairement à la définition de l’INSEE et à celle que donne ce monument qu’est le Trésor de la Langue Française Informatisé, dont je reproduis ici un extrait :

Employé :

"Personne qui occupe un emploi sous les ordres de quelqu’un, dans les sphères non productives de l’économie (commerce, administration, etc.) et dont le travail est d’ordre plutôt intellectuel que manuel. (S’oppose à patron, chef de service ; à ouvrier)."

Je trouve cette définition discriminatoire pour les catégories de salariés faiblement rémunérées dont il est question dans l’ouvrage proposé à la lecture. En effet, si l’on extrapole légèrement cette définition, un ouvrier ne saurait être une personne dotée d’outils intellectuels comme le raisonnement, le sens critique, la capacité d’analyse, la connaissance de son travail acquise tout au long d’une carrière bien souvent difficile et ingrate ainsi que la manière de le mener à bien.

Ouvriers et employés sont, dans mon esprit, placés sur un pied d’égalité. En raison des tâches abrutissantes qui leur sont bien souvent demandées. En raison aussi des salaires misérables qui leur sont attribués. Également parce qu’ils sont tout autant maltraités les uns et les autres. Leur existence est niée, ne pèse d’aucun poids face à l’idéologie néolibérale, face au cynisme des dirigeants d’entreprises et des actionnaires.

De plus, on a pu se rendre compte qu’un patronat avide de pouvoir et d’argent s’évertue à nous faire croire que la lutte des classes est terminée depuis longtemps. Ceci évidemment dans l’unique objectif de nous détourner de nos pulsions combattives et de la lutte pour l’amélioration de nos conditions de vie et de notre dignité.

Ils se dotent d’ailleurs de moyens gigantesques pour parvenir à leurs fins. Les entreprises de décérabration par la publicité, les jeux débiles, l’information tronquée, quand elle n’est pas truquée, ou encore celle dont on ne parle pas, sont légion. Je ne vais pas refaire ici ce que d’autres ont si bien écrit sur le sujet dans nombre de médias alternatifs...

Néanmoins, face aux innombrables attentats à la dignité de l’ouvrier, il nous appartient de reprendre en main nos vies, de ne plus nous laisser faire par quelques misérables et pusillanimes patrons et porte-flingues à leur solde.

Les peuples arabes sont en train de reprendre en main leur destinée, confisquée un temps par des dictatures corrompues. Ils tentent de sortir de cet état de servitude volontaire au péril de leur existence. Nul ne peut prédire ce qui adviendra de ces révolutions en cours. Peu savent ce qui sous-tend ces mouvements...

Néanmoins, sans aller jusque là , sans prendre les armes et de façon tout à fait pacifique, luttons, nous aussi de toutes nos forces, contre ce capitalisme financier odieux, source de tous nos maux. Indignons-nous... Nous avons tout à y gagner.

Voici enfin le lien qui permet d’aller consulter le site :

http://www.lerespectdelouvrier.magix.net/public/

Bonne lecture, courage à tous

Yul

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COMMENTAIRES  

06/03/2011 08:55 par Anonyme

Merci pour les retraités du baby boum, dont je confesse que je fais partie, qui bénéficient des réformes qui réduisent les retraites des plus modestes à une misère, éventuellement cumulable avec quelques pour cent de cette même misère, à condition bien sûr qu’ils arrivent à trouver un petit boulot pour compléter leur retraite de misère, tandis que les plus riches cumulent des retraites plus de dix fois supérieures au plafond de la retraite de base de la sécu, des retraites chapeau, des revenus de placements financiers ou immobiliers.

Apparemment parmi ceux qui se prétendent de gauche, pourfendeurs du capitalisme et défenseurs des pauvres ouvriers, il y en a qui croient que la majorité des enfants du baby boum est devenue cadre supérieur, ou plus riche encore ! Ils n’ont pas encore compris que la structure sociale, dans les pays capitalistes, est de type pyramidal : quelques très riches au sommet, des milliards de très pauvres à la base. Ca vaut aussi dans les pays occidentaux, même si la peur du communisme y a favorisé pendant quelques dizaines d’années le développement d’une classe moyenne un peu moins misérable que les travailleurs,plus souvent agriculteurs qu’ouvriers, des pays qu’on disait en voie de développement.

Quand aux ouvriers du baby boum, certains parmi eux ont très confortablement gagné leur vie (les ouvriers mâles très qualifiés travaillant dans des entreprises de pointe, telles que total ou dassault), mieux que la très grande majorité des fonctionnaires tant vilipendés de nos jours, tandis que les employées des grandes surfaces subissaient le sort dont vous vous indignez aujourdhui, comme s’il venait de vous être révélé.

10/03/2011 21:27 par Yul Gencode Bencher

Cher inconnu offusqué,

Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour votre réaction épidermique quant à la tonalité de mon texte, en particulier sur le chapitre consacré aux retraités.
Je suis positivement enchanté de constater qu’un lecteur se soit penché sur ma prose et l’a jugée digne de recevoir un commentaire, fut-t-il acerbe.
D’autant que vous possédez une jolie plume et que votre texte me semble exempt de fautes. A notre époque, ce fait est suffisamment rare pour s’en réjouir lorsque l’occasion se présente.

Je vais maintenant vous répondre quant à votre propos. Tout d’abord, je comprends qu’en tant que retraité vous ayez été choqué de ce qui a été écrit au sujet de cette catégorie de personnes qui ont atteint l’âge de la retraite.

Le premier litige tient au fait que nombre de retraités issus de l’industrie se sont constitué un patrimoine immobilier. Il leur permet d’avoir un toit au-dessus de la tête et de se débarrasser le moment venu d’un poste budgétaire extrêmement contraignant : le loyer mensuel. Alors que d’autres peinent à se loger, à manger, à vivre tout simplement.

Je suis moi-même très proche de la retraite. Je demeure dans un quartier pavillonnaire où la quasi-totalité des résidents est issue de l’industrie automobile toute proche. Dans la ville qui abrite ce quartier, plusieurs résidences de ce type se sont élevées depuis les années 70. La majorité des personnes qui y vivent sont des ouvriers. Il y a énormément de retraités. J’ai un ami, ancien mineur de fond, venu dans cette région travailler dans l’industrie. Son épouse a élevé leurs trois enfants et est demeurée au foyer. Mon ami était ouvrier et a acquis sa maison vers la fin des années évoquées ci dessus. Un seul salaire rentrait au foyer.

Mon père était mécanicien. Il recevait le salaire que vous imaginez sans doute. Ma mère nous a élevé mon frère et moi et nous avons grandi en HLM. Puis, là encore, à la fin des années 70, ils ont fait construire aux prix d’un travail acharné. Ils ont récemment vendu leur bien immobilier et, comme beaucoup de personnes de leur âge, ont acheté un appartement en ville.

Je pourrais multiplier ces exemples à l’envi, mais je sais aussi qu’il existe un nombre incalculable de retraités pauvres, voire extrêmement pauvres. Ce fait est proprement scandaleux. De même il m’est insupportable de savoir des ouvriers qui ayant un emploi, sont contraints de dormir sous les ponts ou dans leur véhicule parce que les loyers sont trop chers. Ce qui ne les empêche pas de payer des impôts et des taxes de toute nature. Ces derniers sont bizarrement absents des reportages diffusés par certains médias dont la seule vocation est de nous manipuler.

Néanmoins, je me réjouis de constater que certains retraités, que le sort ne favorisait pas spécialement au départ, aient pu acquérir leur bien immobilier et se trouver désormais à l’abri. D’autant que ce fait se trouve dans la droite ligne du programme du C.N.R

Pourtant, si je fustige le comportement de certains retraités c’est parce que j’ai assisté à des scènes qui m’ont, moi aussi, offusqué. Telle personne qui, à grands coups de caddies, cogne dans les vitres du Centre Commercial. Parce que celui ci a ouvert à 08 heures et 31 minutes au lieu de 08 heures 30 comme il était prévu. Telle autre personne âgée qui insulte la caissière au motif qu’elle ne l’a pas laissée passer prioritairement en raison de son âge. Une autre encore qui est en colère parce que le magasin n’ouvre pas le dimanche, pas le jour de Noël ou le premier mai. Un autre aussi qui traîne les pieds pour sortir le plus tard possible de l’hypermarché et auquel il faut sans cesse rappeler que l’heure de fermeture est largement dépassée. Dois-je continuer ? Je ne doute pas un seul instant que vous ne soyez conscient de la contagieuse bêtise systémique du capitalisme. Bêtise qui maintenant contamine les esprits de tous les acharnés de la surconsommation de biens et de services.

Voilà , je pense vous avoir instruit sur le chapitre de consacré à certains (et je dis bien certains) retraités.

Un autre point reste à éclairer.

Ainsi que vous le notez justement, je ne pourfends pas le capitalisme. Je n’en suis pas non plus le zélateur. Je considère le capitalisme comme un outil et seulement un outil. Jamais comme une philosophie ou un dogme. Il pourrait, entre de bonnes mains, se révéler efficace pour le développement des peuples. Je ne vois donc pas pourquoi un outil devrait partir à la poubelle sitôt qu’un usage déplorable en est fait. Mais je ne vais pas m’étendre sur ce que d’autres comme André Comte Sponville ou encore l’excellent John Rawls ont si bien décrit.

Pour tout dire, je préfère cogner sur la malhonnêteté, sur les attitudes irrespectueuses voire haineuses qu’ont à subir les salariés de la GD de la part des pervers narcissiques qui les encadrent. Ou encore sur les nazillons qui pullulent dans les entreprises, sur les actionnaires et autres grands bandits de la phynance. Lesquels auraient en d’autres temps sans doute, chargé les wagons !

Enfin, il est bon de rappeler le pourcentage des retraités ayant voté au second tour pour l’actuel roi élu, locataire de l’Elysée : 68% des plus de 70 ans et 61% des personnes âgées entre 60 et 69 ans se sont exprimées en sa faveur. Personnellement, son idéologie néo-libérale m’a toujours profondément écoeurée. Vous-même, de quel côté de ces pourcentages vous rangez-vous ?

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