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Pour une féminité décomplexée

Le combat féministe laisse perplexe ceux et surtout celles qui y voient peu d’éléments relatif à la féminité, concept lui, qui entendu de manière péjorative parce qu’il renverrait à une forme de sensibilité, de faiblesse ou plus communément, ferait référence à la sensualité instrumentalisée que le féminisme, avec sa prétention de masculinité tend à renier.

Bien évidemment, il ne s’agit pas de saboter le combat de la femme mais au contraire, d’en dénoncer les contradictions et la manière dont est instrumentalisée cette résistance qui trop souvent est ancrée mentalement dans les consciences par de nombreux complexes intérieures que la femme elle-même n’assume pas et son combat semble parfois encore une fois être celui que l’homme lui dicte. A de nombreuses occasions, elle ne fait pas preuve de solidarité avec ses pairs, qui sont avant tout les autres femmes contre lesquelles elles s’offusquent souvent au bonheur de ce que l’homme a voulu qu’on fasse d’elle : une femme objet de tous les désirs et toutes les convoitises.

La femme, un objet de consommation asservie, soumise, en lui faisant croire que son émancipation physique, son allure, les droits qu’on lui confère font d’elle une femme plus digne qu’une autre. En d’autre terme, une femme mature qui au fil des années s’est battue pour que ses droits soient reconnus : la femme occidentale, qui maintenant parvenue à l’émancipation décide de prendre en charge sa camarade non parvenue à ce niveau de conscience, de grandeur, parce que de la où elle vient, ce n’est que l’oppression : celle du père, du mari, du frère et du chef d’état, en gros, elle doit échapper au joug de l’homme avec l’aide d’une femme qui est entrain de réussir ce combat. Même si elle vient d’ici, si elle a grandi ici, vit ici et s’émancipe ici, elle vient quand même d’ailleurs ou est ancré par ces moeurs qui transgressent les frontières. Même si elle vient d’ici, on lui dira qu’elle vient d’ailleurs ou que son attitude n’est pas celle d’ici et qu’ici, toutes les femmes doivent véhiculer la même image : celle de l’émancipation physique plus que mentale. Image dit on, c’est-à -dire apparence, peu importe que n’augmentent les véritables inégalités physiques, mentales, économiques, morales, juridiques dans un pays où la violence faite aux femmes atteint un chiffre effroyable...

Un vrai combat commence par une honnêteté intellectuelle ainsi qu’une volonté commune d’égalité. C’est par la solidarité qu’on peut lutter, bien qu’on puisse diverger dans ses orientations de vie. Pour le dire concrètement, comment comprendre dans un cortège à l’occasion de la journée de la femme que certaines femmes se donnent le droit et la suprématie au nom de leur pseudo liberté de diffamer d’autres femmes ne correspondant pas à leur image, à savoir des femmes qui ont décidé de se couvrir les cheveux, et qui elles, ne semblent pas s’attaquer ni insulter celles qui ont décidé de découvrir leurs cuisses. Comment une si puérile opposition physique peut faire d’une femme qui se dit féministe, l’ennemie de sa camarade, avant tout présente pour le même combat. On peut bien citer d’autres exemples d’opposition, mais la ligne de séparation majeure se fonde entre la différence culturelle et religieuse qui régit tous les combats du monde à croire. On aurait d’un côté celui de la femme occidentale la femme suprême, fatale, indépendante et émancipée contre la femme indigène, arabe, africaine encore trop soumise à ses moeurs, son Dieu, ses hommes et qu’il faut libérer de sa pauvre condition de détresse. Ce soi disant choc des cultures et coutumes qui sert de prétexte à tous les combats malsains semble le même dans ce féminisme complexé et totalement orienté par ce que veut l’élite masculine, celle qui dans tous les domaines, tend à gouverner et tracer la manière dont la femme doit se comporter dans notre société pour répondre aux lois de la consommation avant tout ne l’oubliez pas.

L’exemple d’un certain Bernays, qualifié de père de la propagande politique et de la manipulation de l’opinion publique n’hésita pas à instrumentaliser la femme en lui faisant croire que fumer par exemple était pour elle une forme extrême d’émancipation. Elle pourrait ainsi imiter l’homme, l’égaler, voire le dominer. C’est à travers ce genre de symbole fictif et apparent que l’on fournit à la femme les armes de sa liberté alors que l’on sait bien que derrière cette stratégie, il s’agissait de cesser de se priver de la moitié de l’humanité dans le bénéfice et le profit qu’apportait un tel commerce à une firme comme Lucky Strike. C’est donc à l’avantage des firmes que ce combat est instrumentalisé, celles du parfum qui ne cesse de réduire la femme à son corps et au désir qu’elle peut susciter, celle de l’automobile, à laquelle elle est souvent comparée , celle de toutes les grandes firmes dans lesquelles on tire de sa féminité l’essentiel de ce qui anéantit sa dignité chaque jour un peu plus.

Aujourd’hui, on insiste et propose à la femme soumise de la libérer du symbole physique encore qu’est son voile, de manière à ressembler à la femme libre, et ensuite pouvoir égaler l’homme. A croire que la femme ne peut s’émanciper que par son physique, mais où sont ceux qui prônent son émancipation mentale, morale, psychologique et qui plus est, de son respect du physique, car certains voient une menace dans le voile et la mettent au coeur du débat mais les vrais atteintes comme le viol, l’agression, les coups eux, dépassent les symboles, ils sont une réalité, mais toute vérité n’est pas bonne à propagande à partir du moment où on ne peut en faire son fond de commerce, politique, électoral, médiatique. Et tout ça de manière très subtile pour calmer le jeu en donnant l’illusion à la femme de se sentir vraiment en démocratie, pire d’en définir le modèle absolu et universalisable à l’ensemble de la planète.
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D’autres exemples laissent perplexes lorsqu’on voit que certaines féministes ramènent ou plutôt ramassent toute bonne cause démocratique pour faire passer l’essence de chaque mouvement de libération pour un combat féministe, toujours opposé à cet homme charnu qui lui confère toute bonne occasion de se révolter, ou de jouir du droit de se faire exploiter avec subtilité, avec plus d’élégance et de politesse. Et comme l’esthétique gouverne nos schémas de pensée, on peut bien facilement croire être libre par le physique, ce qui se voit et laisse transparaitre une indépendance, peu importe l’éthique. L’esthétique a dépassé de loin toute éthique dans les luttes pour l’égalité. L’important, c’est l’image que l’on veut véhiculer et non la personne qu’on est. Encore une fois, un féminisme à géométrie variable pour installer et imposer la suprématie de ce combat que seule « l’élite féministe » est à même de représenter. Où est donc la liberté, le respect de la dignité de la femme et l’égalité ?

Pour expliquer et en finir en revenant sur le titre de l’article, penser une féminité, c’est proposer à la femme d’investir son propre combat car tous les termes en « isme » sont soumis à être instrumentalisés dans notre société. En tant que femme, je n’ai pas à être féministe mais féminine au sens le plus complet et non péjoratif qu’il soit. Cela ne se résume pas à se maquiller et chercher à s’embellir physiquement mais plutôt à accomplir cette spécificité de femme, qui oui en tant que femme, n’est ni une femme universalisable, comme celle véhiculée sur tous les panneaux publicitaires et qui n’est ni non plus un homme en voulant y être identifié.

Car, à y songer, le droit à revendiquer sa féminité pour une femme est il celui d’être distincte de l’homme, séparé par ses qualités propres afin qu’elle sache ce qui lui correspond vraiment, ou c’est d’être mélangé à l’homme, confondu dans les symboles de la masculinité au nom d’une certaine égalité, qui plus est, ne cesse de creuser le fossé entre les deux. Faut-il penser qu’être l’égal de l’homme, c’est faire semblant d’en être un en se reniant ? Être l’égal veut il dire être le même ?

A mon sens, c’est plutôt en répondant oui que l’on détruit l’autre. L’égalité, ce n’est pas devoir se renier, se frustrer pour ressembler, concurrencer, voire dépasser celui qui nous semble dominateur. C’est avant tout, vouloir assumer sa spécificité, la revendiquer et tenter de l’accomplir avec ses propres ressources, ses propres schémas de pensée.

Parce que réellement, ce qui dérange, c’est l’image d’une femme qui, refusant le symbole de consommation à laquelle on la soumet, veut vraiment réclamer sa liberté, sa dignité. Pourquoi lui refuse-t-on ? Certainement parce que ce combat est faussé. Battons nous non pour la femme mais auprès de toutes les femmes, celles qui aiment mettre des jupes, celles qui aiment les pantalons, celles qui sont voilées et celles non voilées, celles qui sont heureuses ou celles qui sont tristes, celles qui sont sensibles ou celles qui sont autoritaires etc.…

Chaque femme sait mieux l’origine de ce qu’elle porte, supporte et ce par quoi passe sa liberté. Se battre pour la femme, c’est croire que l’on a la suprématie de savoir ce qui est bon pour elle, c’est croire la sauver de sa condition indécente et sous ce prétexte, on ouvre le feu, faisons tomber les bombes, on tue sans remords des innocents dans plusieurs régions du monde. Personne n’a à prétendre libérer la femme si ce n’est elle-même de se libérer elle-même avant tout et reconnaître à chacune son droit d’exister, de vivre en dignité. Quel combat que celui qui élimine pour parvenir à dire que l’on réussit. Il s’agit surtout d’arrêter de se revendiquer appartenant par-dessus tout à telle ou telle cause parce que l’étiquette que l’on endosse finit par primer sur l’intention et la sincère volonté de s’affranchir de sa condition inégale.

Karoll, une lectrice du Grand Soir.

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