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Pourquoi l’Europe a fait cela à Evo et pas à un autre président ?

Miguel Angel Perez Pirela

Le colonialisme a de longs bras. Il a été capable de perdurer pendant des siècles. J’ai du mal a croire que deux cents ans après, les Européens n’acceptent toujours pas les défaites colossales que les Haïtiens ont infligé aux Français, et les Boliviens et les Vénézuéliens aux Espagnols.

La pression des Etats-Unis a sans aucun doute joué un rôle fondamental dans l’humiliation qu’ils ont voulu faire à Evo Morales. Mais les Européens n’auraient jamais provoqué cet outrage s’il ne s’était pas agi du premier président indigène de notre continent.

Qu’Evo Morales gouverne la Bolivie est reçu comme une gifle pour la bonne morale du Nord.

Nous sommes donc face à un acte de racisme sans précédent. Un racisme qui passe outre les lois internationales que les Européens utilisent par ailleurs comme excuse pour bombarder les peuples.

Mettre en danger de mort de façon si grotesque et éhontée un président Sud-américain nous évoque les massacres, les violations et les humiliations auxquelles fut soumise notre Amérique Latine par les Européens.

Que faire alors ?

Tout d’abord, reconnaitre l’importance des processus d’union de notre Amérique et ne pas oublier que l’unique possibilité que nous ayons, nous, noirs, indiens, métis et blancs du Sud du monde pour ne pas revenir aux temps de la colonie est de nous unir face a l’Européen bien-pensant et mal-agissant.

La réunion en urgence d’UNASUR* a servi à faire comprendre à l’Europe que si son intégration à l’Union Européen est économique, la notre est éthique et politique. Sans aucun esprit chauviniste je peux affirmer qu’aujourd’hui sans aucun doute, quand un pays d’Amérique du Sud est offensé, ils le sont tous.

Si Evo Morales est le caillou dans la chaussure du colonialisme Européen alors, continuons à jeter des cailloux contre les vitres illuminées et hypocrites du Nord. Et avec Benedetti je dis : le Sud aussi existe.

Et qu’ils ramassent les débris de verre.

Miguel Angel Perez Pirela

Traduit de l’espagnol par Irisinda. http://www.aporrea.org/tiburon/a169563.html

*UNASUR : Union des Nations Sud Américaines

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COMMENTAIRES  

11/07/2013 08:42 par kuira

Désolé, mais les rapports de classe priment sur tous les autres.

Indigène anti-impérialiste c’est d’abord pour ses actions qu’il est visé parce qu’il leur fait mal au porte-monnaie (aux coffresforts), sur que ça leur fait mal chaque fois qu’un enfant latino apprend à lire, est vacciné, mange à sa faim et cela, quelle que soit sa couleur. Mais c’est d’abord parce qu’on touche à leurs profits par des nationalisations et une gestion des ressources au service des peuples et pas de quelques uns (quelle que soit leur couleur, leur nationalité ou leur lieu de résidence).

Il faut se réjouir que la lutte d’Evo, de la Bolivie et des pays de l’ALBA a fini par payer, parce que le droit et la raison étaient avec eux, mais on peut signaler tout de même qu’un risque de partition à été évité, que les présidents présents au sommet extraordinaire de l’unasur n’étaient que six sur quatorze, que les déclarations quelques pays en défense de Morales étaient bien tièdes, que les silences de quelques uns étaient forts parlants, que cela a permis à l’OEA moribonde de reprendre quelques couleurs. Mais la lutte a payé et l’on peut constater, justement à l’Oea, l’unanimité de l’amérique latine et des caraïbes sur une déclaration sans équivoque.

A part ça, je ne me sens pas concerné par tous les anathèmes de Miguel angel ("l’européen bien pensant et mal agissant"), tentatives de divisions qui ne peuvent que renforcer l’adversaire. Face à d’autres nationalismes (pour ne pas dire "racismes", on ne peut que rappeler fortement et mettre à jour son internationalisme prolétarien.

11/07/2013 09:20 par kuira

Accroché par le texte de l’article, je n’avais pas pris le temps de m’intéresser à l’auteur. Sur le site aporrea, on peut lire sa présentation :

Miguel Ángel Pérez Pirela
Docteur en Philosophie politique, écrivain, communicateur, chercheur au ministère des sciences, technologies et innovations, présentateur-créateur d’un programme de télé, auteur du roman Pueblo (Peuple - ou Village, je ne l’ai pas lu).

J’ai du mal à croire qu’un gars avec de tels états de service nous présente le monde aussi simplement : "nous, noirs, indiens, métis et blancs du Sud du monde" d’un côté, "face à l’Européen" de l’autre !
Il oublie en passant que près de la moitié des électeurs formant son "NOUS" ont voté pour une espèce de facho putschiste qui fait tout pour renvoyer son propre pays aux temps des colonies sous le joug de l’empire, parce qu’il défend, le capri, SES intérêts identiques à ceux des riches du nord de l’amérique et de l’europe mais tout à fait antagoniques avec ceux de son peuple (pour simplifier) et ceux des peuples d’europe dont certains ont la faiblesse de soutenir la et les révolutions latino et la nlle orientation du continent.

Heureusement, Maduro comme Chavez, revendiquent la part chrétienne de la révolution bolivarienne, il va falloir aussi, en plus des explications et convictions pour la soutenir, prier souvent et très fort pour qu’elle soit poursuivie et victorieuse.

11/07/2013 18:08 par CJD Scritch

plus 1 avec kuira.
nous devons mobiliser l’intelligence progressiste sur tous les continents en vue du dépassement des pratiques du néolibéralisme, et pas pour ressasser la mise compétition des esprits mis en opposition, qui doivent garder ce penchant pour d’autres sujets (la compétition sportive, par exemple)

plus 1 avec, par exemple, le philosophe Argentin Juan-José Sebrelli fustigeant la pensée occidentale imbue d’elle même, (une ouverture pour le débat par dessus l’Atlantique)

plus 10 avec la mise en œuvre des conquêtes sociale des peuples d’Amérique latine et leur autodétermination bien méritée (et à renforcer dans l’intérêt mutuel de tous que nous devons cultiver)

moins 1 à une réaction qui perd le sens du discernement en confondant les européens avec les réflexes capitalistes qui orientent la servitude volontaire et les bénéfices de certains d’entre eux.

moins 10 envers les dirigeants de l’Europe qui avalisent la tentation de la régence planétaire, nous humilient en se posant en vassaux loyaux d’un pays à considérer comme un pair (mais nous espionne avec entrain), reconduisent le goût féodal de l’accaparement et de l’obséquio et offensent le monde entier en déniant au président Bolivien les prérogatives de sa fonction.

11/07/2013 19:56 par Dominique

Il ne faut pas oublier que si en Amérique latine, ils votent pour des gens comme Chavez et Morales, en Europe la majorité va à des gens comme Sarkozy, Hollande etc. Ce ci montre que nous ne pouvons pas tout mettre sur le dos de nos dirigeants.

Si la gauche européenne n’arrive pas à faire autre chose que mettre au pouvoir des collabos qui font tout le sale boulot de la droite, ce n’est pas Miguel Angel Perez Pirela qui a une vision simpliste des choses, mais la gauche européenne qui a un problème, ceci de sa base qui vote encore pour des gens pareils à ses dirigeants qui, s’ils étaient vraiment à gauche, fermerait la porte de leur parti à clé, jetteraient la clé et feraient autre chose.

Face à ce marasme qui est d’abord idéologique et moral, il n’y a qu’une seule solution, que les forces progressistes s’entendent sur un projet commun.

Il faut aussi chercher à comprendre pourquoi autant de gens préfèrent voter toujours pour la même politique néfaste à leurs intérêts, et là, la meilleure explication que je connaisse est celle de Wilhelm Reich. Il y avait un article sur la religion il y a quelques mois qui montrait que ce que la religion n’avait pas réussi à faire, à savoir faire adopter la morale bourgeoise par le peuple, l’industrialisation a réussi à le faire. La réalité des pays du sud est différente : ce sont tous des pays colonisés ou néo-colonisés dans lesquels tout citoyen conscient veut se libérer de cette domination impérialiste. Eux, ils n’ont pas oublié.

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