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Pourquoi les êtres humains sont-ils violents ? (Countercurrents)

Supermarché états-unien, rayon quincaillerie.

La récente tuerie du Colorado (sans parler des guerres en cours et autres formes de violence dans le monde) soulève à nouveau la question "Pourquoi les êtres humains sont-ils violents ?" Sommes-nous génétiquement programmés pour être violents ? La société nous enseigne-t-elle la violence ? Ou y a-t-il simplement des individus "psychotiques" ?

La question la plus importante est peut-être : est-il possible de mettre fin à la violence humaine ?

Du fait que deux de mes oncles sont morts pendant la seconde guerre mondiale, je fais des recherches pour comprendre "Pourquoi les être humains sont violents " depuis 1966 et de 1996 à 2010 Anita McKone et moi avons même passé 14 ans à l’écart du monde pour procéder à un examen psychologique approfondi de notre propre mental.

J’ai résumé nos découvertes dans un document intitulé "Pourquoi la violence ? " qu’on peut trouver sur le site http://tinyurl.com/whyviolence

En substance, la violence des êtres humains est la conséquence de la violence "invisible" et "complètement invisible" que nous, les adultes, infligeons aux enfants. A ces deux formes de violence invisible il faut ajouter la violence "visible" que nous leur infligeons consciemment.

Qu’entendons-nous par violence "invisible" ? Il s’agit des "petites choses" que nous faisons tout le temps, en partie parce que nous avons tout simplement "trop à faire". Par exemple, si nous ne prenons pas le temps d’écouter et de valoriser les pensées et les sentiments d’un enfant, l’enfant apprend à ne pas s’écouter lui-même et cela détruit son système interne de communication. Quand nous ne laissons pas un enfants s’exprimer comme il veut (ou que nous en faisons pas attention à lui quand il le fait) l’enfant développe des disfonctionnements au niveau de la communication et du comportement en essayant de répondre tout seul à ses propres besoins (ce qu’il est programmé à faire pour survivre).

Quand on le blâme, le condamne, l’insulte, le ridiculise, l’embarrasse, lui fait honte, l’humilie, le raille, le culpabilise, le trompe, lui ment, le soudoie, lui fait du chantage, lui fait la morale et/ou le juge, on détruit en lui le sentiment de sa propre valeur et on lui apprend à blâmer, condamner, insulter, ridiculiser, mettre dans l’embarras, faire honte, humilier, railler, culpabiliser, tromper, mentir, soudoyer, faire du chantage, faire la morale et/ou juger.

Un enfant soumis pendant toute son enfance à cette violence "invisible" sera inévitablement submergé de sentiments de peur, de souffrance, de colère et de tristesse (entre autres) qui engendreront naturellement à leur tour des sentiments, réactions et comportements que les parents et autres adultes réprouvent et donc réprimeront et c’est cette violence secondaire que nous appelons "complètement invisible" qui explique l’apparition des disfonctionnements comportementaux.

Par exemple, si on n’écoute pas un enfant qui exprime ses sentiments ou si on l’en détourne en le câlinant, le distrayant, ou si on tourne ses sentiment en ridicule, ou si on le terrorise au point qu’il n’ose plus exprimer ce qu’il ressent en criant sur lui quand il pleure ou se met en colère par ex. ou en utilisant la force pour mettre fin à un comportement qui est la conséquence de ses sentiments (en le frappant, en l’immobilisant ou en l’enfermant dans sa chambre par ex.), l’enfant n’aura d’autre choix que de refouler inconsciemment ces sentiments dans l’inconscient.

Cependant un enfant qui a tellement peur qu’il s’interdit d’être conscient de ce qu’il ressent (alors qu’il aurait besoin au contraire d’apprendre à identifier ses sentiments pour pouvoir mieux les contrôler) perd aussi la conscience des évènements qui ont causé ces sentiments au départ. Les conséquences de tout cela sont désastreuses pour l’individu, pour la société et pour la nature parce que l’individu a pris l’habitude de ne pas laisser monter à la conscience les sentiments qui lui permettraient de savoir comment agir au mieux des circonstances et il développe avec le temps toutes sortes de comportements inappropriés, y compris des comportements violents contre lui-même, les autres et/ou la planète.

De ce que je viens de dire, il apparaît clairement qu’on ne doit jamais punir un enfant. "Punition" est, de toute évidence, un mot que nous utilisons pour nous dissimuler à nous-mêmes le fait que nous avons recours à la violence. La violence, même quand nous l’appelons "punition" fait peur aux enfants comme aux adultes et ne peut pas provoquer une réaction adéquate. Si quelqu’un a un comportement inapproprié, il faut l’écouter attentivement pour l’aider à prendre conscience des sentiments (toujours mêlés à de la peur et souvent même à de la terreur) qui sont à l’origine du comportement disfonctionnel. Il faut alors que cette personne puisse ressentir et exprimer ce qu’elle ressent (y compris la colère) en toute sécurité. C’est seulement à ce prix que son comportement s’améliorera et deviendra plus approprié.

"Mais ce que vous reprochez aux adultes dans leur comportement avec les enfants ne semble pas si grave que ça. Comment les conséquences peuvent-elles être aussi désastreuses que vous le dites ? " allez-vous me demander. Le problème, c’est leur accumulation : l’enfant est confronté chaque jour à des centaines de comportements ’ordinaires" de ce type - souvent à l’école d’ailleurs- qui détruisent le sentiment de sa propre valeur. Il s’agit d’un "assassinat par causé par des milliers de coups de couteau" qui fait que la plupart des enfants ne parviennent simplement jamais à devenir des individus conscients d’eux-mêmes. Et pourquoi leur faisons-nous ça ? Parce que nous voulons que nos enfants deviennent de "parfaits citoyens" : c’est à dire des étudiants obéissants et travailleurs, des employés et/ou soldats fiables et malléables et des citoyens respectueux de la loi et de l’ordre.

La tragique réalité de la vie humaine est que peu de gens se rendent compte de la force impressionnante dont jouit une personne à l’esprit intégré (je veux dire une personne dont la mémoire, les pensées, les sentiments, les sensations, la conscience et autres fonctions, fonctionnent ensemble d’une manière intégrée). Sa force exceptionnelle vient du fait que cet individu est capable de faire des choix qui favorisent la vie (y compris des choix non conformes aux lois et normes de la société) et de résister courageusement à toutes les tentatives de le contrôler ou de le contraindre en quoi que ce soit par la force.

Alors d’où viennent des gens comme Adolf Hitler, Idi Amin, Pol Pot et tous ceux qui commettent des violences y compris les leaders politiques qui déclenchent des guerres et les forcenés qui se déchaînent dans nos maisons et nos villes ? Nous les créons.

Et pouvons-nous mettre fin à la violence humaine ? Oui on le peut. On en est tous capables.

Voilà en deux mots comment il faut s’y prendre :

Si vous voulez qu’un enfant soit non violent, sincère, bienveillant, attentionné, patient, sensible, respectueux, généreux, fiable, honnête, courtois, déterminé, courageux, fort et qu’il aime lui-même et les autres, il faut lui en donner l’exemple et faire preuve de ces mêmes qualités envers lui.

Si vous ne voyez pas pourquoi il est nécessaire d’agir ainsi, demandez-vous s’il est possible de mettre un frein à la violence sous toutes ses formes —la guerre, le terrorisme, la violence urbaine, la catastrophe climatique qui se profile, l’exploitation actuelle de l’Afrique, l’Asie, et l’Amérique centrale et du sud...— sans s’attaquer à ses causes profondes ?

C’est une lourde tâche. Mais nous avons un monde à sauver. Au sens littéral du terme.

Robert J. Burrowes

Robert J. Burrowes a passé sa vie à tenter de comprendre les causes de la violence humaine pour y mettre fin. Depuis 1966 il fait des recherches sur les causes de la violence humaine et il milite en faveur de la non violence depuis 1981. Il est l’auteur de ’The Strategy of Nonviolent Defense : A Gandhian Approach’, State University of New York Press, 1996. Voilà l’adresse de son site web : http://robertjburrowes.wordpress.com

Pour consulter l’original : http://www.countercurrents.org/burrowes040812.htm

Traduction : Dominique Muselet

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Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes », 2004 (...)
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