RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Présidentielles américaines : vote pour la race ou pour la classe ?

Un camarade de travail m’interrogeait il y a quelques semaines sur les prochaines élections présidentielles américaines et voulait savoir pour lequel des deux candidats à la présidence que je vais jeter mon bulletin. J’ai souri et lui ai répondu que ni l’un ni l’autre ne m’intéresse. Car, qu’il s’agisse du président démocrate Barack Obama ou son rival républicain Mitt Romney, c’est bonnet blanc et blanc bonnet ; deux faces d’une même médaille ; deux défenseurs d’une même cause : la pérennisation du capitalisme sauvage, l’hégémonie de l’oligarchie nationale et internationale. Je lui ai fait savoir que s’il existe une divergence entre les programmes de ces deux candidats, c’est dans la forme, mais pas dans le fond. D’ailleurs, au cours du débat sur la politique extérieure des États-Unis, le 22 octobre, Obama et son adversaire Romney ont projeté des points de vue identiques en ce qui a trait à la continuation de la guerre, des assassinats illégaux et l’intervention impérialiste à travers le globe.

A ces mots, mon interlocuteur, un homme de couleur et un démocrate, fut scandalisé et m’interrompit pour m’apprendre « doctement » que les programmes des deux candidats divergent comme le jour et la nuit dans la mesure où Obama favorise la classe moyenne et Romney les richissimes. Alors, je lui ai lancé cette question à la face : « Existe-il deux seules classes sociales aux États-Unis ? Qu’en est-il des prolétaires et des misérables ? Et toi et moi, de quelle classe sommes-nous ? » Il était comme pris par surprise et n’a pas pu répondre. Donc je lui ai dit que moi je suis un prolétaire et Obama ne défend pas la cause de la classe prolétarienne et n’oserait le faire d’ailleurs, sinon il n’aurait jamais accédé à la présidence des États Unis d’Amérique. Obama, à l’instar de son rival Romney, n’a jamais mentionné les pauvres dans ses multiples discours ; encore il serait accusé de promouvoir la lutte des classes s’il oserait le faire. D’ailleurs, sous la présidence d’Obama, les pauvres deviennent plus pauvres et les riches plus riches.

Mon camarade se sentait un peu embarrassé et a pris la tangente lorsque tout à coup il s’efforçait de m’expliquer combien nous devons être fiers d’avoir un des nôtres, c’est-à -dire un Noir, comme président du pays. « Si tu étais là au temps de l’esclavage, aujourd’hui tu comprendrais la signification du vote pour Obama », a-t-il ajouté, tout en essayant d’interpeller le côté sentimental, pour ne pas dire le côté naïf de ma conscience. Et moi de lui rétorquer qu’on ne doit pas voter pour la couleur de la peau, mais pour les intérêts de classe. Les citoyens bien avisés le savent. « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes », disait Karl Marx.

Malcom X, Martin Luther King Junior, avaient eu aussi des supporters blancs ; Jessie Jackson, Al Sharpton ont aussi des supporters blancs. Le représentant de l’État de l’Ohio Dennis J Kucinich, un blanc, deux fois candidat à la présidence aux États-Unis, ne sera jamais président à cause de son discours en faveur des prolétaires, des misérables et sa farouche opposition à la guerre. Alors que Colin Powell, Condoleezza Rice, Clerence Thomas, des noirs républicains, sont choyés par les blancs même les plus réactionnaires du pays pour leur excellent service au maintien du statu quo.

En 2008, alors que le prestige de l’Oncle Sam s’effritait de façon vertigineuse, la ploutocratie étasunienne a jeté son dévolu sur Barack Obama, un homme de couleur, pour stopper ou au moins ralentir cette glissade dangereuse. C’était tout simplement un calcul politique. Ainsi, Blancs, Noirs, Métis et toutes classes confondues ont voté Obama. Son charme, son charisme, son intelligence et son programme Hope and Change (Espoir et Changement), plus ou moins libéral, avait séduit plus d’un, incluant même des progressistes naïfs. Néanmoins, arrivé au pouvoir, le premier acte d’Obama, c’était le décaissement de presqu’un trillion de dollars pour renflouer les grandes banques qui ont saboté l’économie étasunienne à cause de leur cupidité. Tandis qu’aucune mesure de sauvetage n’est prise jusqu’à présent pour aider les vraies victimes, les classes laborieuses et les pauvres, de la malfaisance des gloutons de banquiers. Cette décision avait piqué la colère des classes travailleuses et des supporteurs progressistes dObama. Et qu’est-ce qu’ont bénéficié de l’administration d’Obama les afro-américains qui sont si fiers de lui, sinon plus de marginalisation et plus d’oppression ?

Quel président qui a cautionné la destruction de la Libye, le joyau de l’Afrique ? N’est-ce pas Barack Obama, le premier président afro-américain ? Et il se vantait de son « exploit » lors du débat du 22 octobre dernier, en précisant pour son vis-à -vis que « j’étais déterminé d’en finir avec Kadhafi…m’assurer que nous finissions le travail ».

Alors, doit-on voter pour la couleur de la peau ou pour les intérêts de classe ?

Et mon camarade a souri et s’est tu.

Morisseau Lazarre

http://www.moycorner.wordpress.com

kamoy3@optimum.net

URL de cet article 18239
  

Histoire et Mystifications. - Comment l’Histoire est fabriquée et enseignée...
Michael PARENTI
Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le cynisme particulier des États-Unis est que durant toute l’existence de Cuba révolutionnaire, ils ont délibérément cherché une stratégie pour étrangler le pays, discriminer son peuple et détruire l’économie.

Maria Zarajova
porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères de Russie

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.