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Tunisie : Pourquoi l’Europe est-elle si complaisante envers nos islamistes ?

Faut-il attendre la guerre civile pour que Parlement européen fasse une déclaration ? Israël et les Etats Unis sont-ils pour quelques choses ?

L’ancien chef de la diplomatie française Alain Juppé, le sarkozyste par excellence, n’a-t-il pas déclaré le 6 novembre 2011, juste après les élections de la Constituante, qu’il fait confiance aux responsables du parti islamiste Ennahdha, et qu’il pourrait "travailler avec eux". Sans aucune hésitation, il ajouta : "Quand j’écoute le discours des responsables du parti Ennahdha, (...) ils disent : « nous voulons un pays qui fait référence à l’islam bien entendu, mais qui respectent les principes démocratiques et en particulier, nous nous engageons non seulement à ne pas dégrader le statut de la femme mais même à l’améliorer ». Vous avez tort de les croire Monsieur Juppé car Ennahdha est un parti islamiste et tout parti religieux a son projet de société qui ne peut être qu’archaïque et rétrograde. Saida Rached, secrétaire générale de l’Association des Femmes Tunisiennes Démocrates n’a-t-elle pas déclaré, il y a quelques jours : "il y a un problème avec Ennahda" qui est un parti "intrinsèquement rétrograde par rapport au statut de la femme, comme tous les partis islamistes et comme tous les partis religieux" ?

Depuis le départ d’Alain Juppé, après l’échec cuisant de Sarkozy aux présidentielles et la déroute de l’UMP aux législatives, aucun officiel français n’a eu le courage de commenter les évènements en Tunisie ! C’est une habitude peu française de ne pas s’ingérer dans les affaires des pays amis ! Bernard Kouchner n’a-t-il pas imposé au Monde à travers l’ONU le droit d’ingérence sous l’appellation diplomatique de "responsabilité de protéger". La France craigne-t-elle une réaction disproportionnée du Qatar si jamais elle s’introduit dans les affaires tunisiennes ? Oui, nous savons que la France a besoin du Qatar et de ses investissements massifs dans l’Hexagone. En effet, la France n’est plus ce qu’elle était ! Laurent Fabius, nouveau patron des Affaires étrangères, est trop occupé par le dossier syrien et de la préparation d’une intervention militaire contre la Syrie pour écouter les cris des femmes tunisiennes menacées dans leur citoyenneté ! Quant à François Hollande, président ordinaire d’une France décadente, a brillé par son absence sur la scène internationale. Le « Courrier international » a relayé les critiques de la Presse internationale : "Hollande, l’heure des critiques" : Immobilisme, timidité, absence de créativité.

Par son immobilisme, la France a contaminé toute l’Europe qui est devenue sourde-muette : pas un mot, pas une condamnation des dérives du pouvoir en matière de liberté et du statut de la femme : le projet de Constitution tunisienne, qui voudrait instituer la complémentarité des sexes plutôt que leur égalité, la mise sous-tutelle des médias publics et la répression des médias privés, la passivité du pouvoir par rapport à la montée du salafisme et de la violence des jihadistes dans le pays. Les propos récents qualifiant l’opposition « d’ennemis de l’Islam » n’est que promesse pour l’extermination des élites tunisiennes et le lancement imminent de la "chasse à l’homme" afin d’asseoir une dictature verte-noire. Pourquoi l’Europe est-elle si passive et si complaisante ? Faut-il attendre la guerre civile pour que Parlement européen fasse une déclaration ? Israël et les Etats Unis sont-ils pour quelques choses ? Forcément, le vieux continent est sous tutelle depuis cinq ans eu égard de sa situation économique dramatique : le système bancaire européen est à deux doigts de la faillite, des Etats en cessation de paiement, une banque centrale qui rachète des dettes pourris et non solvables pour repousser de quelques mois l’effondrement de l’Europe. Un Continent sous mandat du FMI ne peut agir librement car ces Etats secourus doivent accepter de modifier leurs politiques selon les exigences des gros bailleurs de fonds de cette institution, américains en l’occurrence ! Dans ces conditions, comment pouvons-nous demander à une Europe sous mandat israélo-américain de nous aider à déjouer ce guet-apens dans lequel la Tunisie se fait piéger ?

Personne n’est dupe ; les crises financières successives et préfabriquées par le sionisme mondiale depuis 2008 dont l’Europe est victime n’est que le prélude aux révoltes arabes, manière de geler toute initiative européenne et sa mise à l’écart. Les Européens sont une fois de plus les dindons de la farce !

Nous sommes certains maintenant que le nouveau partage du Monde a placé notre pays dans la zone d’influence qataro-israélienne donc sioniste et non dans la zone européenne ! Il n’est pas difficile de constater l’acharnement qatari -israélien- pour racheter nos raffineries, nos mines, nos hôtels, nos oasis, nos entreprises publiques (STEG, SONEDE, TUNISIE-TÉLÉCOM, Tunisair etc.) afin de mettre le pays de facto sous mandat israélo-qatari.

Je dis à mes concitoyens et concitoyennes que nos problèmes doivent être résolus par nous-mêmes par le sacrifice et la lutte continue sous diverses formes ! Nous n’avons plus le choix comme l’avait bien dit notre héro national Tarek Ibn Ziyad, en 711, il y a donc treize siècles « Oh gens ! Où est l’échappatoire ? La mer est derrière vous et l’ennemi est devant vous, et vous n’avez, par Dieu, que la sincérité et la patience ».

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi l’Europe ne cherche pas à aider le Maghreb à sortir de sa crise politique car elle n’a pas un intérêt de voir, aujourd’hui, une puissance économique régionale jaillir du Maghreb au moment elle subit une déroute mortelle ! L’Europe est malade de ses dirigeants peu stratèges et peu visionnaires. Ce vieux Continent aurait dû sceller une intégration méditerranéenne économique poussée, il y a trente ans, avant de s’élargir vers l’Est. Michel Rocard n’a-t-il pas dit "l’Europe élargie est la fin de l’Europe".

Je termine par cette citation de Benjamin Franklin « Ceux qui sont prêts à sacrifier une liberté essentielle pour acheter une sûreté passagère, ne méritent ni l’une ni l’autre ».

Mustapha STAMBOULI

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COMMENTAIRES  

02/09/2012 12:28 par Dominique Le Boucher

Bonjour,

Les dirigeants européens ( ce qui ne veut pas dire que les peuples les suivent toujours mais ils sont aujourd’hui en grande partie passifs ou indifférents ) soutiennent désormais l’extrémisme religieux et essentiellement salafiste parce qu’ils y ont des intérêts, c’est évident.

Je connais particulièrement bien l’Algérie et ce qui s’est passé durant la décennie noire où les plus déterminés de nos amis intellectuels algériens ont été assassinés par les tueurs du FIS : Tahar Djaout, Abdelkader Alloula, et le psychiatre Mahfoud Boucebci, le directeur de l’école des Beaux-Arts d’Alger Ahmed Asselah ainsi que Saïd Mekbel directeur du journal indépendant Le Matin, sans oublier les chanteurs Cheb Hasni et Matoub Lounès ainsi que tant d’autres, qu’ils soient intellectuels, créateurs, ou simples gens du peuple, je ne l’oublierai jamais.

Il faut ne pas avoir vécu l’épouvante et la terreur avec ceux qui arrivaient en France à cette époque pour ignorer ce qui va se passer selon un processus commun à toutes les formes de prises de pouvoir du religieux, dans les pays où la population ne réagit pas à cette mise en place, soit légale par les élections comme cela a été le cas en Tunisie, soit illégale comme c’est le cas en Syrie par la guerre civile.
Or, la population syrienne dans son ensemble, et je connais également ce peuple par les amis que j’y ai, a compris ce qui se joue là et résiste à l’emprise des artisans occidentaux et arabes pour séparer ceux et celles qui ont vécus ensemble jusqu’à aujourd’hui, de cultures ,et de religions différentes. Tandis que la population tunisienne a porté quant à elle dans sa majorité, les islamistes politiques au pouvoir il y a quelques mois à peine.

Les connaissances et relations que j’ai en Tunisie sont effarées par ce qui est en train de se passer et le pire est à venir. Il me semble que c’est à elle, la population tunisienne, et à vous, qu’incombe la responsabilité de cette situation en premier lieu, et ce quel que soit le rôle joué par ailleurs par les tenants d’un nouvel ordre en Méditerranée.

Qu’il s’agisse d’un manque de maturité politique populaire tout à fait compréhensible vu le passé et la violence coloniale qui a sévi dans toute l’Afrique et dans tout l’Orient, ne change rien au fait qu’il ne vous reste qu’à combattre par tous les moyens ce pouvoir morbide et archaïque.
Votre destin est entre vos mains et ça n’est certainement pas l’Occident, France comprise qui vous aidera à savoir quel est votre choix pour un avenir de liberté et d’intelligence.

Bien à vous.

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