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13 janvier 2018

Faire de nous des moutons

Fabrice AUBERT

POUR UN SERVICE PUBLIC DE LA SECURITE ROUTIERE

Les dernières décisions sur la « sécurité routière », et notamment la limite à 80 km/h ont plusieurs objectifs que je vais tenter de synthétiser plus bas.

L’implantation des radars et la peur du gendarme sont toujours évoquées pour expliquer cette baisse, justifiant à nouveau, devant la remontée légère du nombre de tués (2013-2016), la décision de baisser sur les voies secondaires la vitesse à 80 km/h.

Dans la réalité, les explications sont multifactorielles :

De la voiture à l’isoloir : On le voit, la « radarisation  » du territoire et les sanctions ne sont pas les seuls facteurs explicatifs, mais les gouvernements successifs n’ont toujours eu comme politique que celle des sanctions. Car il s’agit au-delà de l’objectif sécuritaire, de nous transformer en « moutons politiques », c’est-à-dire par un « comportement routier de troupeau  », influencer notre esprit contre toute réflexion « insoumise ». Je précise ici mon propos, il ne s’agit pas d’être un « insoumis » des règles de conduite (feu rouge, Stop, clignotant etc..), mais il s’agit en imposant des règles qui n’ont rien à voir avec la vraie sécurité routière, d’immiscer en nous un comportement docile sur tous les plans, de la voiture à l’isoloir.

LES VRAIES RAISONS DE LA REDUCTION DE VITESSE : Selon moi, Il y en a trois :

COMPETITIVITE ET VITESSE : Il y a de plus une hypocrisie totale dans un système qui loue en permanence, la compétitivité des entreprises, fondé sur la rentabilité des salariés, c’est-à-dire leur vitesse d’exécution (« Rentabilité du travail  ») et qui dénonce cette même vitesse dans les comportements routiers. La vitesse est donc au cœur du fondement de notre système de mondialisation. Si la vitesse est dangereuse, alors il faut la limiter partout et donc notamment dans les échanges financiers spéculatifs, qui aujourd’hui se pratiquent à la nano seconde. C’est de cette vitesse d’ailleurs que surgissent les « accidents financiers » dénommés krachs que les peuples paient par la suite très cher (crise de 2008). On voit donc ici comment la vitesse dans un cas, est un prétexte permettant de justifier des décisions de sanction alors que dans l’autre situation, celle-ci, alors que cause effective de « krachs » n’est ni limité, ni contrôlé…ni taxée (« Taxe Tobin »).

LES GENDARMES COUCHES : Débilité que ce système de « dos d’âne », dont l’objectif est de réduire la vitesse des véhicules. Pour les voitures, incontestablement, elle la réduit, mais j’ai la faiblesse de penser que cela nourrit surtout les magasins de vente d’amortisseurs sans régler la question de la sécurité routière réelle. Par ailleurs, les ignares du « tout sécuritaire » ne savent pas et ne sont toujours pas rendus compte que l’installation de ces équipements sont « transformés  » en rampes de lancement pour les jeunes adeptes du deux roues dont l’objectif central devient le « Wheeling » (« Rouler sur une seule roue » pour économiser l’autre évidemment en ces temps d’austérité) …A moto, et j’en suis, ces monticules ridicules, me servent juste à faire comme si j’étais au « Paris-Dakar » et là mes amortisseurs ne craignent rien, ils sont faits pour la piste. Ceci juste pour démontrer, que les solutions du type urgence, il y a terrorisme, ne servent à rien, sur la route ou avec l’islamisme. C’est avant, qu’il faut se poser la question. Après on paie plus cher.

LES PROPOSITIONS ALTERNATIVES POSSIBLES : Il serait vain dans cette contribution de ne faire que critiquer sans se poser la question peut-on faire autrement ? Et je commencerai par les mesures de sanction, pour montrer que je ne suis pas béat…

1] Mesures de sanction

2] Mesures passives : Il s’agit là de mesures d’équipements

3] Les mesures actives :

UN VRAI SERVICE PUBLIC DE LA SECURITE ROUTIERE : En guise de conclusion, la mesure prise des seuls 80 Km/h n’a pas comme objectif essentiel, de faire baisser la mortalité et l’insécurité routière, comme les « ordonnances Macron » n’ont pas comme objectif de faire baisser véritablement le chômage.

Se confronter à « l’insécurité routière » nécessite une politique globale se déclinant en plusieurs types d’actions se combinant entre elles pour produire leurs effluves dans le temps.

J’ai ici, suggéré des pistes, mais qui sont d’une toute autre ampleur et qui s’appuie en priorité, non sur la sanction, mais sur l’éducation et le respect de l’autre. Il est sûr que les mesures que je suggère ont le gros défaut de coûter plus cher, en tout cas en apparence, car de fait, le coût de ces mesures (formation, stages etc.) ne peut être imputé aux usagers, mais à l’Etat. Il s’agit d’un choix collectif et non de type individuel.

Rappelons ici, que depuis Neandertal, dans un univers hostile, la meilleure des sécurités individuelles est la sécurité collective.

Ne faudrait-il pas de fait créer un « service public de la sécurité routière » d’intérêt général. On n’arrêterait ainsi de piller les automobilistes, via les auto-écoles.

La question de la sécurité routière n’est pas qu’une question annexe, elle est une question de nature et de contenu politique. Veut-on vraiment développer une politique de sécurité routière, ou veut-on simplement, en simple application de la théorie libérale condamner individuellement le conducteur ?

Veut-on faire de la route un espace public partagé [3] ou veut-on faire de la route un « territoire de plus  » offert au « marché libre et non faussé », dans lequel les plus riches, une fois de plus, du fait des gadgets embarqués (système d’informations), pourront passer à travers les mailles des contrôles à l’image de l’optimisation fiscale ?

Le 12 Janvier 2018, Fabrice

[1Une moto c’est la moitié d’une voiture (deux pneus), un espace occupé divisé par plus de deux, une consommation inférieure à cylindrée égale, et surtout pour la pollution un temps de trajet effectif en réseau urbain divisé par trois. Réfléchissez, on nous donne en permanence la pollution au km (CO2), mais sur mon trajet professionnel du quotidien, là où je mets 28 mn pour aller à mon bureau de la Métropole, une voiture portant une seule personne mettra 1 h 30. La pollution réelle, ne doit donc pas se mesurer au km, mais au temps, et là la moto tant en pollution directe qu’en pollution spatiale (parkings) est, pour reprendre l’expression du capitalisme, beaucoup plus performante. Le problème du motard vivant, c’est qu’on pilote avec les neurones, pas avec les muscles. On ne freine pas, on anticipe.

[2Condamnation de la Justice prise en otage, car devant soutenir la Police, elle-même prise en otage, car devant produire des résultats (condamnations).

[3On n’utilise pas le clignotant pour soi, mais pour les autres, pour indiquer où l’on va. Or Observons que le Capitalisme ne dit jamais où il va.