Choses vues dans la gare d’une sous-préfecture du Sud-Ouest, puis chez un marchand de légumes.
Je fais la queue pour acheter un billet de train. Devant mois, trois clients."¨Le premier est un adolescent accompagné de sa grand-mère. Elle lui paye le billet. Je finis par comprendre que les parents sont divorcés et quasiment sans ressources."¨
Le second client (quarante-cinq ans, d’allure sportive) est venu pour se « renseigner avant d’acheter ». Il demande combien cela lui coûterait pour convoyer sa planche à voile de la ville où nous nous trouvons à une ville située à 500 kilomètres. « Environ 50 euros », répond la préposée. « Et pour mon billet », s’enquiert le véliplanchiste ? « Comptez une soixantaine d’euros, un peu moins si vous bénéficiez d’une réduction. » « Faites-vous des réductions aux chômeurs ? », demande, sans trop y croire, le véliplanchiste. « Malheureusement pas », lui répond la guichetière. Le client potentiel tourne les talons sur un « Au revoir, je repasserai. »"¨
Le troisième client est âgé d’une petite trentaine d’années. Il sort de sa poche une liasse composée d’un billet, d’une carte de réduction et d’un relevé de carte bancaire. Ce qu’il dit n’est pas très clair, mais je finis par comprendre que sa carte de réduction est périmée, donc que son billet n’est pas valide. Il lui faut proroger sa carte, pour un coût d’une bonne cinquantaine d’euros. Il demande à la préposée à combien s’élèverait l’amende s’il n’en faisait rien. « Au moins soixante-cinq euros », répond-elle. Il décide de prendre le train malgré tout. « Si je suis contrôlé, je dirai que j’ai oublié ma carte de réduction chez moi ; on verra bien. »
Un peu plus tard, j’achète des fruits chez un gros marchand d’agrumes de la ville. Devant moi, une des trois caissières discute avec une cliente qui lui est familière.
- Hé oui, cela fait six ans que je suis ici."¨
- Six ans ? Comme le temps passe."¨
- En fait, je suis un peu folle : dans aucun magasin de la ville, les conditions de travail ne sont aussi dures."¨
- Plus dures qu’en hypermarché ?"¨
- Oui, je suis là dès sept heures trente, et je quitte vers vingt heures.
La crapulerie du « Travailler plus pour gagner plus » ! Nous sommes dans une petite entreprise qui tourne à plein régime depuis toujours. Les employés n’ont naturellement jamais pu négocier leurs horaires. Une quatrième caissière serait nécessaire. Candidater auprès de l’hypermarché est risqué. La vie syndicale y est illégalement interdite et le propriétaire a suffisamment de répondant pour faire traîner les litiges devant les Prud’hommes pendant des années."¨
Et pendant ce temps-là , on amuse la galerie avec "l’effet Obama", avec la possibilité, ou non, d’un Président de la République issu des " minorités visibles " …