Lalo VESPERA
Zero Dark Thirty raconte la traque supposée d’Oussama Ben Laden par une cellule spéciale de la CIA. Rappelons que ce film est construit sur un scénario imaginaire à partir d’informations extraites d’un récit officiel subjectif et partisan, d’allégations sans preuves et de témoignages invérifiables. Et pourtant les médias célèbrent une oeuvre particulièrement documentée… Les critiques de cinéma seraient-ils en passe, au sein des rédactions, de prendre la place abandonnée par les journalistes d’investigation pour nous éclairer sur les zones d’ombre des événements contemporains ? Par ailleurs, cette production nous fait visiter la CIA en compagnie d’une toute jeune fille, l’agent Maya, dont la beauté et la pâleur fantomatique apposent un masque bien trompeur sur la somme terrifiante des crimes que cette agence aura pu commettre hors du territoire américain en moins de 66 ans d’existence, et ce pour soutenir avant tout les intérêts de sociétés privées ou pour assouvir les pulsions impérialistes de l’oligarchie dirigeant les États-Unis.
« Le gouvernement américain est aujourd'hui le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde. »
Martin Luther King,
discours de Riverside Church à New York, le 4 avril 1967, un an exactement avant sa mort. [1]
Les critiques de cinéma, aux États-Unis comme en France, ont très largement plébiscité Zero Dark Thirty qui a, par ailleurs, reçu 5 nominations aux Oscars dont une pour la catégorie du meilleur film de l'année 2012. L'immense majorité de ces recensions tressent des louanges au film, en se basant le plus souvent sur des critères artistiques et cinématographiques, mais aussi pour une bonne part en reproduisant les arguments du dossier de presse qui met en avant le travail de documentation journalistique qui aurait été effectué durant la phase d'écriture de Zero Dark Thirty. Ainsi, dans leurs différents billets dithyrambiques, Libération parle de « fiction très documentée », Les Inrockuptibles évoquent un « modèle de construction logique et de rigueur intellectuelle », (…)
Lalo VESPERA
« Je suis né dans les plaines où le vent soufflait libre et il n'y avait rien pour arrêter la lumière du soleil. Je suis né là où il n'y avait pas de clôtures. […] J'ai prié à la lumière et les ténèbres, Dieu et le soleil, laissez-moi vivre en paix avec ma famille. »
Go Khla Yeh, guerrier apache, dit GeronimoLe labyrinthe imaginaire de Mark Boal
Zero Dark Thirty s'ouvre avec un fond noir sur lequel s'inscrit un avertissement indiquant : « Ce film est basé sur des comptes rendus de faits réels ». Et, quelques deux heures trente plus tard, le long métrage réalisé par Kathryn Bigelow se conclut sur une séquence montrant l'héroïne que nous aurons suivie tout au long du film, une jeune femme, agent de la CIA, qui entrouvre un sac mortuaire et découvre le visage du cadavre que le commando des Navy Seals a rapporté après le raid opéré dans la nuit du 1er au 2 mai 2011 sur la villa d'Abbottabad au Pakistan. En arrière plan, un militaire est au téléphone, en communication avec un haut (…)
Lalo VESPERA
Le 4 octobre dernier s’est tenu devant la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris, le procès que l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz a intenté il y a deux ans déjà à deux journalistes de Radio France et de l’Express et un blogueur du Journal du Dimanche pour "injures publiques", à la suite des commentaires infamants qui ont été formulés à son sujet concernant la position qu’il avait exprimée publiquement à propos du 11-Septembre durant l’émission de débat de Frédéric Taddeï "Ce soir ou jamais", le 15 septembre 2009 [1]. Mathieu Kassovitz avait, à cette occasion, remis en cause les conclusions de l’enquête officielle sur les attentats de 2001. Et dès le lendemain, le réalisateur avait connu un lynchage médiatique d’une incroyable violence.
Le procès qui a offert une tribune inhabituelle au débat sur le 11-Septembre, a aussi obligé les opposants au réalisateur à se découvrir par rapport à l'instrumentalisation d'insultes déplacées, comme "révisionniste", ou d'insinuations autour du négationnisme. Cet événement nous offre donc l'occasion de mieux comprendre les méthodes des inquisiteurs installés au sein des médias grand public et usant d'une rhétorique de disqualification [2], ce procédé qui consiste à utiliser des éléments de langage d'une force symbolique disproportionnée et sans rapport avec le problème visé. Il apparaît que cette manoeuvre, une fois décryptée, a clairement pour objectif de réduire au silence la libre parole à propos du 11-Septembre et décourager à l'avance les sorties médiatiques d'autres personnalités sur le même sujet. Le jugement du procès doit être rendu le 15 novembre. Caillassage rhétorique
En septembre 2009 est diffusée sur France 2 la série documentaire "Apocalypse" qui retrace la (…)