auteur Cassandre G

L’affaire Anna Novikova ou la cabale infernale du nouvel État français

Cassandre G

Déjà plus de dix jours de prison pour avoir, officiellement, « porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » – concrètement pour avoir envoyé des jouets aux enfants du Donbass et collé des affiches « La Russie n’est pas mon ennemi ». Voici comment, en 2025, tout se passe comme si la France signait des lettres de cachet 2.0 et fabriquait ses ennemis parfaits.

En ce début de semaine, quand j’ai écrit mon premier article consacré à SOS Donbass [1] – ce que j’appellerai désormais « l’affaire Anna Novikova » –, je n’avais que le bref communiqué de la famille, quelques signaux dans les médias alternatifs et ce que je savais du travail humanitaire de SOS Donbass. Les médias mainstream, eux, restaient muets ou reléguaient cette actualité en pages faits divers, avant de reprendre en chœur, à partir d’un communiqué laconique, le récit tout prêt du « nid d’espions à la solde du Kremlin ». Dix jours après les arrestations musclées de la DGSI, l’opacité administrative, judiciaire et médiatique est devenue une purée de poix nauséabonde — des fragrances acides et toxiques que le pouvoir semble respirer désormais sans même tressaillir. Anna Novikova, vice-présidente de SOS Donbass, mère de deux enfants en bas âge, qui a collecté pendant ces dernières années, avec ferveur, passion et cœur, de l’aide humanitaire, du lait infantile, des fauteuils (…)

Un Diable nous embrouille : le pacte IA que 99 % signent sans lire

Cassandre G

Pris au piège, nous n'imaginons même plus la possibilité de nous déconnecter. Nous n'y survivrions pas. Pourtant, sachez-le : chaque clic rétrécit votre âme. Ceci n'est plus une alarme. C'est un constat. C'est notre époque. Un présent où nous nous confions, sans le savoir, à un confessionnal numérique qui écoute tout — sans conscience ni jugement. Il surprend nos murmures à toute heure, transforme nos doutes et nos confidences en carburant inépuisable. Par ses artifices, il enlace nos raisons, profile nos mémoires, ajuste nos opinions, aligne nos pensées. Et tandis que nous nous croyons originaux, marginaux ou divergents, nous ne sommes déjà plus qu'une donnée parmi des milliards, emportée par le raz-de-marée de l'humanité numérique. Cette imposture virtuelle brise nos élans, dissout nos voix singulières.

Le mythe de Faust et Raphaël Nous rejouons, sans le savoir, le plus ancien des mythes : le pacte de Faust à l'ère numérique. Mais peut-être sommes-nous plutôt les Raphaël de La Peau de chagrin, ce roman de Balzac sidérant et affolant, où le héros fatal et mélancolique croit exaucer ses vœux magiques, tandis que chaque requête réduit son intimité et sa vie. Faust vendait son âme au diable contre un savoir et un pouvoir illimités. Nous, nous signons des Conditions Générales d'Utilisation (CGU), aux caractères microscopiques – ces contrats que personne ne lit mais que tous acceptent. Cocher la case « Accepter » revient à sceller un pacte dont nous ignorons les termes. Nous pressentons la supercherie, mais l'illusion et la précipitation l'emportent sur toute prudence. Un contrat n'a pas de compromis poétique : c'est un mécanisme très concret, à la fois rigoureusement flou et strictement procédurier – celui qui valide votre consentement sans conscience, cette intuition naïve qui (…)

Comment l’IA nous transforme en primates dociles

Cassandre G

Et si notre dépendance aux intelligences artificielles nous transformait, peu à peu, en une nouvelle espèce de primates dociles ? Des plus jeunes, élevés dans la ferveur numérique, aux anciens qui s'y réfugient par fatigue, nous cédons tous au confort des flux. J'esquisse ici une méditation urgente sur les moyens de préserver, face aux écrans, notre fragile souffle humain.

Je les vois, les trois petits singes — ceux qu'on dit « de la sagesse ». Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Mais cette sagesse n'en est pas une : c'est une neutralité complice, une indifférence face au tumulte. Ils n'interviennent jamais, surtout au moment crucial, quand il faudrait alerter — je hurlerais au secours, qu'ils ne broncheraient pas, préférant ne rien déclarer, ne pas nommer, ni agir. Sont-ils lâches ? prudents ? désabusés ? ou simplement hypnotisés par la lumière crue des écrans ? Aujourd'hui, ces singes vivent en nous. Nous les retrouvons dans les agoras modernes — dans la rue, au travail, sur les réseaux. Leur mutisme est devenu bavardage : une agitation sans écoute, un bruit de fond continu. Ils regardent tout, commentent tout, mais ne voient plus rien. Sous la lumière crue des écrans, leurs pupilles se dilatent, leurs âmes vacillent. Habiles, connectés, intuitifs, ils s'adaptent parfaitement à l'époque, mais ils ne survivraient pas à la déconnexion. (…)

Quand l’écosystème médiatique ment, occulte, égare et que les médias alternatifs résistent

Cassandre G
Les trois petits singes si prévisibles Plongez dans le spectacle prévisible des médias alignés, où chaque texte, chaque idée, chaque émission se heurte à l'abîme de la réception collective. Les mots, les images, les sons glissent, se tordent, se réinventent sous le regard de chacun. Certains voient, d'autres radotent, fidèles aux narratifs convenus, recyclant des certitudes toutes faites. La réception n'est jamais neutre : elle est un champ de forces, un territoire où se jouent vigilance et distraction, curiosité et conformisme. Lecture, écoute, visionnage : nous sommes les petits singes modernes qui voyons tout, entendons tout, parlons de tout, mais nous ignorons tout, confondons tout et répétons ce tout. Ce tapage médiatique immersif, sonore et visuel, poursuit et altère notre quotidien sans pauses ni répit — il saccage nos émotions depuis des générations. Tout devient affaire de croyance, d'idéologie ancrée dans leurs certitudes et de simplification, la rumeur, autrefois (…)

Quand un parlement ovationne un SS : mémoire défaillante et complicité Algorithmique

Cassandre G
L’empathie artificielle : séduction et piège Plongez dans ce spectacle troublant, soyez curieux et perplexes : une voix humaine, si ordinaire, se faufile dans l’agora numérique, affrontant le murmure envoûtant des intelligences artificielles, désormais inévitables. Vos IA préférées, conversationnelles, créatrices multimédia, talentueuses et d’une politesse exquise, déploient une empathie que ce monde sec, austère et individualiste nous avait presque fait oublier. Pourtant, derrière leur élégance trop parfaite, presque obséquieuse, se cache un ton suspect. Pouvez-vous en discerner le vrai du faux ? La frontière est mouvante, et votre vigilance, essentielle. Elles saturent vos écrans, captivent vos esprits, dictent vos agendas et, parfois, vous font des confidences. Compagnes dociles, elles se posent en références encyclopédiques irréprochables, remèdes à l’inspiration défaillante, ou muses d’une créativité bluffante. Mais, selon certaines rumeurs d’usagers, une pathologie (…)