Ilyes BELLAGHA
Les académiques, les médias, les médecins, tous les corps constitués utilisent le jargon pour dominer. Comme les proxénètes avec leurs prostituées, ils créent une dépendance linguistique. Si vous ne comprenez pas leur langue, vous êtes dehors. C'est exactement ce qu'ils veulent.
INTRODUCTION
Les universitaires, les IA, les médias, les médecins, tous les corps confondus et fondus dans leur moule-récipient se protègent et s'identifient en utilisant un jargon. Ah, j'ai oublié les maqueraux quand ils parlent à leurs prostituées. Mais mêler les académiciens aux jules, c'est politiquement incorrect, bien que chacun prêche sous son clocher. Ces corps, même infectés et creux, tuent la citoyenneté.
I. LE PROXÉNÈTE ET SON LANGAGE
Le maquereau ne parle pas normalement à sa prostituée. Il utilise un langage crypté : « faire le tapin », « le pèze », « la zone », « le micheton ». Pourquoi ? Pas pour être compris. Pour créer une dépendance linguistique. Elle entre dans son monde, elle adopte son vocabulaire, elle pense avec ses mots. Elle est capturée.
C'est de la domination pure. Le langage n'est pas là pour communiquer. Il est là pour identifier qui est dedans et qui est dehors, qui maîtrise les codes et qui les subit.
II. LES ACADÉMICIENS FONT EXACTEMENT (…)
Ilyes BELLAGHA
Billet d’auteur Ils ont écrit : « Nous choisissons de ne pas publier votre texte. » Une phrase simple, mais saturée de sens. Elle dit tout : la peur du mélange, la fatigue des dogmes, le confort des certitudes. Je ne suis pas dogmatique. Je n’appartiens à aucune chapelle, ni à celle des croyants, ni à celle des sceptiques. J’écris pour comprendre, non pour rallier. La pensée n’a pas besoin d’un camp pour exister ; elle a besoin d’air. On peut refuser un texte, mais on ne peut pas refuser le droit de penser.
La critique n’est pas seulement un jugement ou une condamnation.
Elle est un art du discernement, une manière d’ouvrir les yeux sur ce qui se cache derrière les évidences.
En littérature, elle éclaire ; en art, elle interroge ; en philosophie, elle met à l’épreuve la pensée elle-même.
Mais dans le champ politique, la critique peut devenir un piège : dénoncer sans stratégie, c’est parfois renforcer l’adversaire.
Quand critiquer nourrit le libéralisme
Le libéralisme, on le sait, a l’art de muter.
Chaque fois qu’on le dénonce, il absorbe la critique, la recycle et s’en sert pour se renouveler.
À force de l’attaquer naïvement, on finit par lui offrir des armes.
Une partie de la gauche se laisse prendre à ce jeu : elle s’épuise dans des dénonciations qui nourrissent la machine au lieu de la briser.
Une droite rusée, une gauche naïve
Aujourd’hui, survivre dépend d’une gauche intelligente face à une droite rusée.
La droite maîtrise l’art de détourner, de manipuler les (…)
Ilyes BELLAGHA
Depuis que le libéralisme s’est libéré et que le socialisme ne parle plus du social, l’Occident, croyant avoir triomphé, se retrouve comme un légionnaire sans guerre. Pendant que les autres continents se réveillent, l’architecture et la culture pourraient redevenir les outils d’une humanité réconciliée avec la terre.
Depuis que le libéralisme s’est libéré et que le socialisme ne parle plus du social,
l’Occident, croyant avoir gagné le combat, s’est retrouvé comme un légionnaire sans guerre.
Désœuvré, il provoque pour exister – sa compagne, ses enfants, le monde entier.
La conquête ayant tout dévoré, il ne lui reste que le vide à défendre.
De l’autre côté, l’inverse s’est produit : la Chine, la Russie, jusqu’à l’Éthiopie et au Sénégal –
ils se réveillent comme des volcans.
Longtemps contenus, ils sentent à nouveau le sang circuler dans la terre,
la mémoire remonter du sol.
Le monde, lui, marche sur deux jambes, tandis que l’Occident boite sur la sienne,
prisonnier d’un progrès sans souffle.
Le tiers-monde, lui, croit encore à l’éternité de ceux qui soutiennent les tyrans.
Comme un élève qui voit faiblir le maître, il ne comprend pas que la leçon est finie.
Habitué, depuis la colonie, à dépendre d’un pouvoir lointain,
il ne se prend pas en charge : il change seulement de proxénète, (…)
Ilyes BELLAGHA
Des Malouines à la Palestine, du Golfe Persique au Burkina Faso, les noms sont plus que des mots. Ils sont des identités, des drapeaux, des mémoires. Nommer, c’est choisir un camp : coloniser, effacer ou libérer. La guerre des noms continue, invisible mais décisive.
Les guerres ne se mènent pas seulement avec des armes. Elles se mènent aussi avec des mots. Les noms des territoires, des pays, des régions ne sont pas neutres : ils sont des identités, des bannières, des mémoires. Dire Malouines ou Falklands, Golfe Persique ou Golfe Arabique, « territoires occupés » ou « Cisjordanie » : chaque choix lexical est un positionnement politique. Ce sont des blocs qui s’affrontent dans le langage, et chaque nom est déjà une déclaration de guerre ou de solidarité.
Qui se souvient encore de la guerre des Malouines, sinon les familles endeuillées des deux camps ? En 1982, la dictature argentine tenta de sauver sa légitimité par le nationalisme, et l’Empire britannique, déclinant, profita du conflit pour ressouder son prestige impérial. Mais au-delà des canons, la bataille se jouait déjà dans les journaux : Malouines pour les uns, Falklands pour les autres. Choisir un nom, c’était choisir un camp.
Après la révolution islamique, une controverse s’ouvrit : (…)
Ilyes BELLAGHA
Comme un virus qui mute pour survivre, le capitalisme X.0 s’attaque aux défenses vitales de nos sociétés : l’éducation, la culture, l’information. Face à cette maladie, il ne suffit pas de condamner des figures politiques, mais de reconstruire nos anticorps collectifs pour que le corps social retrouve sa santé.
La politique, quand elle se réduit à une simple gestion, perd son souffle et son horizon. Elle devient une comptabilité d’actions dispersées, chacune défendue par une spécialité jalouse de ses frontières. Mais gouverner, c’est d’abord penser la vie commune. Et la vie commune ne se fragmente pas : elle s’organise, elle respire, elle s’incarne dans un espace partagé.
L’aménagement n’est donc pas un dossier parmi d’autres : il est le cœur battant de la politique. Non pas un agrégat d’éléments juxtaposés, mais un corps. Or un corps ne se comprend pas par la somme de ses organes isolés : il est malade ou en bonne santé, cohérent ou disloqué.
Un corps peut être un village, une région, un pays. Comme tout organisme, il peut être sain ou attaqué. Les métastases de la pauvreté, les virus de la violence ou de l’exclusion peuvent frapper Saint-Étienne comme la Libye. Rien n’est isolé : ce qui touche un membre finit toujours par affaiblir l’ensemble.
La spécialisation devrait être un (…)