Elyes ben LAGHA
Entre héritage colonial et dépendances contemporaines, la relation entre la Tunisie et la France reste paradoxale. Un regard critique sur l’histoire, l’économie et la diplomatie.
Tunisie-France : un paradoxe historique et contemporain
« Rien de rien... » chantait Édith Piaf. Pourtant, ce « rien » ne rend pas justice à l’effort immense de nos pères après la colonisation. Dans un pays marqué par la pauvreté, des infrastructures insuffisantes et des contraintes sociales, ils ont posé les bases d’un État moderne : écoles, routes, institutions... construits malgré des conditions difficiles.
Le lien entre la Tunisie et la France reste profondément paradoxal. Officiellement indépendants depuis 1956, nous avons vécu une « indépendance encadrée ». Même affaiblie après la Seconde Guerre mondiale, la France a conservé une influence forte sur ses anciennes colonies, à travers des liens économiques, culturels et militaires. La souveraineté politique n’a jamais été totale ; elle coexiste avec une dépendance implicite.
Ce paradoxe se poursuit aujourd’hui. Certains dirigeants ou acteurs sociaux entretiennent l’illusion d’une grandeur personnelle à travers ce lien, (…)
Mounir KILANI
La flottille Al Soumoud, une initiative civile internationale visant à briser le blocus de Gaza, a connu une escale marquante en Tunisie. Dans les ports de Sidi Bou Saïd et de Bizerte, l’enthousiasme et l’adhésion de la population ont dépassé toutes les attentes.
L’accueil réservé à ces navires n’a pas seulement rassemblé les militants aguerris, les associations et les activistes engagés, mais aussi une foule bien plus large et inattendue : jeunes et étudiants, femmes voilées ou non, retraités, fonctionnaires, commerçants et même des sans-emploi. Autant de visages reflétant une Tunisie plurielle, souvent éloignée des cercles politiques, mais qui, pour cette occasion, a choisi d’investir pleinement l’espace public. Les rues et les quais se sont transformés en lieux de fête et de revendication. Les chants, les slogans et les drapeaux brandis jusque tard dans la nuit ont témoigné d’une ferveur rare, rappelant les grandes mobilisations populaires. Par moments, l’émotion se faisait presque palpable : certains Tunisiens, saisis par l’élan collectif, se sont avancés instinctivement dans l’eau jusqu’à la taille, comme pour dire qu’ils voulaient rejoindre symboliquement l’équipage. Leurs âmes, semblaient-ils dire, voguaient avec la flottille, mais (…)
Ilyes BELLAGHA
Les aides européennes et les prêts du FMI imposent un paradigme néolibéral qui standardise l’aménagement du territoire africain au détriment de la souveraineté et des besoins locaux. L’exemple du port en eau profonde d’Enfidha, Tunisie, illustre la nécessité d’une mobilisation citoyenne pour défendre un développement adapté aux populations.
Chapo / Introduction
Les aides européennes, les prêts du FMI et de la Banque mondiale façonnent l’aménagement du territoire africain selon des modèles prédéfinis, souvent au détriment de la souveraineté des États et de la prise en compte des besoins locaux. Ces interventions ne sont pas neutres : elles imposent un paradigme économique et territorial qui standardise les politiques et marginalise les alternatives.
Le paradigme et son rôle dans l’aménagement du territoire africain
Un paradigme est un modèle de référence, un cadre conceptuel qui guide la perception, l’analyse et l’action dans un domaine donné. Selon Thomas Kuhn, il détermine ce qui est considéré comme valide, pertinent et rationnel, fixant ainsi les limites de ce qui peut être pensé ou expérimenté. Du point de vue philosophique, le paradigme incarne une vision du monde, un ensemble implicite de valeurs et de priorités qui conditionne les décisions et les pratiques.
Dans le contexte de l’aménagement du territoire (…)
Omar CHAALAL
Chez les Anglais la bonne morale de Churchill est toujours valable "Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre." Chez nous la morale est autrement dite "Taht Echebbak Teghmezli". Elle signifie "sous la fenêtre elle me fait des clins d’œil". C’est le refrain d’une chanson des années 70 chantée par Echab Amar Souïadani. Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy." Total image Sonatrach... et Pierrot image Amar Saidani le traître. Le parti de De Gaulle est détruit. La suite des images de destruction du FLN est dans l’imagination. Que Dieu protège mon pays !
Un Mercredi de l'annee 2016, je me suis trouvé involontairement devant l’écran d’une télévision corrompue. Un discours vulgaire a attiré mon attention. Après être resté un moment immobile, j’ai repris mon souffle et j’ai pris ma plume pour décrire la scène politique sous la coupole du FLN. Mehri est parti à jamais. Reposez-vous bien. La honte politique nous donne des leçons. Au cirque des amateurs politiques, Amar excelle dans l’absurde.
Que je vous raconte ce qui a devancé. Je suis allé rendre visite à un collègue professeur d’université. Nous nous connaissons depuis presque une dizaine d’années. Il est originaire d’Ahfir au Maroc et se prénomme Mohamed. Je voulais écouter une chanson marocaine comme d’habitude. Je me suis assis sur une pouffe marocaine. Sa femme, Farida, est Algérienne. Elle était absente cette journée. Il se hâte pour me préparer un thé. De sa cuisine, j’entends une musique de zourna tunisienne. Je lui demande pourquoi il écoute la zourna. Il sourit et dit : (…)
Salah HORCHANI
Le pays, par la cherté de la vie et par les tensions sociales, est miné
Par les pénuries, le chômage et un bien-être qui ne fait que vaciller
Alors qu’il a promis, un nouvel État prospère, installer
Un « nouvel État social », et cela depuis plusieurs années [1]
Où « chaque recoin de cette chère patrie sera illuminé
Par les lumières de la justice, de la nationale dignité
Et de la liberté ». Il a promis « une nouvelle Histoire édifiée
Par le peuple », « le peuple » étant lui-même, comme à l’accoutumée
Car, dit-il, « nous disposons de toutes les possibilités
Sur les ressources humaines et naturelles du pays, fondées
De même, de tous les moyens, car ces ressources sont élevées
Et, il est possible de surmonter toutes les difficultés »
« Réduisant le chemin à parcourir dans l’Histoire, et il le faudrait »
C'est, comme qui dirait, un impact de l’einsteinienne relativité [2]
Alors que le pays, avec lui, n’a jamais été si endetté
Et sa note souveraine a notablement (…)