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Israël hôte de déshonneur. Manifestation internationaliste samedi 10 mai à Turin

La Foire du livre de Turin et la bonne vieille Europe.

la Culture a toujours été la culture des Patrons. Le débat sur la Foire du livre peut mettre en évidence comment la gauche autrefois la plus sensible d’Europe envers la cause palestinienne, est devenue la gauche pro-israélienne la plus cynique

Chère amie,

notre problème ici, en tant qu’israéliens contre l’occupation, est un problème concret avec nos voisins concrets, ceux qui rentrent chez eux après avoir fait leur service aux check-points et avoir traité des êtres humains comme des animaux : ils deviennent fascistes à travers leur pratique -à savoir leur service militaire- et ensuite seulement fascistes idéologiquement. Ceci ne préoccupe pas la gauche pro-israélienne en Italie. Tu penses toi que la gauche italienne n’aurait pas traité un boycott de l’Afrique du Sud de la façon dont elle traite toute proposition de boycott d’Israël. Mais la chose est plus simple : pense à la gauche italienne pendant la première guerre du Liban et compare-la avec sa position actuelle. Ce n’est pas l’occupation qui a changé de nature. C’est l’Europe occidentale qui a changé, qui est revenue à sa vieille façon de regarder les non européens avec haine et mépris. Dans l’imaginaire de la gauche italienne, les Palestiniens ont perdu le « statut » symbolique dont ils jouissaient auparavant (le keffieh autour du cou de dizaines de milliers de jeunes italiens par exemple) et sont passés dans l’hinterland de l’Europe : là où les américains peuvent faire ce qu’ils veulent, et l"avide Europe, comme toujours, se range du côté des plus forts. Les Palestiniens ne sont une fois de plus que des Arabes sanguinolents, et le sang arabe - exactement comme avant le sang juif- vaut peu de chose. On pourrait résumer le cynisme de la scène italienne actuelle en citant Giorgio Napolitano quand il fait référence à une vieille discussion qu’il eut à Turin en 1982 avec Giuliano Ferrara, qui était, à l’époque, communiste. Réfléchissant à la position du PCI sur le massacre de Sabra et Chatyla, Napolitano, qui allait ensuite devenir Président, a dit : « En ce qui concerne une certaine personne (Ferrara), je me souviens seulement qu’il se faisait le promoteur d’une cause (la cause palestinienne en 1982) qui avait une popularité dans le Parti mais qui ne nous rapprochait en rien de la prise du pouvoir ». Machiavel aurait pu retrouver aussi bien Ferrara que le Président italien autour d’un verre, sur les fleuves du sang palestinien.

Mais le changement de position de la gauche italienne n’a pas grand chose à voir avec la propagande israélienne, même si la Foire du livre de Turin entre elle aussi dans la propagande israélienne. Concentrons nous pour le moment sur cette foire, à titre d’exemple. Nous avons là affaire à la Culture, qui est toujours la « coexistence » des affaires (des maisons d’ édition par exemple) avec le racisme implicite des « amants de la culture », culture qui est toujours purement occidentale (chrétienne ou « séculière »). Les Israéliens dans ce contexte sont les « héritiers de la bonne vieille Europe », tandis que les arabes, bien entendu, ne sont pas admis dans cette culture. En bref, la xénophobie italienne a aussi un visage humain : la Foire du livre de Turin. Notre état, qui depuis 41 ans ( 60 , NdT) prive une nation toute entière d’un quelconque droit à part celui d’émigrer, est célébré par la Culture. Bon, c’est ça l’Europe -après tout, la même Europe que celle que nos parents et nous avons connue : la Culture a toujours été la culture des Patrons. Le débat sur la Foire du livre peut mettre en évidence comment la gauche autrefois la plus sensible d’Europe envers la cause palestinienne, est devenue la gauche pro-israélienne la plus cynique. Elle a perdu son horizon politique, et dans ce vide idéologique, ce qui s’est réellement révélé, c’est le retour du Colonial. Voilà le contexte historique dans lequel on doit lire l’extinction de la nation palestinienne, célébrée à travers le 60ème anniversaire d’Israël. L’Europe est en train de s’étendre jusqu’à inclure Israël, en tant qu’ « île de démocratie », de « droits de l’homme ».

Nous ne devons pas oublier que la gauche italienne n’a jamais opéré un processus post-colonial. Elle a accompli le chemin de la rhétorique anti-colonialiste des années 70 jusqu’à l’ « anxiété » coloniale pour « nos frères juifs là bas dans la jungle, au milieu des sauvages ». Maman, les turcs !

Chère amie, nous ne pouvons pas attendre les européens, malgré quelques rares courageux. Regarde, nos soldats sont rentrés chez eux et le sang de leurs bottes tâche le salon. Ils apprennent rapidement à ignorer les larmes des mères. Avant même d’avoir 20 ans ils sont déjà cruels comme des chasseurs de crânes. C’est vrai : je devais écrire ce texte pour il manifesto, mais je me suis adressé à toi parce que je n’arrive plus à m’adresser aux Européens directement, pour leur demander de penser aux Palestiniens enfermés comme des animaux dans leurs ghettos, exposés au vent et à la pluie.
Et les années passent.

Traduction italienne de Maria Impallomeni

Edition de vendredi 9 mai 2008 de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/09-Maggio-2008/art55.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Cet article n’est pas paru dans les rubriques Cultura, ou Internazionale, ni dans les(nombreuses) pages spéciales consacrées depuis plusieurs jours dans il manifesto à la Foire du livre où des auteurs israéliens (participant à cette Foire) ont pu largement s’exprimer (mais pas les partisans du boycott) ; il est publié dans le Courrier des lecteurs…

Cette lettre vient peut-être comme (seule) preuve de ce que le directeur Polo appelle des « opinions diverses à l’intérieur du journal, qui (ce journal) s’est prononcé contre le boycott. Et (par cet éditorial de son directeur, Ndt) réaffirme aujourd’hui cette position parce qu’il a encore la prétention de penser que la culture puisse être un lieu de rencontre et de confrontation, même avec ceux qui le refusent. Pour que ne prévalent pas les « pratiques de guerre ».

Le lecteur désireux d’en savoir plus sur cette pratique de paix (éditoriale) se reportera directement à  :
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/08-Maggio-2008/art3.html .

Aucune publicité n’a par contre été faite par « le journal » à la Semaine Free Palestina, accueillant des auteurs palestiniens, arabes, israéliens et italiens, à Turin, pour le boycott de la Foire du livre.

Voir : http://www.forumpalestina.org/index2.asp , ainsi que http://www.forumpalestina.org/ et http://www.infoaut.org/news.php?id=1486## , pour l’annonce de la manifestation internationaliste, soutien au peuple palestinien, samedi 10 mai à Turin.

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