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Sous le soleil exactement

Pour ce qui est des relations sexuelles en général et de la jouissance en particulier, l’ignorance continue de régner, malgré les avancées de la science et la diffusion la plus large des connaissances via l’éducation et le boum des moyens de communication.

Ainsi, beaucoup en sont encore à penser que la femme n’atteindrait la jouissance qu’à se faire pénétrer dans la quasi-douleur d’un engin hors-norme et, les hommes, qu’à ressentir l’explosion, tout aussi aux limites de la douleur, d’une éjaculation d’au minimum 10cc. (1)

En somme et en dehors de toute considération purement analytique, la majorité continue de s’en référer à une norme -laquelle, en matière de sexualité, reste une vue de l’esprit : construction culturelle, objet de pure statistique d’où se trouve écarté le désir.

La prothèse scientifique vient se substituer à l’orthèse religieuse et morale avec, pour résultat, la multiplication exponentielle (souvent dangereuse) des interventions chirurgicales à répétition -qu’elles soient péniennes ou vaginales- des ventes de produits chimiques soi-disant aphrodisiaques, de la diffusion en masse d’artefacts multiples supposés aider les couples et les individus dans cette recherche effrénée du pénis hors-norme, de l’érection sur commande, de la jouissance absolue, de l’éjaculation comme summum de l’extase copulatoire.

Il est, par ailleurs, intéressant de noter combien, pour les deux sexes, la référence reste masculine et phallique. J’ai eu l’occasion, dernièrement, de visionner un film pornographique qui se voulait féministe et érotique. Le résultat, me semble-t-il, reste bien loin des objectifs recherchés. On y découvre (par des voies détournées, mais quand même) des corps marchandise, objets d’échange et, ce qui est pire eu égard aux objectifs de départ, d’un côté ce fantasme d’une jouissance absolue comme possible et de l’autre, des fantasmes, par ailleurs, masculins, de « prise » et de culte à la toute-puissance du phallus.

Ainsi donc, difficile de faire l’impasse sur l’inconscient. Tout aussi difficile, sans doute de ce fait même et comme l’aurait pu dire Lacan « Les mots, ça ne se dit pas, ça ne se conjoint pas au hasard » (2), de faire l’impasse sur l’éducation ou, plutôt, le manque d’éducation en la matière. Il n’y a rien à savoir sur le sexe, si ce n’est que nous ne voulons rien savoir sur cela même qu’il n’y a pas de Savoir rattaché au sexe… Encore moins aux rapports sexuels.

Cela fait des dizaines de milliers d’années que l’Homo Sapiens cherche à se dépatouiller de cette histoire pesante, parfois encombrante, qui se tient nichée, à en croire le sens de la vision, entre ces deux membres qu’un jour il décida d’ériger, debout, pour ne plus jamais fléchir. Serait-ce de là que surgit cette identification inconsciente du corps ou phallus ? qu’il nous suffise de penser à ces femmes qui en font, du corps, (au travers de la chirurgie et/ou de la séduction) un véritable objet de pouvoir ; à ces autres qui, poussant leur landau, se tiennent droites comme des I et le bassin en avant, comme en érection, prêtes à la pénétration ; à ces hommes qui font de leur corps un fétiche « priapique » ou à ces autres dont les barrettes de chocolat et tous les muscles se tendent dans des gymnases à la souffrance presqu’éjaculatoire… Serait-ce une des raisons pour lesquelles la perte de mobilité, l’amputation ou l’atrophie d’un membre laissent tout un chacun si « étrangement interdit » ?

En Asie et en Chine, plus particulièrement, le Taoïsme (3), enseigne comment le contrôle de ses pulsions et la maîtrise du corps sont gage de bonheur et de longévité. Ainsi peut-on lire dans le Tao-te-King, les histoires, nombreuses, de ces hommes plusieurs fois centenaires du seul fait d’une éjaculation contrôlée, retardée, mieux : retenue.

En dehors des aberrations aux yeux d’un esprit occidental, il est intéressant de souligner le rapport étroit qui s’y dessine entre muscle et organe sexuel, entre contrôle et sexualité épanouie. Une obsession du contrôle musculaire (surtout du bas du tronc et des membres inférieurs) que l’on retrouvera, en son versant sadique, dans le culte des petits pieds, véritable fétichisme (4) qui obligeait de « bander » lesdits petons de fillettes, dès le plus jeune âge, jusqu’à mutilation parfois totale (5). Non, décidément, « Les mots, ça ne se dit pas, ça ne se conjoint pas au hasard. »

Et puis, pour le reste, si d’aventure, le propos vous semblait trop « noir », vous avez toujours le loisir de plonger dans les prêts-à -jouir passés, actuels ou à venir (6) : seul, à deux, à plusieurs ou en bande…

Je vous laisse, on m’attend. On s’attèle à ce qu’on peut, même si jamais n’importe comment, n’est-ce pas ? Les voies du déni de la castration semblent impénétrables…(7)


1 Une récente étude aurait montré combien les photographies d’hommes en pleine jouissance (éjaculation) sont confondues par celui qui les regarde avec des expressions de douleur ; sujet -plaisir/douleur- que l’on retrouve dans l’art sous toutes ses formes, la philosophie et jusque dans les religions monothéistes.
2 Jacques Lacan, in Séminaire sur La logique du fantasme, séance du 8 mars 1967
3 Téléchargez le Tao-te-King au format pdf http://classiques.uqac.ca/classiques/duyvendak_jjl/B26_tao_to_king_livre_voie_vertu/duyv_tao.pdf
4 On sait, depuis Freud, la relation de proximité entre pieds et fétichisme, entre mauvaises odeurs et fétichisme… Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard
5 Fétichisme du pied en Chine, en Italie, au Japon, etc. http://www3.sympatico.ca/blackpearl/pieds.html
6 La brièveté de cet article empêche d’aborder, notamment, la question de l’excision, de même que celle de la jouissance mystique. Pour cette dernière, observez comment le visage de Saint-Sébastien semble proche de l’extase, le corps transpercé de flèches ou les tournures de phrase de Sainte Thérèse d’Avila lorsqu’elle parle des effets de ce « dard » divin la « transperçant » (ce fameux rapport douleur-jouissance de la petite mort)…
7 http://www.psyblogs.net/psychologie/clinique.php?post/Le-Deni

José Camarena - Psychanalyste
références blog : http://samesoule.wordpress.com/2011/04/20/sous-le-soleil-exactement/Tous les articles ici publiés peuvent en partie ou en totalité être repris et partagés pour autant qu’un lien renvoie vers l’original et que la source soit explicitement présente dans le média de reprise ou de partage

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