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Thème : Eduardo Galeano

Galeano, les écrivains et nous qui ne sommes personne (Rebelion)

Camilo de los Milagros
Elles rêvent, les puces, de s’acheter un chien et ils rêvent, les écrivains, de faire disparaître Galeano. Eux, les bons écrivains, les écrivains pour de vrai, les grands, les impérissables, immortels, infinis, et autres trucs du même tonneau commençant par « in », mais que je laisse dans l’encrier. Ces écrivains qui ne sont pas lus, mais qui sont vendus (et même ainsi ils ne sont pas lus). Ces écrivains que la voisine ne nous recommande pas, mais leur éditeur, oui ; ces écrivains qui ne gagnent pas les cœurs, mais les prix littéraires ; ces écrivains à lunettes à monture d’acier, aux airs de gens bien élevés et aux opinions pusillanimes, qui savourent des vins étrangers en dégustant des citations incohérentes. Ils sont instruits, bien propres sur eux, présomptueux. Ces écrivains, ces vrais écrivains, haïssent Galeano, écrivain de vérités tranchantes comme des rasoirs. Ils le méprisent ; « c’est un auteur mineur », qu’ils disent, un échotier, un chroniqueur d’histoires d’alcoolos, un enfonceur de portes (...) Lire la suite »

Eduardo Galeano : ballon, crampons et révolution.

Ahouansou SÉYIVÉ

C’est avec brio qu’il maniait la syntaxe, se jouait des figures de styles et jonglait avec les mots, à l’image de ces artistes qu’il adulait et qui, eux, tripotaient le ballon rond.
Il avouait avec humour et sincérité :« Comme tous les Uruguayens, j’ai voulu être footballeur. Je jouais très bien, j’étais une vraie merveille, mais seulement la nuit, quand je dormais : pendant la journée, j’étais la pire jambe de bois qu’on ait vu sur les terrains de mon pays. ». (1)

Son approche de l'agilité sémantique n'était cependant pas d'essence ludique. Contrairement au football auquel il vouait une admiration proche de la dévotion, autrement plus sérieux et dramatiques étaient les enjeux du match auquel il participait, et qui avait fini par les définir, lui et son œuvre. Il s'était fait défenseur des peuples sud-américains, attaquant d'une formation portant le maillot d'une histoire écrite et lue du point de vue des perdants. Victimes silencieuses des génocides résultant de la Conquista, bouches muselées par une traite négrière ayant optimisé la mise en valeur de terres et d'un continent volé à ses légitimes occupants, paysanneries et prolétariat écrasés par l'impérialisme et son inhumaine division capitaliste du travail, ils avaient trouvé une plume, et non des moindres, pour les décrire, pour les écrire. Un buteur martyrisant le goal adverse... Sorti à la 74ème année du match de sa vie, le 13 avril 2015, Eduardo Galeano n'aura pas assisté, loin s'en faut, à la victoire de (...) Lire la suite »

Les mots d’Eduardo Galeano marchent dans les rues d’un continent (Counterpunch)

Benjamin DANGL

« Elle est à l'horizon .. »

Le monde a perdu un de ses grands écrivains hier. L’auteur uruguayen Eduardo Galeano est mort à 74 ans à Montevideo. Il a laissé une œuvre magique derrière lui, et son influence s’étend sur tout son continent.

Pendant la crise économique argentine de 2001-2002, les paroles de Galeano ont circulé dans les rues de leur propre chef, accompagnant chaque manifestation, chaque meeting. Les usines ont été occupées par les travailleurs, des assemblées de quartier se sont mises en place, et, pendant un moment, les paroles et les actes révolutionnaire ont remplacé un système néolibéral pourri. La vision complètement opposée que Galeano offrait du monde a propulsé de nouveaux rêves dans l'atmosphère saturée de gaz lacrymogène. Dans les rues de La Paz, en Bolivie, des copies piratées du best seller de Galeano : Les Veines ouvertes de l'Amérique latine* sont encore vendues partout. Là aussi, l'alchimie historique de Galeano, ajoutée à la flamme des nombreux mouvements et soulèvements où les mineurs des veines ouvertes du pays ont jeté de la dynamite sur les politiciens de droite, et au souvenir des 500 ans de colonisation, continue de vivre. Tout en haut des routes de montagne sinueuses du Chiapas, après avoir passé les (...) Lire la suite »